Elle est amusante l’histoire de Cash Cow Productions : le label a commencé à publier des disques – uniquement des singles – en 1993 avant de brutalement arrêter toute activité en 1995. Puis le label a redémarré en 2009, sans que l’on sache trop pourquoi ni trop comment. En 2010 Cash Cow a ainsi publié un split réunissant Lion Sized et Accordion Crimes. De ce 7’ on a surtout retenu l’excellence noise d’Academy, le titre proposé par les seconds, une petite bombe aux effets toujours aussi évidents aujourd’hui.
Je n’ai jamais bien saisi toute l’ironie peut être contenue dans le nom d’Accordion Crimes – tout comme je ne comprends pas en quoi jouer de l’accordéon pourrait être considérer comme un crime – mais j’attendais la suite avec une certaine impatience et la suite c’est un LP du nom de Songs To Drive Wives Away, toujours publié chez Cash Cow. Un tout petit album (7 titres) pour une toute petite durée (25 minutes) mais on peut se consoler de deux façons : premièrement en se disant que le hit Academy n’a pas été remis sur le LP, il reste donc un inédit, ce qui rassurera et contentera tous les hipsters matérialistes et monomaniaque du vinyle ; deuxièmement Songs To Drive Wives Away est un excellent disque.
Je n’ai jamais bien saisi toute l’ironie peut être contenue dans le nom d’Accordion Crimes – tout comme je ne comprends pas en quoi jouer de l’accordéon pourrait être considérer comme un crime – mais j’attendais la suite avec une certaine impatience et la suite c’est un LP du nom de Songs To Drive Wives Away, toujours publié chez Cash Cow. Un tout petit album (7 titres) pour une toute petite durée (25 minutes) mais on peut se consoler de deux façons : premièrement en se disant que le hit Academy n’a pas été remis sur le LP, il reste donc un inédit, ce qui rassurera et contentera tous les hipsters matérialistes et monomaniaque du vinyle ; deuxièmement Songs To Drive Wives Away est un excellent disque.
Abordons tout de suite la problématique de l’étiquette, du genre (ou je ne sais quoi) ainsi que celle de l’originalité. Au verso du disque il est écrit mastered by Bob Weston at Chicago Mastering Service et bien qu’Accordion Crime soit originaire de Denver, on peut déjà avoir une idée du style opéré par ces garçons. Il ne reste alors plus qu’un seul point à élucider : Accordion Crimes est-il plutôt Jesus Lizard ou plutôt Shellac ? Dans un premier temps on est à raison tenté de dire Shellac : Extractor vous tire effectivement de votre torpeur mais c’est surtout le très court et nerveux Tilt-A-Wheel puis Stray et Ouray qui rappelleront au monde entier combien Steve Albini a pu être un musicien inspiré et talentueux mais pourquoi les élèves ont depuis longtemps dépassé le maître.
En début de seconde face Forecast tente de tromper un peu son monde grâce à l’adjonction d’une intro au violoncelle (on entend également grincer les sièges des deux violoncellistes, un détail qui accentue tout le charme de la chose). Cette intro ne dure pas longtemps – comprendre : la noise shellac-quienne reprend rapidement ses droits – mais cela suffit amplement à mettre la puce à l’oreille. Et comme pour en remettre une couche Forecast se termine presque comme il avait débuté, par une nouvelle partie de violoncelle.
Et en effet cette face B est nettement plus calme et dévale la pente douce d’un post rock cette fois-ci d’inspiration slintienne et plus mélancolique. Pour les amateurs du genre le lien Shellac/Slint est souvent évident et on y trouve à la croisée des groupes tels que Rodan auquel Accordion Crimes peut également faire penser mais surgit également le fantôme d’A Minor Forest (deux albums quasiment incontournables et quelques brouettes bien remplies de singles). Super Soft Knife est une ballade magnifique de retenue et dont l’étirement en longueur provoque une douce sensation de torpeur… sauf que Super Soft Knife se termine sur une belle démonstration d’éclat. Speaker, placé en toute fin de disque, est bien le meilleur titre de Songs To Drive Wives Away avec ses couplets parlés/narratifs à la Brian McMahan et cette tension qui monte avec en arrière plan comme un petit goût doux-amer.
Alors on récapitule : Shellac, Slint, Rodan (mais pas beaucoup) et A Minor Forest. Donc pourquoi aimer ce disque ? Pourquoi aimer un LP qui reprend ce qui a déjà été fait ? La réponse est tout simplement dans l’écoute de celui-ci : elle vous enveloppe cette écoute, la musique vous parle au creux de l’oreille et si Accordion Crimes ne fait pas avancer la cause – perdue d’avance – de la musique du futur, au moins le groupe transpire la sincérité et ne s’embourbe pas dans la prétention d’une création « nouvelle » forcément trompeuse. L’évolution musicale c’est du passé (pour l’instant ?). Le reconnaitre n’empêche pas d’apprécier des groupes comme Accordion Crimes qui mettent toute leur âme dans ce qu’ils font. Sans musique la vie serait une erreur comme disait l’autre, on peut rajouter que faire de la musique ou en écouter avec son cœur et son ventre c’est vivre, précisément. Après tout est question de goût et de résonnance personnelle avec la musique en question. Ecoutez, toujours.