lundi 11 mars 2013

The Healthy Boy & The Badass Motherfuckers / Carne Farce Camisole




Carne Farce Camisole… en fait, on éprouve quelques difficultés à dévoiler ce qu’au départ nous inspirait très exactement le titre énigmatique de ce disque – comme un gaz nocif, du CFC, envahissant la vie pour mieux l’étouffer et la détruire – mais, désormais, une chose est sûre et certaine : ce premier véritable album* de THE HEALTHY BOY & THE BADASS MOTHERFUCKERS est au contraire un disque plein de chaleur et plein de vie. Pas toujours très gaie, la vie, mais de la vie quand même. Un disque qui vous accompagne immédiatement et ne vous lâche plus, en langage technique on a appelle ça un disque « intimiste » non pas parce qu’il ne peut que s’écouter au coin du feu et à la lumière des bougies mais parce qu’il est extrêmement touchant et enveloppant.
On ne peut pas non plus parler de vertu – la vertu ça fait un peu cul-cul-la-praline et bienveillance à tous les étages, non ? – de la part d’un disque qui vous enlace donc délicatement mais fermement, vous inspire c’est vrai une mélancolie certaine mais qui pour autant n’incite pas au recroquevillement en position fœtal, genre laisse-moi écouter cette musique si triste et laisse-moi pleurer, s’il te plait. Par contre, si on pleure à l’écoute de Carne Farce Camisole, c’est uniquement d’émotion, devant cette beauté ténue et saisissante. Voilà, encore une fois, pourquoi ce disque peut être qualifié d’intimiste, porté par des balades aussi farouches qu’inspirées, belles à en chialer (donc), comme un émoi contre lequel on ne peut rien – et contre lequel on ne veut surtout pas lutter.
Il y a aussi quelques moments plus rythmés, plus enfumés et plus dévergondés sur Carne Farce Camisole, rappelant de loin ce que The Healthy Boy a enregistré avec son autre projet, Noir Animal, mais on remarque surtout cette invitation permanente à l’errance et ce n’est pas très important que le voyage soit court ou long, qu’il s’agisse d’une balade sous la pluie au milieu des prés et accompagné de son chien ou que ce soit un long tour en voiture, bien sûr toujours au milieu de la nature, conduire au hasard sans trop savoir où on va exactement, juste le plaisir de rouler, de contempler, de goûter à tout ça puis de s’arrêter, interdit, seul au milieu d’un monde qui vous accompagne, finalement.
Pour parler à nouveau un peu plus techniquement, les Badass Motherfuckers qui accompagnent The Healthy Boy sur Carne Farce Camisole sont toujours les mêmes à savoir les trois quarts des Zëro lyonnais (par ordre alphabétique : Eric Aldea, Yvan Chiossone et Franck Laurino) et JP Brely, lyonnais également et que je me rappelle avoir vu plus d’une paire de fois quand j’étais petit avec son groupe Sale Défaite. Ces Badass Motherfuckers sont importants : ils apportent aux compositions superbes de The Healthy Boy toute la justesse communicative dont elles ont besoin, les arrangements sont subtils et forts, parfois très simples, mais ils contribuent largement à la réussite d’un disque éclairé d’une beauté crépusculaire et crue**.




Précisons enfin que The Healthy Boy & The Badass Moterfuckers seront en concert à Lyon le 30 mars au Sonic ; ce soir-là la salle lyonnaise fêtera également son septième anniversaire puisque le Sonic a ouvert ses portes pour la première fois le 1er avril 2006. Happy birthday les amis.

* The Healthy Boy a déjà publié sous son seul nom un premier album, Jusqu’à Ce Que Nous Soyons Repus, un album auquel ont partiellement participé les sales enculés de leur mère lyonnais (à écouter en ligne) ; on rappellera également le premier enregistrement de cette belle formation, le désormais incontournable Tonnerre Vendanges
** Carne Farce Camisole est publié en LP par Kythibong