mercredi 28 octobre 2009

Krallice / self titled





















Il va falloir que je me dépêche un peu : voilà plus d’un an que cet album a été publié et déjà Profound Lore annonce son successeur sous le nom de Dimensional Bleedthrought pour le 10 novembre prochain. En bon suiveur de toutes les modes et de toutes les hypes, je n’ai en effet pas pu m’empêcher de jeter une oreille sur le premier album sans titre de Krallice, alléché par des commentaires étonnement élogieux venant de personnes de bon goût me vantant soudainement ce tout nouveau groupe de black metal. Comme je suis également très nettement influençable je peux même dire que j’ai couru, sûrement la peur de rater éventuellement quelque chose d’important et de primordial. Cette chose est donc un groupe composé entre autres d’un membre de Dysrhythmia (dont j’ai un jour décidé qu’il était parfaitement inécoutable) et surtout de Mick Barr - de Orthrelm et de beaucoup d’autres trucs encore, un éternel complice de ce gros cinglé de Weasel Walter et un type capable du meilleur comme d’imiter à la perfection et avec une guitare la mélodie d’une scie sauteuse attaquant la boîte crânienne et les fondamentaux politiques d’un idéologue néolibéral sectaire mais capable également du pire comme de se prendre pour Eddie Van Halen en pleine éruption d’acné guitaristique. A côté le trip équarisseur de tympans de Steve Mattos d’Athletic Automaton c’est de la roupie de sansonnet voire même de la galéjade de sudistes.
Krallice et Profound Lore (également label des excellents Cobalt), les deux font la paire suis-je également tenté de dire, pour en finir définitivement ou presque avec le chapitre de ce qui est hype et de ce qui ne l’est pas. En matière de black metal, si on excepte la fascination morbide exercée par quelques connards norvégiens, on ne peut pas dire qu’il y ait grand-chose de drôle à se mettre sous la dent - et dans la cervelle, fût ce t-elle assaisonnée à la chevrotine - mis à part l’invention du nom black metal par un groupe qui n'avait rien à voir avec l'histoire qui a suivi (Venom) et dont l’apparat et la théâtralité me faisaient mourir de rire lorsque j’étais collégien, les chansons Countess Bathory ou Warhead restant elles d’excellents souvenirs.
Le black pratiqué par Krallice est épique et ultra mélodique mais totalement influencé par les norvégiens si dessus mentionnés : le son de cet album est brut et cru, les rythmes sont effrénés, on est du côté des meilleurs Darkthrone et surtout des meilleurs Emperor (pour ma part l’époque entre Wrath Of The Tyrant et In the Nightside Eclipse), ni plus ni moins. La rugosité de la production n’empêche cependant pas deux immenses qualités : la batterie sonne merveilleusement organique (à mille lieues de l’option boite à rythmes trop prévisible d’un Marduk) et on entend parfaitement la basse, au son puissant presque hardcore, jouée à l’enregistrement par Mick Barr ou Colin Marston, le groupe a depuis engagé un bassiste pour ses concerts. Pour le reste, c’est du black metal avec son lot d’arpèges grandiloquents soutenus par des riffs flirtant avec le monstrueux, ses vocaux possédés et ses structures à tiroirs - le black metalleux emploie forcément le terme de épique, il ne saurait ici être question de progressif. Pointent à divers endroits quelques stridences ébouriffantes - du pur Mick Barr donc, et en très grande forme qui plus est - et des mélodies plus tordues et moins niaises que la moyenne constellent un album surpuissamment évocateur (je veux dire des mélodies pas délicieusement niaises comme chez Wolves In The Throne Room). C’est même la qualité numéro un du disque : un songwriting de haute volée qui vous arrache des frissons de jouissance - putain de montées maléfiques ! - et lorsque une telle qualité est alliée à une violence d’exécution parfaite et une noirceur quasiment intégrale on ne peut qu’en chialer dans son hydromel. Tout simplement énorme et plus que quelques petites semaines avant la parution du deuxième album.