De la provocation certes un peu trop facile mais foutrement efficace. Avec une pochette reprenant les couleurs du drapeau des Pays-Bas, un vinyle couleur orange mimolette radioactive, un nom d’album on ne peut plus explicite (plus verso de pochette expliquant aux béotiens ce qu’est précisément la Hollande) et un nom de groupe qui fait fureur, Adolf Butler a tout pour plaire. Pour un peu, si d’aventures on croyait encore un tant soit peu en l’efficacité du simulacre démocratique qui sévit toujours au sein de nos vieilles civilisations occidentales avancées et supérieures, on irait de bon cœur voter pour cette petite bite d’Adolf. Mais Adolf ne se présente pas aux élections. Adolf en a rien à foutre. Adolf préfère le bordel, le chaos, l’anarchie, la dévastation, la bière, la défonce, l’automutilation, l’inutile et le bruit. Préparez les longs couteaux, baissez vos frocs et attendez-vous au grand n’importe quoi.
Le crédo d’Adolf Butler sur Holland est très simple : Heil Flipper ! Heil Butthole Surfers ! Heil Drunk With Guns ! Heil Brainbombs ! Heil Clockcleaner ! Adolf Butler s’inscrit dans cette longue lignée de groupes plus ou moins maudits ou frappadingues et à l’amateurisme triomphant érigeant la gangrène du bruit comme principe fondamental de leur hardcore punk et noise. De l’approximation il y en a souvent, des impasses également mais des coups de mou et du ventre plat, ça jamais. Ou comment en prendre vraiment plein la gueule, faire le plein pour la journée (ou la semaine ou le mois, tout dépend du niveau de névrose de l’auditeur) de violence musicale, crade et un rien malsaine. La fête du slip mais uniquement si celui-ci a déjà servi plusieurs jours d’affilée.
Alors que les petits gars d’Adolf Butler fassent semblant ou pas, on s’en fout un peu, beaucoup. S’ils le font effectivement, ils ne seraient pas les premiers simulateurs de l’histoire du rock’n’roll, ils seraient même un excellent groupe arty de plus, à l’image de tous ceux qui pullulent du côté de Brooklyn comme autant de pustules sur le cul nécrosé d’une actrice porno vintage enfin à la retraite – actrice à qui il n’est jamais venu non plus à l’esprit de quiconque de reprocher qu’elle était également simulatrice. S’ils sont aussi débiles et attardés (dans le village des mes ancêtres on disait « finis à l’urine ») qu’ils le prétendent et bien on ira un jour avec grand bonheur cracher sur leurs tombes en guise de reconnaissance éternelle. En attendant on se prend les douze titres de Holland en intraveineuse plusieurs fois par jour. Amusons nous en attendant la mort.
[Holland a été publié par Motorwolf en 2011 en vinyle orange (100 copies) et en vinyle noir (200 copies) – comme Adolf Butler est un vrai groupe de losers, ils ont encore plein d’exemplaires orange en stock… alors faites-vous plaisir]