Malgré tout le soin apporté à la présentation de Hats, Capes, Dark Arts – un LP accompagné de son CD et emballé dans une pochette rigolote et faite main, le tout en complète autoproduction – on est rapidement persuadé qu’avec Cartographer, point de sophistication inutile et qu’il ne va pas falloir aller chercher midi à quatorze heure : voilà donc un tout nouveau (?) groupe d’Oakland/Californie mais le plus important est que ces trois garçons ravivent on ne peut mieux ce bon vieux noise rock des années 90, tendance minimaliste et je t’enfonce bien profond des clous dans le crâne avec ma guitare en aluminium. Toutes autres considérations ne sont que bavardages aussi incessants qu’inutiles. On pourrait bien sûr ajouter qu’un titre tel que Drop A Is A Ridiculous Tuning aurait pu figurer en très bonne place sur un album de Big’n (avec cette faculté de ralentir le tempo juste à l’extrême limite de l’intolérable), que Uneasy On The Eyes et l’excellent Patron Of Wizardry sont shellac-quiens comme pas permis et que d’ailleurs le gros Bob Weston a quelque chose à voir avec le mastering de ce disque. Mais c’est tout.
Avec Hats, Capes, Dark Arts c’est donc du lourd, du sec et du violent qui vous coule entre les oreilles et si pour les bonnes surprises (à défaut de nouveautés) il faudrait aller voir ailleurs, on n’est pas vraiment déçus non plus par la quasi-totalité de l'album – mis à part Grand Theft Horse, son riff faiblard et son chaloupement bâtard que font penser au pire du pire du metal en fusion (tiens, d’ailleurs, encore un truc des années 90…) – et on se retrouve ainsi conquis en un tour de main. A cela, une seule et unique raison : des groupes revivalistes inspirés par le Chicago sound des années 90 on en croise quelques pelletées par les temps qui courent mais bien peu arrivent au niveau des anciens maîtres en la matière. Cartographer pourrait pourtant bien être de ceux-là, puisque réactionnaire et conservateur jusqu’à la jouissance.
Alors s’il faut choisir entre les groupes qui prétendent innover à n’importe quel prix mais qui ne font que se vautrer dans le douteux – parce que, encore une fois, prétendre innover en 2011 en matière de musiques électriques est aussi pertinent que d’aller brûler un cierge à Madrid pendant les JMJ – et ceux qui ressassent brillamment le passé sans rien apporter de neuf, choisissons à nouveau la deuxième solution, solution partielle s’il en est mais la seule acceptable pour tenter de s’éviter toutes sornettes, tout snobisme et tout élitisme branchouillard.