mardi 29 décembre 2009

Big Sexy Noise / self titled


C’est la fin de l’année, la trêve des cons faiseurs, tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, aimons nous les uns les autres et comme en plus je ne suis pas rancunier – ce qui n’est pas la moindre de mes qualités, les deux autres principales devant être, je dis ça objectivement et sans aucune arrière-pensée, la modestie et l’honnêteté intellectuelle – je m’attaque à nouveau au cas Lydia Lunch, cette fois-ci par la face nord. La dernière fois, un point de vue particulièrement bilieux au sujet de Big Sexy Noise, nouveau mini album de la Dame, m’avait valu quelques commentaires et reproches (certains étaient tout à fait justifiés, je tiens à le dire), commentaires allant d’un gentil qu’est ce que tu es sévère avec ce disque à espèce de connard en passant par tu ne connais rien à la musique et à l’art. Depuis Big Sexy Noise a tourné en France, on peut lire un report de la date parisienne ici (cela a l’air d’avoir été vraiment bien) et un autre de la date lyonnaise (un concert avec moins de réussite semble t-il). Absent du concert pour des raisons toutes plus inavouables les unes que les autres, je me suis donc rabattu sur le premier véritable long format du groupe.























 Réalisé tout comme le mini LP par Satorial records, cet album sans titre partage plus d’un point commun avec son petit prédécesseur, à commencer par une pochette ultra sobre tout aussi blanche que l’autre était noire mais qui a supprimé la mention Lydia Lunch’s. Un groupe, un vrai et pas seulement une diva destroy accompagnée d’un backing band de luxe. On applaudit. Pourtant, sur disque, rien n’a réellement changé. Les six titres du mini album se retrouvent même intégralement sur ce nouveau CD. Déception. On fait donc les comptes : il ne reste que six nouvelles chansons à découvrir ici, ce qui fait bien peu.
Cela commence tout de même pas trop mal par deux reprises. La première réactualise The Gospel Singer, un titre que Lydia Lunch avait composé en compagnie de Kim Gordon de Sonic Youth pour le groupe Harry Crews, en hommage à l’écrivain du même nom (The Gospel Singer est également le nom de l’un des meilleurs bouquins de Crews mais tant qu’à faire autant lire Feast Of Snakes). La seconde est une reprise du Kill Your Sons de Lou Reed et le meilleur de cet disque est déjà là, on ajoute à cette courte liste le reptilien Slydell, le carnassier Your Love Don’t Pay My Rent et le jazzy Bad For Bobby qui, je me demande pourquoi, passe mieux qu’auparavant. Dark Eyes est pas mal non plus, c’est de loin le titre le plus rapide du lot et avec un vague côté Bad Seeds.
Le reste suscite au mieux l’ennui, au pire le désarroi. Another Man Comin’ est le pire titre de l’album avec cet affreux phrasé rappé de la part de Lydia Lunch. God Is A Bullet chanté à plusieurs voix ressemble trop à du remplissage. That Smell, une troisième reprise mais des atroces Lynyrd Skynyrd cette fois, ne convainc guère plus tandis que Doughboy conclue trop rapidement. En réécoutant, ce qui frappe plus que tout, c’est le mix qui met bien trop en avant la voix de Lydia Lunch. Normal me direz-vous, Big Sexy Noise c’est son groupe à elle… Seulement voilà, la façon de chanter de Lydia Lunch en 2009 n’est pas la plus heureuse ni la plus prenante, voix de canard forcée et nazillarde et la production est bien trop dans les rails pour donner une impression de cradeur, de saleté que l’on appelait pourtant de tous nos vœux. Cet album confirme malheureusement l’impression très mitigée du premier essai : de trop rares bons moments, des compositions poussives le reste du temps, un enregistrement occultant totalement le côté sulfureux/vénéneux/bestial/sensuel avec lequel Lydia Lunch nous avait déjà eus tant de fois. Restent les textes, la provocation et l’à-propos d’une chanteuse qui a toujours des choses à dire. J’aurais préféré et voulu plus de mordant et de méchanceté mais les vœux, hein, on sait bien que ça n’a jamais servi à rien.