C’est toujours un peu compliqué avec John Dwyer et Thee Oh Sees alors que, bien au contraire, cela devrait être on ne peut plus simple. Appliquer la bonne vieille méthode du « je n’aime qu’un seul disque de Thee Oh Sees sur deux » – méthode un peu erronée puisque Thee Oh Sees a enchainé The Master's Bedroom Is Worth Spending A Night In (2008) et Help (2009) sans interruption notoire – est de moins en moins valable. Si on excepte les débuts du groupe, lorsqu’il s’appelait encore OCS et qu’il se limitait pratiquement qu’au seul John Dwyer, Thee Oh Sees a tout de la formation schizophrène. Un coup je te sors un album de garage sixties qui pète tout sur son passage, un coup je te publie un album de pop psyché qui te pète surtout les nerfs. Et bien cette analyse aussi succincte que limitée n’est plus vraiment possible depuis que le groupe a commencé à mélanger de plus en plus ses deux pôles musicaux de prédilection.
C’est d’autant plus flagrant sur Castlemania, énième enregistrement de Thee Oh Sees paru dans la foulée de Warm Slime, toujours chez In The Red. Un bien bel objet tout d’abord, avec ses deux disques : un 12’ en vinyle ocre transparent et tournant en 45rpm et un demi 12’ noir, donc avec une face gravée d’un dessin de fleurs (une couronne mortuaire ?) et d’une phrase pour le moins sibylline « We’re dead as we’ve already said». Et pendant, qu’on y est, parlons également de cette pochette, délicieusement laide et colorée jusqu’à la saturation, ainsi que de l’image à l’intérieur (la pochette est gatefold), une photo d’un patafatras de jouets d’enfant. Castlemania se place invariablement sous le signe du ludique et de la légèreté – jusqu’à la photo de l’insert qui montre un Dwyer en train de siroter une bière sous un parasol à la plage – et la musique contenue sur ses trois faces est à l’avenant.
Seulement il faut passer outre I Need Seed – on ne vous fera pas l’affront de vous expliquer toutes les références qui se cachent derrière ce titre – et de Corprophagist (A Bath Perhaps), deux titres de Thee Oh Sees tels qu’on les déteste le plus, avec un groupe à la limite de la caricature de lui-même et se roulant dans la complaisance. Tout le génie pop de Dwyer reprend le dessus dès Stinking Cloud et ses arrangements subtilement kitchs alors que le garage reprend lui ses droits avec un Corrupted Coffin blindé à la fuzz. Dès lors, Castlemania, sans être du même niveau que les meilleurs enregistrements de Thee Oh Sees, tient enfin toutes ses promesses, celles d’un garage psychédélique navigant entre pop ensoleillée mais déviante et fuzz atomique, jusqu’à atteindre l’excellence le temps d’un A Wall, A Century génialement tubesque. On sent que le groupe – Dwyer en tête – s’amuse, un peu trop des fois, comme lorsque le chant insiste volontairement sur ce côté nasillard frisant le maniérisme Muppets… On y verrait presque du sarcasme de la part d’un John Dwyer qui n’en a jamais manqué dans sa folle jeunesse mais on n’en est pas très sûr non plus et c’est peut être bien pour cette raison que l’écoute de Castlemania révèle des hauts et des bas (un titre comme AA Warm Breeze est résolument déficient) et que l’on est beaucoup moins sous le charme que d’habitude. En fait, avec Castlemania, Thee Oh Sees ne ressemble finalement qu’à une (bonne) grosse plaisanterie... On préférait lorsque John Dwyer et son groupe donnaient le change et ne semblaient pas rire aux dépens des autres.
Moment vintage prout-prout par excellence, la troisième face n’est composée que de trois reprises de groupes aussi obscurs qu’oubliés de tous et c’est l’un des meilleurs moments de Castlemania : I Won't Hurt de West Coast Pop Experimental Band, If I Stay Too Long de Big Wheel et What Are We Craving ? de Norma Tanega se révèlent résolument abscons dans leurs versions originales or, passés à la moulinette Dwyer, on n’entend rien d’autre que trois titres de Thee Oh Sees… Trois reprises qui démontrent tout le talent de Dwyer and C°, alors tant pis si le groupe préfère de temps à autre le gaspiller en fanfaronnades inutiles.
