Nouvelle sortie du label Whosbrain – dont on parle assez souvent par ici parce que oui, on aime vraiment bien ce qu’il propose en général – avec Haro !, le deuxième album de Myself. Le premier, Me, était déjà sorti sur le même label en 2007. Myself c’est donc un trio saxophone + voix/guitare/batterie et rien que le line-up devrait un peu nous mettre la puce à l’oreille… il y a effectivement beaucoup de freeture là dedans, laquelle est quasiment perpétuellement en ébullition. Mais Myself c’est bien plus que du jazz + rock qui s’encanaille ou du free qui décoiffe, Myself c’est aussi et surtout une formidable et quasi constante dépense d’énergie et un sens du bruit peu commun.
Le groupe a même l’air de particulièrement apprécier les structures alambiquées qui transpirent, les explosions soniques qui font mal et on remarque d’emblée le jeu assez spectaculaire d’un batteur dont on apprend par ailleurs qu’il joue également dans Zakarya, projet Klezmer punk ayant réussi l’exploit de sortir deux albums sur Tzadik (et qui a également réussi à ne pas me faire fuir il y a quelques années lors d’un passage retentissant à Jazz A Vienne). Ce pedigree ne doit pas effrayer l’amateur de sensations fortes car – même si l’étiquette « jazzcore » que l’on colle souvent sur le dos de Myself me parait un tantinet inappropriée ou tout du moins incomplète – voici parfaitement le genre de disque qui plaira aux amateurs de (dans le désordre) noise, punk, no wave, free jazz et improvisation libre.
Contrairement à leurs collègues des Yeux De La Tête qui mettent en avant un côté et une assise résolument rock, pour ne pas dire noise rock, Myself privilégie plutôt l’agression constante et psychopathe, le délire caractériel, les ébouriffades nihilistes et mâtine le tout d’effets additionnels qui donnent à l’ensemble un côté plus expérimental voire même industriel (le guitariste est également crédité comme looper et électronicien, le batteur joue aussi du synthétiseur). Comme si donc on n’en avait pas assez des cavalcades de batterie, des hurlements de saxophone et des grincements de guitares, Myself – qui n’en est plus à une mauvaise action près – aime également nous terroriser avec des samples et autres bruitages incongrus bien que toujours bienvenus et qui font toute la différence. Et puis il reste le chant, outré et criard souvent, mais qui sait à quelques occasions également prendre des accents plus rauques (du coup My Favourite Foe, également doté d’une bonne grosse basse, a de vrais faux airs AmRep) voire plus germaniques, un peu comme chez Alboth! naguère. Voilà donc une excellente surprise que ce Haro ! et Myself est assurément un groupe auquel il faut s’intéresser de plus près et qui reste à découvrir en concert, tant sa musique semble tenir de promesses question dévastation auriculaire et laminage de cortex.