La très grande nouveauté de ce nouvel album de Great Falls – et la énième publication du groupe depuis le début de cette année – c’est que désormais Great Falls n’est plus un duo mais un trio. À Shane Mehling (basse) et Demian Johnston (guitare/chant) s’est désormais adjoint le batteur Phil Petrocelli, également membre de Black Noise Cannon, un autre groupe de Seattle. Et ça, c’est quand même une sacrée nouvelle ! Le ligne-up de Great Falls rejoignant désormais en genre et en nombre celui de feu Playing Enemy – d’où sont, précisons-le une dernière fois, issus Demian Johnston et Shane Mehling –, voilà la porte ouverte à toutes les spéculations, à tous les rêves et à tous les désirs des vieux fans de Playing Enemy. On avait déjà pu percevoir quelques réminiscences de ce dernier sur les premiers enregistrements de Great Falls mais surtout on avait appris à apprécier cette nouvelle valeur ajoutée, celle apportée par l’utilisation d’une boite à rythmes tout à la fois ultra métrique et cradossée, complétant les thématiques sonores héritées de l’époque metal core.
Cet album sans titre de Great Falls redistribue la donne et d’une façon encore plus évidente qu’on pouvait le penser au départ. En effet, sur ses huit compositions, six sont déjà présentes dans des versions différentes (bien sûr) sur l’album Fontanelle de Great Falls. Les geeks entomologistes auront tôt fait de comparer les deux enregistrements, de mesurer l’apport d’un batteur. Les grincheux, on peut les comprendre, pourront râler voire crier à l’arnaque pure et simple, même si le line-up de Great Falls a changé entre les deux disques – on pourra aussi leur opposer le fait que Dead Accents, le propre label de Demian Johnston, vend ce nouvel album de Great Falls à un prix ridiculement pas, tout comme le fait déjà Paradygms recordings avec Fontanelle.
Read Silver est le premier titre totalement inédit du disque et c’est surtout le titre d’ouverture : d’emblée on est pris à la gorge par une nouvelle dynamique chez Great Falls, les riffs qui tranchent, le chant hurlé, la ligne de basse malade et la batterie qui tient le tout. Bref, on connait la chanson, si on peut s’exprimer ainsi, laquelle se répétera de façon plus virulente encore avec Untitled Women. Les choses deviennent encore plus intéressantes avec Hundreds Of Child Soldiers. Ce titre, parmi l’un des plus lourds de Fontanelle, gagne encore incroyablement en puissance et en volume – Phil Petrocelli tape comme un sourd et avec une précision diabolique sur les couplets alors qu’il développe plus de souplesse sur les parties intermédiaires. On s’y attendait mais le résultat est vraiment là, flagrant, et surtout les lignes de basse de Shane Mehling n’en ressortent qu’avec plus d’évidence encore (écoutez ce qu’il fait sur All Clean Necks par exemple).
Il y avait peu de titres rapides et concassés sur Fontanelle aussi, fort logiquement, il y en a tout aussi peu sur ce nouvel album. Les remarques ainsi formulées à propos de Hundreds Of Child Soldiers peuvent s’appliquer à la plupart des autres compositions du disque – avec des titres où cela fonctionne encore mieux que pour les autres (l’excellent Another Starving Excuse, comprenant pourtant une partie centrale très influencée par Jesu). Le second inédit du disque, le très bon Our Jaws Just Crawl, a lui un peu le cul entre deux chaises : moins lourd qu’un Pareidolia, par exemple, mais bien plus alambiqué qu’un Read Silver, il représente très certainement ce que Great Falls a enregistré de plus proche de Playing Enemy. Les fans apprécieront.
Et les fans apprécieront encore plus le fait de savoir que Great Falls est en train de finaliser l’enregistrement d’un tout nouveau « disque ». Celui-ci est attendu pour le courant du mois de septembre sur Coextinction records… oui ce même label qui a déjà essayé de nous vendre des mp3 d’Unsane il y a quelques mois. Est-ce à dire que ce nouvel enregistrement de Great Falls sera lui aussi uniquement disponible qu’en format dématérialisé ? Hu hu hu…