De la tarte aux pralines… Ce n’est pas sans quelques arrière-pensées commerciales et mercantiles que Tête A Tartes & Cétacés, l’organisateur du concert du jour, a envoyé mardi après-midi une ultime newsletter à l’intégralité de son carnet d’adresses, suppliant qui voulait bien l’entendre de se rendre le soir même au Sonic pour assister au concert d’Alaska Pipeline – l’argument fallacieux consistait ainsi à offrir une part de tarte aux pralines aux premiers arrivants.
Malgré toutes ces promesses alléchantes (45 % de sucre, 45 % de crème fraîche et malgré tout 10 % de pâte, que des bonnes choses), c’est à peine si trente cinq crèves-la-fin se seront finalement déplacés, un score bien maigre mais compréhensible pour un mardi soir qui plus est doté d’un Manchester United versus Marseille fort heureusement gagné par les rosbifs. Il faut dire également que les deux premières parties du jour étaient stéphanoises, ce qui a peut être refroidi plus d’un lyonnais toujours réfractaire aux mélanges inter-cités.
Quoi qu’il en soit, Junior – en fait ce garçon s’appelle Julien – démarre aux alentours de 21 h 30. Jouant d’ordinaire dans Boxing Elena mais ici tout seul sur scène, Junior pratique pratique un folk poppy et léger qui séduit par la qualité de son songwriting et ses mélodies simples et accrocheuses. Tout est OK avec ce garçon, son chant, sa guitare, son sens de l’autodérision amusée lorsqu’il rencontre quelques difficultés pour s’accorder, mais personnellement j’ai toujours le même problème avec le folk : en écouter oui, pourquoi pas, mais en voir et l’apprécier en concert, définitivement non.
La pantouflardise est peut être un très vilain défaut mais à de très rares exceptions près, supporter un garçon ou une fille tout(e) seul(e) sur une scène, uniquement armé(e) d’un micro, d’une chaise et d’une guitare en bois est largement au dessus de mes forces. Je préfère mon canapé, ma platine disque, mon pack de bières et mes cacahouètes. Je fonce alors en direction du bar pour commander un rafraichissement opportun et regrette finalement de ne pas avoir pris le bout de tarte aux pralines auquel j’avais pourtant droit, étant arrivé le premier au concert.
Avec également un nom en forme de référence cinématographique**, La Seconda Volta est une sorte de all star band stéphanois jouant lui un indie rock virant régulièrement au défouraillage noisy mais aussi a priori fortement influencé par Fugazi… enfin c’est surtout au niveau de la voix du chanteur – souvent à la limite de la justesse mais c’est ça qui est bien – et de certaines mélodies de chant que l’on peut retrouver une quelconque trace de l’ex bande à Ian MacKaye.
Détail amusant, ce même chanteur s’est installé au sol, éloigné de la scène de presque deux mètres, alors que le reste du groupe (deux guitaristes, un bassiste et un batteur) occupe la position en hauteur, une configuration que l’on croise plus souvent chez certains groupes de punk. Mais du punk il y a en fait beaucoup dans La Seconda Volta – outre le chant aigu, nasal et souvent crié, le groupe fait une magnifique reprise de Six Pack – punk à chercher également du côté des rythmiques parfois rapides et des riffs anguleux. En fait La Seconda Volta est surtout un joyeux foutoir, brassant tellement d’éléments différents, offrant plein de possibilités à base de ses mélanges (comme le contraste entre le chant principal masculin et le deuxième chant, féminin, assuré par une certaine Laetitia aka Raymonde Howard). Un foutoir qui tient débout, cohérent, mais toujours avec un effet de surprise allié à une bonne énergie d’ensemble.
Alaska Pipeline : on avait évoqué à la fin de la chronique de Master Of Puppets, l’excellent deuxième album du trio, la possibilité que le groupe envahisse le territoire français à la fin de l’hiver. Quand on sait que cette date – la dernière d’une tournée de quinze jours – a failli ne pas avoir lieu, on en attraperait presque des sueurs froides et des frissons d’horreur. Alaska Pipeline en concert, après un bon gros tour de chauffe nécessaire au désengourdissement des petits doigts boudinés et surtout condition sine qua non à la décongélation des nuques rigidifiées d’un public lyonnais typiquement atone (ou alors peut être encore trop sous le coup du concert de La Seconda Volta), Alaska Pipeline en concert (donc) c’est un peu comme trois électrons libres lancés à corps perdus dans une danse frénétique sur fond de musique épileptique.
