Il y en a que Clash, le premier album de Offonoff, avait terriblement emmerdés. Ce n’est pas avec Slap & Tickle, deuxième enregistrement - je ne compte pas le 10 pouces sur Gaffer records mais peut être que je le devrais tellement il est excellent - donc ce n’est pas avec Slap & Tickle que les choses vont pouvoir s’arranger. Toujours et encore sur le label Smalltown Superjazz, ce nouveau méfait est un live chaud comme la braise enregistré lors du Kongsberg Jazzfestival en 2007 (le 10 pouces a lui été enregistré également en concert, la même année et vraisemblablement pendant la même tournée mais à Oslo - voilà, je savais bien que j’avais raison de reparler de ce disque). Slap & Tickle est donc un enregistrement pas tout neuf d’Offonoff et j’imagine que le groupe en a des kilomètres de ce genre de bandes (ou des kilo octets s’ils sont modernes et équipés dernier cri) avec des performances comme celle-là dessus. Et admettons qu’il n’y a aucun intérêt pour Offonoff à enregistrer autre chose, autrement, puisque le trio n’a qu’une seule et unique ligne de conduite qui est de balancer toujours la même sauce, assaisonnée avec les mêmes ingrédients mais toujours de façon différente. La musique d’Offonoff est totalement improvisée.
Les ingrédients, reparlons-en encore une fois puisque c’est définitivement un plaisir sans fin : Terrie Hessels de The Ex à la guitare, Massimo Pupillo de Zu à la basse et Paal Nilssen-Love de lui-même mais ayant joué ou jouant encore avec énormément de monde à la batterie (Peter Brötzmann et Mats Gustafsson sont mes préférés de la liste). Un vrai power trio et une bonne grosse cohésion dans le bruit et la défouraille. Cohésion parce que ces trois là jouent vraiment ensemble, arrivent à partir sans se forcer dans des plans à haute teneur énergétique qui rendraient malade de jalousie tous les tacherons noise du monde civilisé (et même des gros bras hardcore pas avares en prétention). Bon, admettons aussi que nos trois stooges se perdent parfois en route, qu’ils peuvent s’essouffler et patiner mais ils retrouvent toujours très facilement la voie de la déraison et du bordel meurtrier… enfin, ça c’est la théorie. Car si Slap tonitrue fort bien au démarrage, la musique d’Offonoff se met par la suite à louvoyer beaucoup trop fréquemment puis se coltine une fin en demi teinte, au bout d’une demi heure on attend toujours que la machine reparte pour de bon mais non, le trio est sur la pente douce et l’auditeur hérite d’une queue de poisson en guise de dessert malgré un vague sursaut de toute dernière minute. Le début de Tickle est dans la même veine, hésitante et bavarde, la crainte que ces trois là soient à leur tour tombés dans les pièges de l’improvisation libre qui n’écoute qu’elle-même quitte à se noyer dans son nombril se confirme malheureusement. Lorsque la guitare reprend les commandes et que basse et batterie embrayent derrière on respire enfin de soulagement et Slap & Tickle se retrouve in extremis sauvé d’un sentiment habituellement très vexant d’indifférence. Bien mais peu mieux faire, et largement.