Retour du côté du label Basses Fréquences et du one man band This Quiet Army – à propos duquel on avait vanté les mérites de l’album Aftermath – avec cette fois-ci un enregistrement en collaboration avec le britannique Yellow6 – Jon Attwood de son vrai nom. Bien que ce dernier revendique quelque chose comme 80 albums en un peu plus de dix années d’existence solo et d’activité invraisemblablement intense, je dois avouer que je suis presque totalement ignorant de la musique du monsieur. On peut aller faire un petit tour sur la partie audio/video du site internet officiel de Yellow6 pour en connaitre davantage.
Comme le suggère le dépouillement de l’illustration de sa pochette ainsi que son titre, Death est un album aussi austère que glacial. Un peu trop même, de prime abord. Ce n’est pas que l’on s’ennuie mais – un « mais » qui n’est ni fatidique ni rédhibitoire, je vous rassure tout de suite – il faut vraiment avoir envie de se plonger dans ces strates de guitares en mode vaisseau fantôme. La brumisation romantique et contemplative on connait déjà mais on évitera de parler ici de drone tout simplement parce que les deux guitaristes semblent se compléter et se répondre constamment, dans un dialogue aérien et humide qui tient plus du tournoiement et surtout de la conversation que de l’étalement, même si les trois titres peuvent être excessivement longs (respectivement 7, 12 et 17 minutes) et surtout pauvres en rebondissements, rebondissements dans le sens classique du terme.
Musique contemplative inspirée par les carpettes bouddha zen d’une sombre béatitude, Death ne vous dérange jamais mais ne vous endort pas non plus : les deux musiciens sont passés maîtres dans l’art de faire vibrer une guitare et à moins d’être totalement réfractaire aux sonorités popularisées à partir de la fin des années 90 par des gens aussi différents (mais finalement avec des idées convergentes) que Godspeed You! Black Emperor, Le Fly Pan Am, Christian Fennesz et Tim Hecker, Death est un océan mélancolique – le titre Sand restitue très bien comme une impression de ressac paresseux – et un havre de paix entre deux eaux, telle une situation inconfortable dont on sait malgré tout se contenter parce que cela pourrait être pire. Death finit ainsi par mettre mal à l’aise, la beauté des sons se tournant petit à petit vers le vénéneux, d’abord de façon subliminale, puis franchement (le final de Salt, plus éprouvant qu’il n’y parait avec cette acidité qui dérape).
Death est disponible uniquement en format vinyle, un beau LP noir ou un LP doré, les deux comprennent un code permettant de télécharger le disque dans son intégralité. Death fait aussi et surtout partie d’un dytique dont la seconde partie, Valley, vient tout juste de paraitre, toujours sur le même label. Et justement, pour se tenir au courant des publications Basses Fréquences et surtout pour écouter quelques uns de ses disques, le label est désormais également hébergé par bandcamp. Et puis rappelons que le mailorder de Basses Fréquences est toujours aussi bien fourni.