Comme je n’en suis plus à une incohérence près, on va causer d’un groupe particulièrement doué dans le domaine du gratouillis auto satisfait et de la branlette instrumentale. Des pros du math rock et du jazz noise, des musiciens infréquentables mais tellement convaincants sur disque et sur scène qu’ils sont devenus un petit plaisir inavouable, un péché mignon (surtout le batteur qui est vraiment pas mal). Of The Body Prone est le cinquième album d’ Ahleuchatistas, le deuxième pour Tzadik si on compte la réédition l’année dernière de The Same And The Other et le premier avec le nouveau batteur du groupe.
Je vous la fais rapide. En mai 2008, Sean Dail, batteur originel du groupe fatigué par des tournées incessantes et des séances de répétition marathoniennes, quitte Ahleuchatistas. Le groupe est contacté par Ryan Oslance, jeune chevelu innocent et naïf qui mesure encore très mal la portée et les conséquences de son geste. Shane Perlowin (guitare) et Derek Poteat (basse) l’invitent à parcourir les quelques centaines de kilomètres qui les séparent – de Carbondale au sud de l’Illinois jusqu’à Asheville, Caroline du Nord – et là ils le séquestrent dans la cave, l’obligeant à répéter quasiment sans discontinuer pendant cinq jours. Epuisé, vidé, décapsulé et mis au pas, Ryan Oslance est engagé : il est le nouveau batteur d’Alheuchatistas et le groupe repart immédiatement en tournée américaine, laquelle sera suivie à l’automne 2008 d’une tournée européenne.
Je vous la fais rapide. En mai 2008, Sean Dail, batteur originel du groupe fatigué par des tournées incessantes et des séances de répétition marathoniennes, quitte Ahleuchatistas. Le groupe est contacté par Ryan Oslance, jeune chevelu innocent et naïf qui mesure encore très mal la portée et les conséquences de son geste. Shane Perlowin (guitare) et Derek Poteat (basse) l’invitent à parcourir les quelques centaines de kilomètres qui les séparent – de Carbondale au sud de l’Illinois jusqu’à Asheville, Caroline du Nord – et là ils le séquestrent dans la cave, l’obligeant à répéter quasiment sans discontinuer pendant cinq jours. Epuisé, vidé, décapsulé et mis au pas, Ryan Oslance est engagé : il est le nouveau batteur d’Alheuchatistas et le groupe repart immédiatement en tournée américaine, laquelle sera suivie à l’automne 2008 d’une tournée européenne.
L’étape suivante était logiquement un nouvel album, Of The Body Prone, enregistré pendant quatre jours en avril 2009. Nouveau batteur, nouvelle musique ? Ce cinquième - j’allais écrire effort mais le mot effort ne devrait uniquement concerner que les sportifs masochistes et les constipés du matin - donc ce cinquième long format d’Ahleuchatistas est moins dense et virevoltant que ses trois prédécesseurs (je ne compte pas On The Culture Industry, premier album du groupe que je n’ai jamais réellement écouté). Les mélodies tordues et imprévisibles sont toujours là, les breaks incompréhensibles et meurtriers aussi, mais beaucoup moins nombreux que précédemment, laissant plus de place à des passages plus ouvertement improvisés où un certain flottement et/ou un décalage entre les trois musiciens est clairement perceptible. Rien de grave mais la cohésion d’antan, celle qui faisait d’Ahleuchatistas une petite bombe de dynamisme et de précision et qui vous frappait à la gueule dès les premières notes a été remplacé par une volonté plus bruitiste (le dyptique Dancing With The Stars/Total Nightmare In A Deep Dive et son final stressant). Parfois on surprend également le groupe en plein bavardage (les tatapoums alternatifs et pas très heureux de la batterie sur Making The Most Of The Apocalypse) et les structures des compositions privilégient moins concision et raideur - au sens pénien du terme - que la recherche d’ambiances certes contrastées mais qui prennent trop de temps pour s’installer. Le sens du cut-up musical du groupe n’est plus aussi aiguisé, Of The Body Prone est à la fois un disque moins drôle et moins ébouriffant. Ce n’est pas pour autant un disque moins démonstratif : l’énergie quasiment punk qui boostait la profusion d’idées bouillonnantes passe au second plan et l’aspect cérébral, la tare de beaucoup de groupes qui jouent sur l’improvisation, remonte à la surface comme les yeux de gras dans le bouillon de poule.