vendredi 22 mars 2013

Agathe Max / Dangerous Days




En 2009 AGATHE MAX avait réalisé un petit exploit en publiant son premier véritable album, le très beau This Silver String, sur le très prestigieux et sobrement arty label Table Of The Elements. This Silver String reste un disque qui propose une vision radicale, fulgurante et d’apparence instinctive de la pratique instrumentale du violon solo, pour faire simple il s’agissait de la transcription studio de l’épidermisme ardent défendu par Agathe Max lors de ses concerts toujours très impressionnants : empilements de boucles, reverb, delay, saturation, grésillements… l’émotion submergeait l’auditeur, raz de marée intrusif, déflagrations d’adrénaline et, en même temps, l’impression de se sentir capturé puis émerveillé par une telle force voire une telle violence et une puissance d’évocation génératrices de tant de beauté.
La beauté est toujours et plus que jamais au cœur de la musique d’Agathe Max qui pour son deuxième album intitulé Dangerous Days a choisi d’employer d’autres moyens et donc d’explorer d’autres voies. Déjà l’instrumentation change puisqu’au violon alto s’ajoute désormais de l’orgue, de la batterie/percussions sur deux titres et un piano qui désormais sert également de fil conducteur à une musique d’apparence adoucie, plus que jamais axée sur des mélodies envoutantes et dont toutes traces sismiques ont presque été éliminées – quelques exceptions comme sur l’introductif The Bird ou, de façon plus détournée, les contrepoints du violon opposé aux parties de piano sur Sonatine Satinée (au passage un hommage réussi à la musique d’Erik Satie). Rappelons qu’Agathe Max est une violoniste chevronnée, qu’elle a eu une éducation classique de la musique avec plus de dix années d’apprentissage et Dangerous Days apparait comme l’acceptation de cet apprentissage confronté au désir de liberté d’une musicienne qui a une époque a tout fait ou presque pour découvrir d’autres pratiques et d’autres horizons.
Plutôt que de nous imposer une vision musicale trop centrée, Dangerous Days est donc un album qui nous prend par la main, pas forcément en douceur et en tous les cas sans complaisance ni facilité ou démagogie, un disque qui préfère nous accompagner posément, qui prend son temps et dont les effets moins immédiats – et encore ! – sont par contre magiquement durables. Tundra et son délicat travail de boucles enchevêtrées comme Desert Metamorphosis, composition centrale du disque avec ses dix minutes de sensualité glacée tout en clair-obscurs captivants, sont les deux pièces maitresses de Dangerous Days : on y retrouve toute la vision renouvelée d’Agathe Max, son regard « musical » exigent et, finalement, généreux et ensorcelant. Un disque aussi lumineux que bienfaisant.

[Dangerous Days est publié en vinyle et en CD par Inglorious records, un tout nouveau label basé à Lyon mais également un studio d’enregistrement dont lequel toute la magie de ce disque a précisément été capturée]