lundi 21 mars 2011

Report : 202project et The Oscillation au Sonic






















Vendredi 18 mars. Troisième concert de la semaine et à nouveau un grave dilemme à résoudre : aller enfin découvrir IRèNE qui joue dans un bar/restau/repaire de hippies altermondialistes et écoresponsables ou bien foncer chez les vieux brigands du Sonic pour papoter avec 202project et le cas échéant découvrir The Oscillation. Comme je me sens particulièrement mondain – une fois n’est pas coutume – décision est prise d’opter pour la péniche et la musique de drogués. Tant pis pour IRèNE qui devra donc patienter encore un peu. Je lui apporterai des bonbons la prochaine fois.
A mon arrivée au Sonic le lieu est désert, on m’avait pourtant prévenu de ne pas débarquer trop tôt, que le concert ne commencerait que vers 22 heures. Oui c’est vendredi, le jour où les gens sortent, se bourrent la gueule, se tapent dessus, dansent sciemment sur de la merde, racontent beaucoup trop de conneries ou ne sont plus en état de refuser qu’on leur en raconte. A l’intérieur de la salle les dispositifs optiques de The Oscillation sont déjà en place, des images de formes bubullesques tournent en boucle sur un écran et le VJ du groupe est en train d’expliquer au garçon qui se fait appeler 202project qu’il assurera pour lui des visuels et des projections pendant son set.















Mine de rien, des projections en fond de scène, c’est un sacré plus pour un one man band comme 202project : son album Total Eclipse fait partie des meilleures choses publiées en 2010 mais je dois bien avouer que j’avais tout de même un peu peur. J’avais déjà vu 202project en concert il y a quelques mois (années ?) et n’avais que très moyennement accroché, pour ne pas dire que j’avais parfois franchement détesté. Je ne saurais donc dire – mis à part les lumières – ce qui a différencié ce concert là du précédent : une meilleure connaissance de la musique ? Une nette amélioration de celle-ci ? Le fait d’avoir beaucoup apprécié le disque ? Un taux supérieur d’éthanol dans le sang ? Je n’en sais rien… mais on ne va pas non plus y passer des heures.
Le dispositif scénique de 202project est des plus simples : un synthé, un ordi, une guitare, un micro et un grand échalas en chemise blanche et cravate très post punk qui gesticule et chante d’une voix aigue et nasillarde des tubes psychés ou noisy. Une bonne partie du dernier album y passe mais pas seulement : 202project joue également nombre de nouveaux titres, se décidant au dernier moment de ce qu’il va interpréter, choisissant dans une liste apparemment sans fin et agissant avec une certaine désinvolture. Ainsi il met à mal quelques idées que je m’étais faites tout seul dans mon coin (comme d’habitude) en écoutant son disque. Premièrement ce garçon n’a rien d’un ermite féru de méditation transcendantale accouchant de sa musique après mure réflexion pendant une retraite de six mois dans une cabane du Haut Forez et, deuxièmement, il est plutôt du genre à tout bloquer, accumuler, attendant qu’il y en ait trop, faisant tout sortir à profusion le moment venu, comme dans une espèce d’impatience. La méthode acnéique, qui n’est pas donnée à tout le monde.
Il agit donc ainsi sur scène, coupant parfois abruptement à la fin de ses titres, montant sa set-list au hasard, faisant des blagues foireuses tout en précisant qu’il est nul pour les blagues et annonçant que finalement il va encore jouer deux titres, même si cela ne nous plait pas et qu’on en a marre. Deux titres beaucoup plus anciens et qui effectivement sonnent très Spacemen 3 dans la version garage du groupe – une influence que l’on sent toujours encore un peu chez 202project bien qu’à un bien moindre niveau. Un concert étonnamment rigolo en mode absurde et un set de bien trois quart d’heure (quand même).















Avant le concert, je ne connaissais rien de The Oscillation mis à part ce titre, Future Echo (un titre paru en 2010 sur un maxi et plus récemment repris sur le deuxième album du groupe, Veils). Dans un premier temps, le concert de The Oscillation sera tout juste honnête, chaque musicien semblant se reposer sur les effets visuels projetés en fond. Les quatre garçons ne manifestent sciemment aucune émotion, bougent un minimum, s’appliquent à faire tourner leurs compositions du mieux qu’ils le peuvent, réglant leur son – le guitariste/chanteur semblera ne jamais être très satisfait du sien. Les titres joués sont cependant décevants, un psychédélisme mou que ne compense pas le pourtant nécessaire brouillard lysergique. On assiste poliment mais de loin à ce spectacle un peu froid.
C’est lorsque le groupe décide d’enchainer ses titres sans s’arrêter, à partir du presque shoegaze See Through You, également un titre du maxi précité, que les choses sérieuses commencent enfin. L’attitude et la manière de faire de The Oscillation n’ont certes pas évolué mais ces jeunes gens avaient sûrement besoin d’un beau gros tour de chauffe pour atteindre leur seuil d’efficacité. Le groupe se transforme alors en un clone énergique de Spacemen 3 and C° sans aucune originalité ni surprise mais tout à fait valable – le bassiste arrête même un temps de jouer aux doigts ses lignes dubesques et opte pour un médiator bien plus efficace.
Alors que jusqu’ici les titres s’essoufflaient rapidement après des intros pourtant très prometteuses, désormais ils tiennent enfin la route et le groupe arrive à faire monter la pression et à faire en sorte qu’elle ne rebaisse jamais (Third Harmonic, toujours un extrait du maxi précité et décidemment pour les fétichistes la référence de The Oscillation à posséder). On regrettera encore et toujours le manque d’accentuation hypnotique et kraut de l’ensemble au profit d’une énergie plus psyché et on préfèrera donc logiquement les passages sur lesquels le chanteur se taira. The Oscillation, un bon petit groupe d’imitateurs tout simplement parfaits pour les 95 % des fans de Peter Kember et de Jason Pierce qui n’ont jamais eu la chance de voir les Spacemen 3 en vrai.

[une fois n’est pas coutume, les habituelles photos noir et blanc mais également des photos en couleurs du concert]