mardi 13 octobre 2009

Thee Oh Sees / Help























Ce disque a bien failli finir à la poubelle dès la première écoute. En un mot comme en cent : au secours ! Thee Oh Sees c’est le projet le plus actif (mais demain cela aura déjà changé…) quoique déjà ancien de John Dwyer, un psychopathe dont le pedigree n’en finit pas de s’allonger - Burmese, Pink & Brown, Coachwhips, Landed, je ne cite que les groupes que je connais le moins mal. Un type qui question rock’n’roll/punk/garage fait haut la main la nique à tout le monde. En l’occurrence avec Thee Oh Sees il y a de quoi enterrer tous les revivalistes sixties nés après 1980 et qui ne sont toujours pas sortis de leur complexe d’Œdipe. La musique de papa/maman tu l’aimes et tu l’imites. Alors pourquoi la poubelle ? A cause de cette atroce pochette animalière gay friendly ? Elle n’est pourtant pas pire que celle de l’album précédent. A cause de ce solo de fluttiot magique vers la fin du troisième titre de la première face ? Il y a bien du pipeau sur le Wild Thing des Troggs. A cause de ce son trop propre, on va dire bien dégagé derrière les oreilles ou plutôt gentiment balayé dans les coins ? Oui, déjà beaucoup plus. Un joli son, comme il faut, quand il faut mais qui heureusement n’arrive pas à bousiller totalement les éjaculations sixties/psyché/garage de Dwyer. Il suffit de ressortir Help de la poubelle, de se dire non ce n’est pas possible, j’ai forcément du me tromper et de réécouter ce disque en vinyle rose tapette (plait également aux fillettes) pour se convaincre rapidement que tout le bien que l’on pensait jusqu’ici de John Dwyer n’est pas usurpé.
Ce dernier est loin d’être seul dans l’aventure. Thee Oh Sees est un vrai groupe avec une pépette de compétition qui vocalise et tambourine, un deuxième gars à la guitare saccadée et un batteur qui minimalise comme une bête. Et puis le son n’est pas aussi lisse et ripoliné que cela : on n’est pas chez les Hives non plus et d’ailleurs on s’en fout de savoir si Randy Fitzsimmons s’appelle en réalité Charly ou Robin Masters. Donc, on aurait juste préféré un peu plus de cradeur, un peu plus de surprises au lieu de cette reverb systématiquement dosée de la même façon sur la voix criarde de Dwyer. Bref.
Ce qui séduit le plus sur Help c’est au contraire la saturation par l’excès de sucre et l’effet bublegum écoeurant. Les jolies ritournelles qui font chavirer. Les mélopées de
Brigid Dawson (la pépette déjà mentionnée) qui pousse le bouchon aussi loin qu’elle le peut. Les refrains ultimement niais (le ba ba ba ba ba ba ba de Rainbow et que l’on retrouve immédiatement après sur Go Meet The Seed, à faire mourir de jalousie les dandys surfers de feu Barracudas qui pourtant en connaissaient un sacré rayon question niaiserie). Help n’est jamais meilleur que lorsqu’il s’enfonce dans la pop (le titre du disque n’est donc peut être pas si innocent que cela) et que son garage trempe avec candeur le bout de ses orteils dans les remous tiédasses de la mélodie enivrante. Un disque de pure insouciance (sexuelle) et de juvénilité rafraîchissante dont Peanut Butter Oven et ses arrangements pour cordes et voix représente le climax. John Dywer a encore trouvé le moyen de ne pas tourner en rond.