Affirmer que Location Location représente l’heure de vérité pour Ahleuchatistas serait employer des termes un peu trop forts : si ce sixième album est en effet le premier a avoir été enregistré uniquement à deux après le départ du très étonnant bassiste Derek Poteat, nous préférerons toujours parler de nouveau démarrage pour un groupe qui jusqu’ici ne s’est jamais réellement montré décevant. Ahleuchastistas à deux (Shane Perlowin : guitare, effets et boucles et Ryan Oslance : batterie et percussions) n’a effectivement pas énormément de points communs avec le Ahleuchatistas à trois mais la désaffection de Poteat n’en est pas la seule raison : le groupe a également changé de batteur en 2008 et Sean Dail, que l’on peut écouter sur les quatre premiers albums du groupe, avait vraiment un jeu de batterie très différent de celui de Ryan Oslance.
Malgré tout, on reconnait ça et là sur ce tout nouveau Location Location des éléments déjà connus et appréciés, surtout – et fort logiquement – dans le jeu de guitare de Shane Perlowin bien que celui-ci ait désormais beaucoup recours aux pédales d’effets et autres loopers. Le bonhomme avait également démontré sur un premier album solo, The Vacancy Of Every Verse, qu’il pouvait et surtout savait aller voir ailleurs. De fait toutes les conditions et suffisamment de nouvelles inconnues étaient réunies pour qu’Ahleuchatistas nous étonne et nous ravisse encore une fois. Location Location ne pouvait être qu’un disque aussi bluffant que passionnant.
Mais faisons un petit retour en arrière : la réécoute de Of The Body Prone, disque jugé assez sévèrement ici à l’époque et seul enregistrement d’Ahleuchatistas avec le line-up Perlowin/Poteat/Oslance, s’éclaire d’un jour nouveau et bien plus favorable. On y pointe du doigt une formule certes bancale mais qui suggère que le groupe était perdu entre plusieurs directions, plusieurs options et qu’il n’avait pas su choisir – et surement était-ce également trop tôt pour enregistrer et précisément faire un choix, l’arrivée du nouveau batteur étant encore trop récente et les relations entre les trois musiciens pas encore suffisamment stabilisées. Réécouter Of The Body Prone permet donc bien de déduire un phénomène d’évolution naturelle dont le départ de Derek Poteat n’est pas seulement la conséquence mais surtout le catalyseur : nouveau line-up = nouvelles contraintes = nouvelles possibilités = nouvelle musique.
Malgré tout, on reconnait ça et là sur ce tout nouveau Location Location des éléments déjà connus et appréciés, surtout – et fort logiquement – dans le jeu de guitare de Shane Perlowin bien que celui-ci ait désormais beaucoup recours aux pédales d’effets et autres loopers. Le bonhomme avait également démontré sur un premier album solo, The Vacancy Of Every Verse, qu’il pouvait et surtout savait aller voir ailleurs. De fait toutes les conditions et suffisamment de nouvelles inconnues étaient réunies pour qu’Ahleuchatistas nous étonne et nous ravisse encore une fois. Location Location ne pouvait être qu’un disque aussi bluffant que passionnant.
Mais faisons un petit retour en arrière : la réécoute de Of The Body Prone, disque jugé assez sévèrement ici à l’époque et seul enregistrement d’Ahleuchatistas avec le line-up Perlowin/Poteat/Oslance, s’éclaire d’un jour nouveau et bien plus favorable. On y pointe du doigt une formule certes bancale mais qui suggère que le groupe était perdu entre plusieurs directions, plusieurs options et qu’il n’avait pas su choisir – et surement était-ce également trop tôt pour enregistrer et précisément faire un choix, l’arrivée du nouveau batteur étant encore trop récente et les relations entre les trois musiciens pas encore suffisamment stabilisées. Réécouter Of The Body Prone permet donc bien de déduire un phénomène d’évolution naturelle dont le départ de Derek Poteat n’est pas seulement la conséquence mais surtout le catalyseur : nouveau line-up = nouvelles contraintes = nouvelles possibilités = nouvelle musique.
On remarquera également en quatrième position de Location Location un Heraclitean découvert auparavant sur un split paru chez Gaffer records et qui nous avait alors intrigués, puis réellement emballés. Heraclitean joue le rôle de balise sur ce nouvel album : titre à la fois rassurant (lorsque on apprécie son excellence) et surtout porte entr’ouverte sur le « nouvel » Alheuchatistas. « Entr’ouverte » seulement parce qu’il y vraiment beaucoup d’autres choses sur ce disque. Comme ces jeux de sonorités dissonantes et ces répétitions obsédantes qui lorgnent du côté du gamelan (la première partie de A Little Effort Goes Away, avec une guitare proche de celle du premier mini LP de Sonic Youth et enregistré en concert), de l’Afrique (Mistaken Identity) ou des expérimentations bruitistes d’un This Heat (Channel Zero) mais qui échappent également à toutes évidences (No Sleep et Our National Anthem, deux titres assez courts mais sans intention de remplissage ou d’intermède).
Sur les deux tiers du disque Ahleuchatistas sait jouer du décalage entre le jeu très touffu, très dense et très percussif de Ryan Oslance et les nappes et boucles de guitare de Shane Perlowin, plus lentes et plus étalées, proche du brouhaha, à la fois palpables et presque distantes. Cela donne un côté assez irréel et en suspens à la musique du groupe. Mais cela n’exclue pas non plus de la part d’Ahleuchatistas quelques belles parties bien plus frénétiques pendant lesquelles batterie et guitare se retrouvent davantage au diapason et renouent avec un rock instrumental davantage dynamique – sans être mathématique – et performant (Waterboarding, Heraclitean, Second Self, Blind way et le génial Israel) tout en continuant malgré tout d’utiliser cette faculté à créer un vide ou un décalage entre les deux musiciens pour le remplir aussitôt. La mutation d’Ahleuchatistas est complète et surtout permet à Ryan Oslance de se faire une véritable place au sein du groupe et au cœur de sa musique. Cela confirme surtout d’Alheuchatistas n’est toujours pas un groupe à négliger. Et pour les avoir vus en concert à l’automne dernier sous cette formation de duo, on peut également vous dire qu’Ahleuchatistas est également plus que jamais à découvrir sur scène.
[tout comme The Vacancy Of Every Verse, l’album solo de Shane Perlowin, Location Location a été publié par Open Letter records, le propre label du guitariste – le meilleur et le seul moyen de se procurer ces deux disques c’est de passer directement par là]