Ceci doit être le troisième album de Bellini. Encore un disque avec lequel il fallait prendre son temps. Charmeur aux premiers abords, beau sans aucun doute, poignant parce que délivrant avec élégance quelques notes d’une tristesse indicible : la séduction opère bel et bien et hop, au suivant ! Non… pas si vite. The Precious Prize Of Gravity n’est pas qu’un énième album de noise rock racé et nerveux, emmené par une belle voix féminine pleine de fêlures, des guitares dentellières et un couple rythmique funambule (Matthew West Taylor à la basse et Alexis Fleisig de Girls Against Boys à la batterie). The Precious Prize Of Gravity et son artwork laidissime digne d’un groupe de prog 70’s est un disque trompeur. Très loin de n’être qu’un moment agréable de noise rock dissonant et sec - sec parce que bien évidemment enregistré et mixé par Steve Albini à l’Electrical Audio et masterisé par Bob Weston (et oui les deux font la paire). The Precious Prize Of Gravity est d’une âpreté qui donne mal au cœur tant elle se révèle charmeuse par ailleurs. Le venin a une belle couleur. On mord dans la pomme à pleines dents et le rêve plaintif qui nous surprend vire à la déambulation inquiétante et au cauchemar acide. Un hoquet de l’âme.
De cette grosse demi-heure de passions à peine rentrées on retient le songwriting finement incarné et efficace du couple Giovana Cacciola (voix) et Agostino Tilotta (guitare), tous deux en provenance directe d’Uzeda, groupe italien dont le travail est quasiment indissociable de celui de Bellini. On retient surtout ces lignes de guitare tordues, complexes, surprenantes mais jamais gratuites ou absconses. Un fort pouvoir d’accroche mélodique mais par la petite porte, celle de la séduction indirecte et insidieuse. Du poison là aussi. Petite fantaisie, l’instrumental The Man Who Lost His Wings flirte subtilement avec quelque ritournelle country punk pleine d’élégance (si, c’est possible) au thème récurrent et qui semble avoir été posée là par pur hasard. Pourquoi pas. The Man Who Lost His Wings est le seul moment flagrant de respiration et de calme relatif de The Precious Prize Of Gravity dont le pinacle émotionnel est The Thin Line, une chanson interprétée avec l’aide d’Andy Cohen et Tim Midgett (ex Silkworm, maintenant dans Bottomless Pit, pas vraiment indispensable) et de loin le passage le plus émouvant de ce disque malgré sa tournure trop typiquement indie américain.
Temporary Residence, label qui en 2008 avait déjà réalisé un coup de maître en sortant l’album Old Wounds des Young Widows réédite donc l’exploit avec ce nouvel enregistrement de Bellini et confirme qu’il n’est pas qu’un pourvoyeur en post rock symphonique grandiloquent. Voilà assurément l’un des disques majeurs de 2009 et, petit plaisir supplémentaire destiné aux collectionneurs maniaco-dépressifs, The Precious Prize Of Gravity est disponible dans un pack LP + CD assez élégant que l’on préférera forcément au CD digipak.
Temporary Residence, label qui en 2008 avait déjà réalisé un coup de maître en sortant l’album Old Wounds des Young Widows réédite donc l’exploit avec ce nouvel enregistrement de Bellini et confirme qu’il n’est pas qu’un pourvoyeur en post rock symphonique grandiloquent. Voilà assurément l’un des disques majeurs de 2009 et, petit plaisir supplémentaire destiné aux collectionneurs maniaco-dépressifs, The Precious Prize Of Gravity est disponible dans un pack LP + CD assez élégant que l’on préférera forcément au CD digipak.
[et on ne peut que se réjouir de la venue demain soir au Sonic de Bellini, d’autant plus que ce sont les excellents Chick Peas qui joueront en première partie]