jeudi 21 mars 2013

Art Of Burning Water / This Disgrace




This Disgrace est déjà le quatrième album de ART OF BURNING WATER est il serait donc bien temps que l’on s’occupe enfin ici du cas de ce trio londonien dont les tout premiers signes d’activité remontent au début des années 2000 (un split avec American Heritage en 2003). Art Of Burning Water possède exactement tous les ingrédients et arguments qu’il faut pour convaincre les ronchons blasés et fatigués des poussées métallurgistes/hardcore-noise issues de groupes tels que Deadguy et, plus particulièrement, This Disgrace est un monument de violence et d’obscurité. Sans doute le meilleur enregistrement à ce jour d’Art Of Burning Water qui pour ce faire a subtilement – « subtilement », si si, j’insiste – mis les petits plats dans les grands.
L’écoute du disque révèle immédiatement un son énorme, dantesque, terrifiant (tout ce que l’on voudra du moment que cela traduit l’idée de chaos tellurique et d’oppression pachydermique) mais, et c’est vraiment très important, ce son méga surpuissant de la mort qui tue tout le monde ou presque ne tombe pas pour autant dans les travers testostéronés de la plupart des productions/enregistrements estampillés Kurt Ballou et consort. Vous allez finir par croire que je lui en veux personnellement à Kurt mais non, je ne lui en veux pas particulièrement, si ce n’est que son travail de producteur a enfermé trop de bons groupes dans un cadre trop précis, trop formaté, trop lisse, trop prévisible et, finalement, trop acceptable. Des oreilles propres au service d’une musique prétendument sale.
Ça tombe bien, This Disgrace a été enregistré par un certain Wayne Pennel et avec ce disque Art Of Burning Water trouve le bon équilibre entre d’un côté efficacité et puissance et de l’autre crasse et noirceur. Et si le hardcore noise du trio a le bon goût de ne pas s’embarrasser de la production high-tech qui le fait bien, le groupe n’en rajoute pas non plus des kilotonnes du côté de la boue grésillante et de la marmite aux sorcières qui font peur ; autrement dit avec This Disgrace on n’entend ni un énième artefact ripoliné de violence en tubes ni un ersatz pure evil de pacotille maléfique mais finalement inoffensive. The Art Of Burning Water réunit pourtant toute les conditions pour faire (le) mal mais voilà bien un groupe dont les épanchements alambiqués, torturés et bruyants sauce hardcore lourd et vicieux imposent ce sentiment de respect attentionné et motivé par un mélange crédible de passion dévorante et de simple honnêteté.
Et en parlant de dévorer, on ne saurait trop insister sur ces riffs complètement dingues et ces rythmiques assassines qui émaillent This Disgrace, un niveau de composition tout simplement carnivore de la part d’Art Of Burning Water qui s’est donc littéralement surpassé sur ce coup là, aussi bien dans son élément lorsqu’il s’agit de tout terrasser dans la lenteur que lorsqu’il s’agit de tout incendier et de tout exploser, radicalement (sans oublier aussi l’utilisation de nombreux samples et des interludes indus/bruitistes du meilleur effet). On vous aura prévenus.

[This Disgrace est publié en vinyle uniquement par Riot Season, SuperFi records et Swarm Of Nails]