jeudi 30 juin 2011

White Suns / Waking In The Reservoir






















Simplement préciser que les White Suns ont publié Waking In The Reservoir sur ugEXPLODE, le propre label de Weasel Walter (également crédité au mastering), devrait suffire non pas pour cerner complètement ce groupe new-yorkais mais au moins pour avoir une bonne petite idée de la chose. Non seulement cela permet de caler cette musique sur une échelle violence/trépanation auditive allant de 0 à 9 – on mettra environ 6.5 ou 7 à White Suns, donc pas beaucoup plus qu’un vulgaire groupe de death metal old school ou de grind core – mais surtout cela en dit long sur le niveau de White Suns car, on l’aura remarqué, ce n’est pas tous les jours que le maître publie lui-même des disques sur lesquels il ne joue pas la moindre note. Merci Weasel.
White Suns c’est donc trois jeunes gens à la guitare, à la batterie/percussions, à la voix et aux bruits divers et variés. Du chaos hurlant au kilomètre, de la dissonance en mode production industrielle, du tribalisme percussif pour faire tomber des pluies acides et déclencher des tsunamis en mer du Japon, des gorets qu’on égorge, une froideur quasi insoutenable malgré le côté on ne peut plus rentre dedans de cette musique et de la haine (musicale, on est ici dans la posture) à tous les étages. Bien. Mille fois bien, je voudrais faire des raccourcis aussi explicatifs que saisissants je dirais que les White Suns c’est le sens du bruit d’un Missing Foundation joué avec toute la furie des Flying Luttenbachers – vous voyez le genre ? L’indus, la noise, le harsh et le metal, moulés ensemble dans la même louche et balancés à l’aveugle ? Voilà.
Sur la deuxième partie de Waking In The Reservoir White Suns se permet toutefois quelques variantes et autres coquetteries d’artistes. En début de face B Voyeur est bien dans la droite lignée de tout le début de l’album mais le morceau titre – faut il y voir comme une profession de foi ? – démarre pas quelques variations pour grincements et stridences qui s’épanouissent au fur et à mesure que quelques impacts percussifs tombent ça et là, sans toutefois basculer dans l’insoutenable (même si vous n’avez jamais bouffé de Merzbow au petit déjeuner). Bedsores c’est à nouveau du White Suns avec voix et instrumentation classique – hum – mais pour la première fois le groupe néglige la confrontation directe ainsi que toute tentative de trépanation à la perceuse électrique en étirant le titre au delà du raisonnable (pense-t-on en premier lieu) mais de façon tout à fait justifiée : ce passage final pendant lequel la musique s’allège enfin pour laisser la place à une atmosphère viciée et donc pas forcément plus respirable que précédemment vous donne des frissons de terreur consentie particulièrement revigorants. Waking In The Reservoir est bien le genre de disque qui vous fait aimer avoir mal.