mardi 27 mars 2012

Unsane / Wreck





Tout nouvel album d’Unsane permet de se poser éternellement la même question : pourquoi faire ? Wreck a été publié le 20 mars par Alternative Tentacles. Et si on excepte les deux albums live de 1997, l’excellente compile de singles de la première période du groupe, le disque de Peel Sessions et la compilation/best of/DVD Lambhouse chez Relapse en 2003, Wreck n’est que le septième album publié par le trio new-yorkais depuis 1991. Or – bien que chacun ait dans son panthéon personnel un album favori d’Unsane qui se détache de tous les autres – le constat est que le groupe n’a que peu évolué depuis ses débuts. Unsane fait partie de ces groupes qui ont inventé un genre à part entière et qui n’en démordent pas. Qu’importe si le trio se répète puisqu’il est aussi l’initiateur de sa musique – souvent imité, jamais égalé.
Donc à quoi sert un nouvel album d’Unsane ? En théorie à rien. Le vieux répertoire du groupe est gonflé de tubes et revoir Unsane en concert équivaut à revisiter le hit parade de la noise hardcore des new-yorkais. L’année dernière, lorsque Unsane était revenu pour la énième fois visiter la vieille Europe, le trio n’avait pas eu besoin de nouvelles compositions. Il avait suffi à Chris Spencer et Dave Curran d’allumer les amplis, de les régler sur 11, de brancher les guitares et c’est tout.
Unsane fait du Unsane et en fera toujours, du moins c’est ce que l’on pensait jusqu’ici (sans compter que même avec ses side-projects Chris Spencer a toujours été incapable de réellement changer de style – écoutez donc un peu The Cutthroat 9). Aussi un nouvel album du groupe était des plus facultatifs. Mais bien sûr on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise comme par exemple l’excellent Visqueen en 2007 alors que Blood Run en 2005 avait un côté barbant. On a donc écouté Wreck. Et au début la déception a été d’importance. Unsane a pris le parti-pris de changer deux ou trois choses. Mais ce sont ces choses là que l’on entend en premier.
Revenons à notre question de départ : à quoi sert un album d’Unsane ? Chris Spencer, Dave Curran et Vinnie Signorelli ont décidé qu’il fallait en faire quelque chose de ce nouvel album et ne pas se contenter d’enregistrer un album de plus. Le problème, vu le résultat, c’est qu’au contraire Wreck est avant toutes choses exactement un album de plus. On ne dira pas un album de trop mais le cœur y serait presque tant certains nouveaux titres sentent littéralement mauvais (non ils ne sentent pas la sueur, le sang et l’alcool, ils se contentent de puer). Les pires étant l’effroyable Stuck et le presque putassier Decay. Sur tout le restant des titres, presque la moitié n’arrive qu’à susciter un profond ennui. La liste des moments de bravoure, parce qu’il y en a tout de même, se raccourcit de plus en plus. Citons le titre d’ouverture (Rat), Metropolis (bien nerveux à l’ancienne) et Roach. En ajoutant – par pure complaisance – le très typique No Chance (et son intro à l’harmonica qui rappellera forcément Alleged de l’album Scattered, Smothered & Covered en 1995), plus Pigeon (déjà présent sur le EP digital chez Coextinction recordings), Wreck atteint tout juste la moyenne. La moyenne, est-ce bien suffisant pour un groupe de la trempe d’Unsane ? Il faudra bien s’en contenter…