mardi 20 mars 2012

Great Falls / Coextinction EP + A Death Cinematic - Great Falls / self titled





Certains avaient pu être un tantinet chagrinés par l’album sans titre que Great Falls a publié en 2011, le premier disque officiel du groupe de Demian Johnston et Shane Mehling – tous les deux ex Playing Enemy, faut-il encore une fois le rappeler ? – à avoir été enregistré à trois c'est-à-dire en compagnie d’un batteur et non pas avec une boite-à-rythmes. Reprenant la quasi-totalité des titres de son prédécesseur Fontanelle, cet album péchait parait-il par le rendu de la batterie, en particulier celui de la caisse claire. On admet que le son de cet instrument n’est pas ce qu’il y a de mieux sur cet enregistrement précis et on apprécie au passage l’ironie de la chose puisque la personne responsable du dit enregistrement n’est autre que le batteur Phil Petrocelli, oui le désormais troisième membre de Great Falls.
Comme pour remettre les pendules à l’heure le trio a dans la foulée publié à l’automne 2011 trois autres titres sous la forme d’un EP digital et sur le label Coextinction recordings (le label de Chris Spencer et de Dave Curran d’Unsane). « Digital » cela signifie que le disque en question n’existe que dans tes rêves, qu’il faudra te contenter de trois fichiers mp3, le standard musique parait-il unique de demain…
Quoi qu’il en soit Horsefeet, le très long et serpentin Replace Me With Fire et le plus énervé mais non moins tordu Stringer donnent à entendre des nouveaux titres composés à trois et surtout pour un groupe de trois personnes. La batterie y sonne très bien, (caisse claire comprise) et d’une manière générale cet EP est de loin ce que Great Falls a enregistré de mieux à ce jour : supériorité des compositions aussi massives que malsaines, interprétation rude et franche et enregistrement à la hauteur (donc). Un excellent présage pour l’avenir de Great Falls, maintenant on attend un véritable album – et en dur s’il vous plait les gars, du vinyle par exemple.



Publié à retardement par Dead Accents, le propre label D.I.Y. de Demian Johnston, le disque sans titre réunissant A Death Cinematic et Great Falls est une autre occasion d’entendre le trio. Il faut cependant passer par les deux compositions atmosphériques signées A Death Cinematic, Ajax Storm Wood de son vrai nom (?!), one man band gratouilleur et amateur de superpositions de nappes de guitare un rien saturée et noyée de reverb. Swimming In The Fires et Where The Ocean Touch The Sky utilisent une recette éculée dans laquelle A Death Cinematic n’est  pas le meilleur mais le garçon tire son épingle du jeu (ainsi que d’un certain ennui malheureusement trop souvent inhérent au genre) en privilégiant le côté brut et grésillant de la face obscure – Where The Ocean Touch The Sky gagne même le très prisé bonus romantique en incorporant de la musique de cow-boy dépressif ainsi que des samples de bruits de vagues (évidemment).
Ces deux titres ont été enregistrés en 2008 mais le troisième, Locust Skies Taken To The Horizon, date de 2011 et est une collaboration entre A Death Cinematic et les trois Great Falls. Une bonne trempette très répétitive, maladive et bien névrosée à base d’une rythmique aussi lourde et pesante que lente et malsaine et de couches de guitares qui s’entrecroisent dans des tourbillons sans fins. C’est presque une surprise, Demian Johnston se fend d’un peu de chant, en fait plus des cris à rallonge qu’autre chose, le tout à nouveau noyé dans une reverb dangereusement apocalyptique et Locust Skies Taken To The Horizon, qui à la base n’est qu’une improvisation, finit par dégager une force et une noirceur qui rappelle les titres très lents et très lourds que Godflesh enregistrait il y a deux décennies et demi au début de jeune carrière. Rien que pour ce dernier titre en forme de one shot suicidaire ce disque tiré à 127 exemplaires vaut le détour.