C’est d’autant plus flagrant sur Castlemania, énième enregistrement de Thee Oh Sees paru dans la foulée de Warm Slime, toujours chez In The Red. Un bien bel objet tout d’abord, avec ses deux disques : un 12’ en vinyle ocre transparent et tournant en 45rpm et un demi 12’ noir, donc avec une face gravée d’un dessin de fleurs (une couronne mortuaire ?) et d’une phrase pour le moins sibylline « We’re dead as we’ve already said». Et pendant, qu’on y est, parlons également de cette pochette, délicieusement laide et colorée jusqu’à la saturation, ainsi que de l’image à l’intérieur (la pochette est gatefold), une photo d’un patafatras de jouets d’enfant. Castlemania se place invariablement sous le signe du ludique et de la légèreté – jusqu’à la photo de l’insert qui montre un Dwyer en train de siroter une bière sous un parasol à la plage – et la musique contenue sur ses trois faces est à l’avenant.
Seulement il faut passer outre I Need Seed – on ne vous fera pas l’affront de vous expliquer toutes les références qui se cachent derrière ce titre – et de Corprophagist (A Bath Perhaps), deux titres de Thee Oh Sees tels qu’on les déteste le plus, avec un groupe à la limite de la caricature de lui-même et se roulant dans la complaisance. Tout le génie pop de Dwyer reprend le dessus dès Stinking Cloud et ses arrangements subtilement kitchs alors que le garage reprend lui ses droits avec un Corrupted Coffin blindé à la fuzz. Dès lors, Castlemania, sans être du même niveau que les meilleurs enregistrements de Thee Oh Sees, tient enfin toutes ses promesses, celles d’un garage psychédélique navigant entre pop ensoleillée mais déviante et fuzz atomique, jusqu’à atteindre l’excellence le temps d’un A Wall, A Century génialement tubesque. On sent que le groupe – Dwyer en tête – s’amuse, un peu trop des fois, comme lorsque le chant insiste volontairement sur ce côté nasillard frisant le maniérisme Muppets… On y verrait presque du sarcasme de la part d’un John Dwyer qui n’en a jamais manqué dans sa folle jeunesse mais on n’en est pas très sûr non plus et c’est peut être bien pour cette raison que l’écoute de Castlemania révèle des hauts et des bas (un titre comme AA Warm Breeze est résolument déficient) et que l’on est beaucoup moins sous le charme que d’habitude. En fait, avec Castlemania, Thee Oh Sees ne ressemble finalement qu’à une (bonne) grosse plaisanterie... On préférait lorsque John Dwyer et son groupe donnaient le change et ne semblaient pas rire aux dépens des autres.
Moment vintage prout-prout par excellence, la troisième face n’est composée que de trois reprises de groupes aussi obscurs qu’oubliés de tous et c’est l’un des meilleurs moments de Castlemania : I Won't Hurt de West Coast Pop Experimental Band, If I Stay Too Long de Big Wheel et What Are We Craving ? de Norma Tanega se révèlent résolument abscons dans leurs versions originales or, passés à la moulinette Dwyer, on n’entend rien d’autre que trois titres de Thee Oh Sees… Trois reprises qui démontrent tout le talent de Dwyer and C°, alors tant pis si le groupe préfère de temps à autre le gaspiller en fanfaronnades inutiles.
Dernière minute : fidèle à sa réputation d’increvable, John Dwyer a déjà annoncé la parution d’un nouvel album de Thee Oh Sees – oui, ce sera bien le deuxième pour la seule année 2011 – et celui-ci, intitulé Carrion Crawler/The Dream, comportera dix titres et sortira le 15 novembre, à nouveau chez In The Red.