This Disgrace
est déjà le quatrième album de ART OF BURNING WATER est il serait donc bien temps que l’on s’occupe enfin ici du
cas de ce trio londonien dont les tout premiers signes d’activité remontent au début des années 2000 (un split avec American Heritage en 2003). Art Of
Burning Water possède exactement tous les ingrédients et arguments qu’il faut
pour convaincre les ronchons blasés et fatigués des poussées
métallurgistes/hardcore-noise issues de groupes tels que Deadguy et, plus
particulièrement, This Disgrace est
un monument de violence et d’obscurité. Sans doute le meilleur enregistrement à
ce jour d’Art Of Burning Water qui pour ce faire a subtilement –
« subtilement », si si, j’insiste – mis les petits plats dans les
grands.
L’écoute du disque révèle immédiatement un son
énorme, dantesque, terrifiant (tout ce que l’on voudra du moment que cela
traduit l’idée de chaos tellurique et d’oppression pachydermique) mais, et
c’est vraiment très important, ce son méga surpuissant de la mort qui tue tout
le monde ou presque ne tombe pas pour autant dans les travers testostéronés de
la plupart des productions/enregistrements estampillés Kurt Ballou et consort.
Vous allez finir par croire que je lui en veux personnellement à Kurt mais non,
je ne lui en veux pas particulièrement, si ce n’est que son travail de
producteur a enfermé trop de bons groupes dans un cadre trop précis, trop
formaté, trop lisse, trop prévisible et, finalement, trop acceptable. Des
oreilles propres au service d’une musique prétendument sale.
Ça tombe bien, This
Disgrace a été enregistré par un certain Wayne Pennel et avec ce disque Art
Of Burning Water trouve le bon équilibre entre d’un côté efficacité et
puissance et de l’autre crasse et noirceur. Et si le hardcore noise du trio a
le bon goût de ne pas s’embarrasser de la production high-tech qui le fait
bien, le groupe n’en rajoute pas non plus des kilotonnes du côté de la boue grésillante
et de la marmite aux sorcières qui font peur ; autrement dit avec This Disgrace on n’entend ni un énième
artefact ripoliné de violence en tubes ni un ersatz pure evil de pacotille maléfique
mais finalement inoffensive. The Art Of Burning Water réunit pourtant toute les
conditions pour faire (le) mal mais voilà bien un groupe dont les épanchements
alambiqués, torturés et bruyants sauce hardcore lourd et vicieux imposent ce
sentiment de respect attentionné et motivé par un mélange crédible de passion
dévorante et de simple honnêteté.
Et en parlant de dévorer, on ne saurait trop
insister sur ces riffs complètement dingues et ces rythmiques assassines qui
émaillent This Disgrace, un niveau de
composition tout simplement carnivore de la part d’Art Of Burning Water qui
s’est donc littéralement surpassé sur ce coup là, aussi bien dans son élément
lorsqu’il s’agit de tout terrasser dans la lenteur que lorsqu’il s’agit de tout
incendier et de tout exploser, radicalement (sans oublier aussi l’utilisation
de nombreux samples et des interludes indus/bruitistes du meilleur effet). On
vous aura prévenus.