mardi 6 septembre 2011

Dear Thief / Under Archway





Rythme simple et précis, basse ronde et volumineuse qui occupe la moitié de l’espace, guitare agile qui égraine quelques notes aigrelettes et finalement apparition d’un chant distancié, presque parlé : ainsi débute le morceau titre de Under Archway, le premier album de Dear Thief, un tout jeune trio londonien. Composé de Yusuf B’Layashi à la guitare et au chant, de Emma Bennet à la basse et de Tim Greany à la batterie, Dear Thief fait partie de ces excellents groupes d’outre-manche qui depuis quelques mois ou même années débarquent sans prévenir (les regrettés Ox Scapula, les excellents Shield Your Eyes, les non moins excellents Silent Front, les fracassants Poino ou même les beaucoup trop méconnus Cherry But Not Cake, pour n’en citer que quelques uns).
Pourtant Dear Thief et Under Archway ont bien failli passer à la trappe : l’album date déjà de novembre 2010, ne bénéficiant malheureusement que d’une sortie en format CD chez The Orchestra Pit* ainsi que d’une sortie digitale via Satorial records**, exactement le genre de façon de procéder qui permet de passer inaperçu auprès de tous les record geeks de la planète en mal de trouvailles inespérées. Surtout lorsque votre exemplaire promo reste pendant de trop longs mois coincé au milieu de la pile des disques à éventuellement écouter, plus tard, un jour, peut-être. Il s’agit donc maintenant de réparer, même modestement, cette petite erreur.
Musicalement Dear Thief oscille entre un post punk aride mais impulsif et une noise élégante mais nerveuse. Pensez d’un côté à The Fall (la façon de chanter bien sûr mais aussi cette façon d’utiliser la guitare en bandoulière, avec des plans presque rockab mais toujours légèrement dissonants) et de l’autre pensez plutôt à June Of 44/Shipping News (la basse très présente et arrondie, on l’a dit, n’hésitant pas à se lancer dans un plan dub du meilleur effet comme sur S.O.S.). Ajoutons à l’occasion un peu de Sonic Youth, comme une ombre fugace (les toutes premières mesures de Capital). Tout ceci est aussi alléchant que ça en a l’air, avec en prime un sens de l’austérité et de la concision très réussi, trouvant le juste milieu entre tension racée et intimité pop. Du grand art, vraiment.
A l’heure où on vous parle enfin de Dear Thief, on ne sait pas vraiment si le groupe existe encore  car on ne trouve que trop peu d’indices d’une éventuelle activité récente mais on espère bien que oui, que l’on entendra à nouveau parler de Dear Thief dans les semaines ou les mois à venir. Il est désormais hors de question de lâcher ces trois jeunes gens d’une semelle.

* label que l’on connait un peu pour avoir publier un excellent single de Blurt
** je ne peux toujours pas me résoudre à écouter de la musique que sous sa forme « dématérialisée »…