jeudi 23 juin 2011

Honey For Petzi / General Thoughts And Tastes






















Une fois n’est pas coutume, commençons cette chronique de General Thoughts And Tastes d’Honey For Petzi (c’est quelque chose comme le sixième album du trio suisse, déjà) par une citation en bonne et due forme du mode d’emploi/biographie jointe avec le disque : « Les oreilles avisées croiront peut être y déceler l’efficacité pop d’un Pinback, l’art mélodique osé du Genesis de Musical Box ou les synthés vintage de la french touch ». Le service Propagande & Mensonges de 666rpm m’aurait incité à bêtement recopier* de telles assertions que je me serais étranglé de rage dans la seconde. Pinback, passe encore… mais Genesis (en l’occurrence celui où Peter Gabriel et Steve Hackett en étaient encore les chanteur et guitariste) ainsi que la french touch doivent bien faire partie des deux ennemis jurés parmi les plus honnis de toute la galaxie musicale contre laquelle je me bats tous les jours, seul contre tous, ta gueule.
Mais tout est dans ce « peut être » qui laisse quelques portes suffisamment ouvertes pour ne pas avoir envie de les refermer tout de suite. Honey For Petzi était programmé lors de la première édition du festival Africantape, le vendredi 29 avril 2011 à Lyon, et celles et ceux qui ont assisté à ce concert** en sont pour la plupart ressortis enchantés, seuls quelques grincheux ont osé élever la voix et quelques protestations mais s’agissant de vieux noiseux hystériques et traditionnalistes, cela ne compte pas. Pour ma part, je n’ai pas pu assister à ce concert pour des raisons purement techniques et je le regrette encore...
Je le regrette d’autant plus que General Thoughts And Tastes est un disque merveilleux de pop aérienne, élégante et lunaire. On connaissait les Honey For Petzi plus férus de math rock et autres pignolades pour extrémistes musicaux n’acceptant la virtuosité musicale que sous certaines conditions, on redécouvre le trio sous un jour enchanteur, subtilement ensorcelant et magique. Faire de la bonne pop ce n’est pas donné à tout le monde – alors que nombre d’incapables prétendent en faire – or voilà un groupe qui se réinvente effectivement quasiment totalement entre constructions mélodiques doucereuses et harmonies célestes (Strategy, Bravery, Honour ou Made Of Concrete), délaissant totalement les gimmicks chers à l’ancien Honey For Petzi, celui où les tourneries et alambicades fleurissaient à chaque coin de titre.
On pense parfois à Blonde Redhed – pas celui des débuts, ni celui de maintenant mais celui entre les deux, d’un album comme Melody Of Certain Damaged Lemons, une limite au delà de laquelle le groupe new-yorkais n’aurait jamais du se risquer – et c’est même flagrant sur It Comes From Within. Handmade Cloaks et Late Night Tale évoquent plus volontiers le Gary Numan de Tubeway Army (entre l’album Replicas et The Pleasure Principle) alors que Strategy, Bravery, Honour serait comme du Bowie en pleine transition entre glam désincarné et rêve berlinois. Rajoutons même, uniquement pour le plaisir, le très Lennonien Faces. On admettra que derrière ce déluge de références plus ou moins prestigieuses mais incomparablement moins nauséabondes que Genesis***, Honey For Petzi excelle en matière de compositions pop et surtout de l’interprétation de celles-ci. Malgré son titre et sa pochette de conférenciers universitaires, General Thoughts And Tastes ne généralise jamais (sauf certains bonheur tels que l’émotion et le sourire béat qui l’accompagne nécessairement) mais au contraire va droit au but, aussi franchement mais délicatement que possible. Un vrai petit bijou.
* ce qui est une pratique courante, il n’y a pas très longtemps je suis retombé sur cette coupure de presse concernant le deuxième passage de Turbonegro au Pezner en 1998 et que j’avais religieusement conservé en vue d’éventuelles poilades futures, ce qui n’a pas manqué de se produire
** cette vidéo a été filmée et montée par Lionel DarkGlobe, merci à lui
*** mais puisque vous semblez insister… un point commun, même tiré par les cheveux, entre David Bowie et Genesis ? Et bien Phil Collins a joué sur l’album Another Green World de Brian Eno