mardi 21 juin 2011

Cyclo. / Id





















C’est presque une surprise : dix ans exactement après un premier album sans titre et à l’emballage futuriste, Cyclo. revient avec un tout nouvel album, Id. Cyclo. c’est un peu la dream team de l’electro minimale puisque le duo n’est autre que la réunion de Carsten Nicolai aka Alva Noto et de Ryoji Ikeda – alors autant dire que sur papier on n’a jamais rêvé mieux que ce groupe.
Mais aussitôt un tel disque soulève quelques interrogations : le style dans lequel évoluent les deux hommes est tellement similaire, les deux musiciens ont une façon de composer tellement identique que l’on peut se demander quel est l’intérêt d’une telle entreprise. Car, n’y allons pas non plus par quatre chemins, ni Alva Noto ni Ryiji Ikeda ne s’embarrassent ici réellement de nouveautés ou de digressions stylistiques, nos deux jumeaux musicaux restant parfaitement fidèles à l’esprit et la forme d’une musique qu’ils ont pleinement contribué à mettre en place pour ne pas dire inventer il y a environ une quinzaine d’années. En clair, on aurait directement affaire à un album solo d’Alva Noto ou de Ryoji Ikeda que l’on y verrait que du feu. Impossible également de dire qui a fait quoi sur ce disque, la patte de l’un se confondant parfaitement avec l’autre.
Pourtant Id n’est pas une véritable déception en ce sens que l’on sait depuis longtemps que l’un comme l’autre des musiciens est parfaitement incapable de sortir de son univers habituel – mis à part peut être Alva Noto lorsqu’il a collaboré avec Ryuichi Sakamoto pour une petite poignée d’albums aussi beaux que redondants – mais on en attendait tout de même un peu plus… réécouter le tout premier album de Cyclo. n’apporte d’ailleurs pas grand-chose non plus à l’affaire car si à l’époque (2001) on pouvait encore s’ébahir de ce genre de musique froidement digitale et aux répétitions cérébrales, musique que l’on découvrait alors comme en état de grâce, aujourd’hui on en a vus et surtout entendus beaucoup d’autres, parfois les élèves ayant même à l’occasion dépassé les maîtres (Byetone).
Mais trêves de critiques : Id, malgré son côté déjà entendu, borné et prévisible, est un excellent disque. Non seulement il s’améliore au fil de son écoute – s’il peine à convaincre à son début il se révèle excellent sur sa seconde moitié – mais surtout il se bonifie au gré des écoutes successives. On croit remarquer qu’il est légèrement plus axé sur les cassures et fractures sonores que les autres travaux de Ryoji Ikeda et surtout d’Alva Noto, développant ces effets de boules de flipper rebondissantes et virevoltantes qui ont peut être donné son nom au duo (il est facile d’établir une analogie avec des trajectoires sphériques qui se recouperaient en plusieurs points, un peu ce que montrent les schémas pseudo explicatifs inclus dans le livret du premier album). Mais c’est bien tout. Ce qui règne ici c’est une sorte de mécanique digitale régulièrement perturbée et déviée par des accidents sonores qui à leur tour prennent eux-mêmes la place de la mécanique originelle.
Détail amusant, Id existe également sous la forme d’un vinyle 12’ de couleur blanche, contenu dans une pochette entièrement transparente et qui contrairement au CD 11 titres ne compte que quatre plages. L’objet ne comporte ainsi que les titres Id #3, Id #5, Id #6 et Id #9 et les deux faces tournent à la vitesse de 45rpm. Les geeks et obsédés monomaniaques auront bien évidemment remarqué que sur la deuxième face les titres Id #6 et Id #9 ont tout simplement été inversés au pressage.