En 2009 AGATHE MAX avait réalisé un petit exploit en publiant son premier véritable album,
le très beau This Silver String, sur
le très prestigieux et sobrement arty label Table Of The Elements. This Silver String reste un disque qui
propose une vision radicale, fulgurante et d’apparence instinctive de la
pratique instrumentale du violon solo, pour faire simple il s’agissait de la
transcription studio de l’épidermisme ardent défendu par Agathe Max lors de ses
concerts toujours très impressionnants : empilements de boucles, reverb, delay,
saturation, grésillements… l’émotion submergeait l’auditeur, raz de marée
intrusif, déflagrations d’adrénaline et, en même temps, l’impression de se
sentir capturé puis émerveillé par une telle force voire une telle violence et une
puissance d’évocation génératrices de tant de beauté.
La beauté est toujours et plus que jamais au cœur
de la musique d’Agathe Max qui pour son deuxième album intitulé Dangerous Days a choisi d’employer d’autres
moyens et donc d’explorer d’autres voies. Déjà l’instrumentation change
puisqu’au violon alto s’ajoute désormais de l’orgue, de la batterie/percussions
sur deux titres et un piano qui désormais sert également de fil conducteur à
une musique d’apparence adoucie, plus que jamais axée sur des mélodies
envoutantes et dont toutes traces sismiques ont presque été éliminées –
quelques exceptions comme sur l’introductif The
Bird ou, de façon plus détournée, les contrepoints du violon opposé aux
parties de piano sur Sonatine Satinée
(au passage un hommage réussi à la musique d’Erik Satie). Rappelons qu’Agathe
Max est une violoniste chevronnée, qu’elle a eu une éducation classique de la
musique avec plus de dix années d’apprentissage et Dangerous Days apparait comme l’acceptation de cet apprentissage
confronté au désir de liberté d’une musicienne qui a une époque a tout fait ou
presque pour découvrir d’autres pratiques et d’autres horizons.
Plutôt que de nous imposer une vision
musicale trop centrée, Dangerous Days
est donc un album qui nous prend par la main, pas forcément en douceur et en
tous les cas sans complaisance ni facilité ou démagogie, un disque qui préfère
nous accompagner posément, qui prend son temps et dont les effets moins
immédiats – et encore ! – sont par contre magiquement durables. Tundra et son délicat travail de boucles
enchevêtrées comme Desert Metamorphosis,
composition centrale du disque avec ses dix minutes de sensualité glacée tout
en clair-obscurs captivants, sont les deux pièces maitresses de Dangerous Days : on y retrouve
toute la vision renouvelée d’Agathe Max, son regard « musical »
exigent et, finalement, généreux et ensorcelant. Un disque aussi lumineux que
bienfaisant.
[Dangerous
Days est publié en vinyle et en CD par Inglorious records, un tout
nouveau label basé à Lyon mais également un studio d’enregistrement dont lequel
toute la magie de ce disque a précisément été capturée]