mercredi 30 septembre 2009

Scul Hazzards / Landlord























Faisons une expérience : écoutons Let Them Sink, premier véritable album des australiens de Scul Hazzards et enquillons avec le deuxième album du groupe, Landlord. Vous voyez où je veux en venir ? Le difficile passage du deuxième album et tout ça ? Ces grosses conneries de rock critic ventru ou de fanzinard quarantenaire ? Ces deux albums ont été publiés en France par Rejuvenation records, label de bon goût bien que parisien, un label dont on espère sincèrement qu’il finira un jour par exaucer son rêve le plus cher : publier un véritable album des excellents noiseurs anglais Silent Front (c’est aussi un peu mon rêve bien que personnellement je ne peux rien faire pour qu’il se réalise… enfin, rien mis à part cracher dans la marmite aux crapeaux). Mais, soyons honnête, dans cette lourde et aventureuse tâche Rejuvenation n’est pas tout seul : Les Disques Du Hangar 221, Whosbrain records, Shot Down et Bigoût records (le label des Kiruna Boyz) se sont également associés pour publier Landlord. Plus on est de fous et… et plus on est de fous - quelle idée aussi de sortir des disques, surtout en vinyle, alors que plus personne n’en achète ?
La grosse qualité de Let Them Sink, outre ce foutu son tendu et nerveux conduit par une basse énorme (Rickenbacker power) c’était d’être truffé de tubes évidents. Un noise rock lorgnant plus du côté d’Amphetamine Reptile records (les mélodies sous-jacente à la Hammerhead) que de la sainte trinité Big Black/Rapeman/Shellac. Oh ! Rien de franchement nouveau c’est vrai mais du bon rock’n’roll bruitiste dégoulinant de sperme et de sueur avec une obsession non feinte pour les guitares qui cisaillent. L’un des albums de l’année 2008.
Landlord est à peine moins bon. Et voilà un album qui va même peut être arriver à me persuader qu’il est meilleur que son prédécesseur. Passé le moment de flottement qui fait dire je suis déçu en bien et puisque il était prévisible que Scul Hazzards n’allait pas changer sa recette miracle, Landlord débaroule et s’impose comme un album majeur dans le genre pour cette présente année. C’est l’énergie, la rythmique impartiale et le grésillement des guitares chauffées à blanc qui priment à nouveau. Et toujours cette basse imposante qui ne fait pas rire. Si on objecte que Landlord contient moins de matériel tubesque que Let Them Sink on n’aura pas tort : Landlord joue encore plus la carte du dépouillement, de l’aridité et des éclats de violence qui volent dans tous les sens, abandonnant toute idée d’accroche mélodique (et se rapprochant ainsi un peu plus de Shellac). Sauf que les Scul hazzards sont extrêmement persuasifs et que même épurées jusqu’à leur substantifique moelle, leurs chansons rentrent dans la tête pour n’en ressortir qu’après les ravages d’usage (What They Need, qui plus est doté d’un solo de guitare parfaitement ridicule sur trois notes, exactement comme je les aime). Enfin, Landlord se conclut sur les deux meilleures chansons que les australiens ont sans doute jamais écrites - l’écrasant Keep Quiet et l’imparable Killing Floor Blues - et d’une manière générale c’est la face B de ce disque, largement supérieure à la première, qui finira de convaincre les plus réticents.

[Suite à la fort malencontreuse annulation du concert du 27 avril dernier en compagnie de My Disco, les Scul Hazzards sont reprogrammés, toujours au Sonic de Lyon, ce vendredi 2 octobre. C’est un concert organisé par S.K. records, Bigoût records et Maquillage & Crustacés avec également Burne à l’affiche]