dimanche 4 octobre 2009

Scul Hazzards - Children of NOISE

















Chouette programme que nous ont concocté Bigoût records, Maquillage et Crustacés et S.K. records (en langage d’initiés on appelle ça une triplette infernale) avec, en ce vendredi 02 octobre, une double affiche réunissant à chaque fois deux groupes dans deux lieux différents. Première partie - uniquement réservée aux étudiants, aux chômeurs, aux branleurs et aux travailleurs sociaux - avec Flimmer et Vialka jouant au milieu d’une sculpture géante installée dans la cour de la fondation Bullukian (Léa et Napoléon de leurs prénoms). Enfin, ça c’est que l’on m’a vaguement raconté après coup puisque évidemment je n’y étais pas. Un dispositif fleurant bon la biennale d’Art Contemporain qui a lieu en ce moment même à Lyon, grand pôle international de la culture et des arts comme chacun sait. Deuxième partie - et plus précisément celle qui nous intéresse ici - avec Burne et Scul Hazzards au Sonic. Un vrai concert dans un vrai lieu où on peut boire de la vraie bière et raconter de vraies conneries à qui veut bien les entendre. Et ce soir il y en avait du monde pour s’enchoufleurer les oreilles au son du bon gros noise rock distillé par les australiens (oui, je sais, ça fait deux ans qu’ils habitent à Londres) de Scul Hazzards. La barre des 80 entrées a été franchie, ça fait vraiment plaisir. 


















Burne est le premier groupe à jouer ce soir. Burne, un nom de groupe particulièrement ridicule mais ce n’est pas très grave, on en a vu d’autres dans le passé - mon préféré étant très certainement et éternellement Table -, on en voit encore beaucoup par les temps qui courent - Pneu, Cheveu - et c’est surtout un nom avec lequel il serait bien trop facile de faire de très mauvais jeux de mots (chose dont on va bien évidemment s’abstenir). Burne sont deux - ça tombe bien (si je puis m’exprimer ainsi) - et est un énième duo basse/batterie. Ils jouent très technique, avec plein de breaks, de virevoltes en allers et retours et de loopings arrière sans filets. Le son du bassiste rappelle étrangement celui de Belly Button, une vieillerie bordelaise du siècle dernier et un autre duo basse/batterie. Mais les comparaisons s’arrêtent là puisque la musique de Burne est entièrement instrumentale et truffée de poussées grind, le batteur dispose d’un double pédalier et s’essaie régulièrement au blast. On note aussi un dispositif d’éclairage un peu particulier actionné à volonté par le bassiste.
Nos deux garçons jouent très fort et très vite. Je vais faire au moins aussi vite, tant - passé le moment de surprise due à la découverte - Burne s’avère trop répétitif et ennuyeux. Les plans démonstratifs se suivent et se ressemblent, ce n’est pas tout de savoir défourailler comme des jeunes dieux priapiques encore faudrait il mettre un peu plus d’âme (de foutre ?) dans une musique clinique et une chouille prétentieuse. C’est un peu sévère comme jugement mais avec un nom pareil, on pouvait s’attendre à quelque chose de bien plus sale alors que l’on assiste juste à une démonstration sportive. Burne manque de couilles et c’est dommage car il y a plein de très bonnes idées et un savoir faire indéniable : les gars, virez moi cette capote prophylactique ultra technique, rajoutez moi des poils et je vous jure que la cyprine coulera à flot.























Ils sont là, tous les trois sur la scène, la dernière fois ils n’étaient pas venus pour une histoire de panne mécanique (les joies du tour van). Les Scul Hazzards s’installent calmement, le batteur - sorte de hippie barbu et à lunettes, on dirait presque Jerry Garcia, si je vous jure -, bref, le batteur cherche pendant un temps qui semble infini la clef lui permettant de retendre la peau de sa caisse claire. L’impatience monte. Le groupe est disposé en ligne - comme Shellac, le groupe de Steve Albini n’en finit plus de faire des émules - avec le guitariste/chanteur à gauche, le batteur au milieu et la bassiste à droite. Je me suis calé au milieu et légèrement devant elle et devant son gros ampli parce que rien qu’en écoutant les disques de Scul Hazzards je peux deviner qu’elle est le pivot du groupe et de sa musique. Et en plus elle joue sur une Rickenbacker.
De musique parlons en (mais rapidement). Celle de Scul Hazzards est - logiquement - à situer entre Shellac et Unsane (pour les passages les plus épais et bruyants) avec une pointe d’Hammerhead lorsque une accroche mélodique arrive à frayer son chemin au milieu de la rythmique surpuissante. Spectre très large et que des grosses références c’est vrai mais Scul Hazzards ne donne absolument pas dans l’originalité (pour un style qui de toutes façons ne le permet plus depuis bien longtemps) mais dans l’efficacité. Qualité, savoir-faire, tradition. Une grande leçon de stupre et de fureur noise. 


















Je ne m’étais pas trompé à propos de la bassiste. Non seulement celle-ci vous décroche des lignes ressemblant à des boulets de canon incandescents et en plus d’être la reine du rentre dedans rythmique elle est également la reine du headbanging sauvage. J’opine de la tête en rythme, comme un trépané. Scul Hazzards joue son noise rock très sèchement mais extrêmement puissamment et tout le truc est là, dans ces fluctuations régulièrement irrésistibles de la basse qui vous terrassent et vous embras(s)ent, un groove salement prenant et foutrement chaloupé appuyé par un batteur finalement très minimal. Le guitariste/chanteur n’a plus qu’à se poser là-dessus et on obtient un très bon concert.
Malgré l’insistance du public, les Scul Hazzards ne jouent aucun titre supplémentaire par rapport à ceux prévus au départ. On avait dit douze et c’est tout, pas de rappel. En quittant à regret le devant de la scène une main se pose sur mon épaule : dis moi, toi qui est spécialiste, ils ont bien fait une reprise des Swans à la fin, non ? Moi ? Spécialiste ? Je réponds que non, que ce devait être un titre tiré d’un album mais devant mon air passablement stupide du type qui en fait n’en sait rien, mon interlocuteur décide à raison d’aller directement demander au groupe. Un rapide coup d’œil sur la set list du concert me convainc alors qu’il avait vu juste : Scul Hazzards a effectivement repris New Mind, un titre de l’album Children Of God des Swans (et également sorti en single à l’époque) et je n’y ai vu que du feu, je n’ai rien reconnu, trop pris dans un concert décidément particulièrement enivrant. Hop, encore une soirée à mettre dans le futur top 10 de la fin d’année - top 10 qui risque bien de se transformer en top 20 au train où font les choses. Et après ça, on a forcément envie de dire des conneries jusqu’à la fermeture de la salle.