vendredi 17 juin 2011

Fordamage / Belgian Tango


Belgian Tango
est le deuxième album de Fordamage, publié en 2008 chez Kythibong. 2008… soit un gouffre temporel en matière de musique, un laps de temps suffisant en tous les cas pour tout oublier d’un disque, de la musique qu’il contient et pour se dire, après une réécoute aussi tardive que dilettante « non mais qu’est ce que c’est que cette horreur ? comment ai-je pu écouter ce disque ? comment ai-je pu aimer ce groupe ? rhââââ la honte, il faut vite que je me débarrasse au plus vite de cette chose aussi encombrante que préjudiciable à ma réputation d’homme de bon goût ».
Voilà… Tu écoutes des disques à la chaine, tu chroniques à la vitesse de l’éclair, tu distilles du jugement de manière aussi péremptoire qu’inappropriée, tu es profondément injuste, tu craches sur des disques que quelques mois ou quelques années plus tard tu trouveras positivement excellents – alors qu’à l’époque tu les avais jugés tellement merdiques que pour l’affirmer haut et fort tu avais déployé des trésors de méchanceté qui t’avaient alors valu le courroux de quelques uns mais l’admiration de tous les amateurs de bons mots – ou alors tu encenses des groupes innommables mais tu ne t’en rends même pas compte, lorsque tu le feras ce sera trop tard, ce sera la honte ultime et tu n’auras plus, si tu n’es qu’un pauvre webzinard ou un blogueur obscurantiste, qu’à effacer la dite chronique de ton site que personne d’autre que toi ou quelques uns de tes potes chômeurs ne lit, hop, ni vu ni connu, comme si de rien n’était, vive le réajustement dialectique, les bienfaits du politburo, la propagande de la vérité absolue et indéfectible. Car oui, comme le disait l’autre, les chroniqueurs de disques sont de sacrés trous du cul. Mais ils aiment ça. J’aime ça. Donc je continue.





















2008 c’est donc l’année de la première parution de Belgian Tango, aujourd’hui réédité en vinyle, évidemment sur le même label. Que l’on se rassure, ce disque est toujours aussi bon, on apprécie toujours autant Fordamage et, trois ans après, on se dit que l’on a été bien inconstant et bien idiot de ne pas avoir réécouté cet album un peu plus souvent. On regrette seulement que le groupe n’ait pas réellement quelque chose de neuf à nous proposer bien que sur ce LP il y ait une version réenregistrée de Clean Dirty Water – oui on veut un nouvel enregistrement, du concret quoi, mais mon petit doigt me dit que cela ne saurait peut être tarder.
Pour celles et ceux qui auraient raté les premiers épisodes – un premier album sans titre certes moins réussi en 2006 puis ce Belgian Tango totalement revigorant bien que touffu – Fordamage c’est quatre jeunes gens qui pratiquent une noise offensive et spectaculaire mais toujours pleine de ressources, bien proportionnée, haletante et hérissée de toutes parts, jamais inutilement tarabiscotée ou ostentatoire mais toujours avec non pas une certaine délicatesse mais des surprises qui surgissent ça et là, des (bonnes) idées qui fusent pour un noise rock toujours offensif et urgent, rarement caressant quoi que finaud à l’occasion et définitivement trépidant.
On reconnait certains emprunts à The Ex – cette fin surprise sur Minefield & Cannonmen, quelques réminiscence également sur Blitz To Target ou Clean Dirty Water, surtout dans son ancienne version – alors que Bounce Up ferait plutôt carrément penser à du Chinese Stars. Mais surtout Fordamage reprend à son compte ce son que l’on aime tant, la basse omniprésente qui claque et les guitares qui tranchent vif et bien (Monosourcil est il réellement un hommage velu à Todd Trainer ?). On se délecte de ces dix compositions rondement menées qui alternent expositions mélodiques et explosions soniques, du travail d’orfèvre mais surtout un intérêt jamais démenti. On apprécie la complémentarité des voix car oui il y a une fille dans le groupe et elle ne fait pas que jouer de la guitare (désolé, pas de blague machosexiste sur les filles bassistes dans les groupes de rock cette fois ci).
L’autre intérêt de ce LP – en dehors du fait qu’il permet comme tous les LPs d’admirer en grand la superbe illustration de la pochette – laquelle illustration est précisément l’œuvre de la guitariste/chanteuse de Fordamage, on parle toujours de la même personne – c’est donc une version rallongée de Clean Dirty Water enregistrée en concert au Ferrailleur de Nantes en compagnie des Wagys c'est à dire une tripotée de musiciens et amis du groupe parmi lesquels on reconnait (dans le désordre et parfois de manière totalement incestueuse) des membres de Room 204, Papier Tigre, Pneu, Papaye, Marvin mais aussi un Healthy Boy ou un ingénieur du son renommé. Du beau linge et une partouze sonique fort réjouissante bien que, fort malheureusement, le fuckfest d’after concert n’a pu être filmé. Le tango belge, c’est un peu comme le pot du même nom, on ne sait pas trop ce qu’il y a dedans mais les effets sont radicaux.