Un mélange de punk à roulettes, d’indie rock attardé, d’emo boutonneux, de jazz core guirlandé et de freeture rigolarde. Que des tubes, que du bonheur, le bonheur surtout de voir un groupe de gamins totalement décomplexés et soudés par le plaisir évident de jouer ensemble des petites pépites corsées aux épices de la passion – ah et puis ce batteur qui ne se départira pas de son petit air espiègle comme si jouer comme il le fait dans un groupe était la pire des conneries imaginables. Un petit coup d’œil sur la set-list permettra au passage d’en rajouter une bonne dose question incrédulité par rapport aux méthodes quantiques d’Alaska Pipeline, non mais regardez-moi ça : on dirait plus un pense-bête/liste de commissions qu’un article sur la mécanique des fluides recopié d’un vieux manuel des Castors Junior. En plus cela en dit long sur les influences supposées de ces trois garçons.
En fin de concert quelques énergumènes sans vergogne iront jusqu’à réclamer un bonus track en guise de rappel. Pour la peine Alaska Pipeline en jouera carrément deux. Merci. D’autres préféreront quant à eux se précipiter à la table de merchandising pour se faire dédicacer un poster de Cheval magazine offert par le groupe. Oui, il faut de tout pour faire un monde.
[et aussi quelques photos du concert ici]
Malgré toutes ces promesses alléchantes (45 % de sucre, 45 % de crème fraîche et malgré tout 10 % de pâte, que des bonnes choses), c’est à peine si trente cinq crèves-la-fin se seront finalement déplacés, un score bien maigre mais compréhensible pour un mardi soir qui plus est doté d’un Manchester United versus Marseille fort heureusement gagné par les rosbifs. Il faut dire également que les deux premières parties du jour étaient stéphanoises, ce qui a peut être refroidi plus d’un lyonnais toujours réfractaire aux mélanges inter-cités.
Quoi qu’il en soit, Junior – en fait ce garçon s’appelle Julien – démarre aux alentours de 21 h 30. Jouant d’ordinaire dans Boxing Elena mais ici tout seul sur scène, Junior pratique pratique un folk poppy et léger qui séduit par la qualité de son songwriting et ses mélodies simples et accrocheuses. Tout est OK avec ce garçon, son chant, sa guitare, son sens de l’autodérision amusée lorsqu’il rencontre quelques difficultés pour s’accorder, mais personnellement j’ai toujours le même problème avec le folk : en écouter oui, pourquoi pas, mais en voir et l’apprécier en concert, définitivement non.
La pantouflardise est peut être un très vilain défaut mais à de très rares exceptions près, supporter un garçon ou une fille tout(e) seul(e) sur une scène, uniquement armé(e) d’un micro, d’une chaise et d’une guitare en bois est largement au dessus de mes forces. Je préfère mon canapé, ma platine disque, mon pack de bières et mes cacahouètes. Je fonce alors en direction du bar pour commander un rafraichissement opportun et regrette finalement de ne pas avoir pris le bout de tarte aux pralines auquel j’avais pourtant droit, étant arrivé le premier au concert.
Avec également un nom en forme de référence cinématographique**, La Seconda Volta est une sorte de all star band stéphanois jouant lui un indie rock virant régulièrement au défouraillage noisy mais aussi a priori fortement influencé par Fugazi… enfin c’est surtout au niveau de la voix du chanteur – souvent à la limite de la justesse mais c’est ça qui est bien – et de certaines mélodies de chant que l’on peut retrouver une quelconque trace de l’ex bande à Ian MacKaye.
Détail amusant, ce même chanteur s’est installé au sol, éloigné de la scène de presque deux mètres, alors que le reste du groupe (deux guitaristes, un bassiste et un batteur) occupe la position en hauteur, une configuration que l’on croise plus souvent chez certains groupes de punk. Mais du punk il y a en fait beaucoup dans La Seconda Volta – outre le chant aigu, nasal et souvent crié, le groupe fait une magnifique reprise de Six Pack – punk à chercher également du côté des rythmiques parfois rapides et des riffs anguleux. En fait La Seconda Volta est surtout un joyeux foutoir, brassant tellement d’éléments différents, offrant plein de possibilités à base de ses mélanges (comme le contraste entre le chant principal masculin et le deuxième chant, féminin, assuré par une certaine Laetitia aka Raymonde Howard). Un foutoir qui tient débout, cohérent, mais toujours avec un effet de surprise allié à une bonne énergie d’ensemble.
Alaska Pipeline : on avait évoqué à la fin de la chronique de Master Of Puppets, l’excellent deuxième album du trio, la possibilité que le groupe envahisse le territoire français à la fin de l’hiver. Quand on sait que cette date – la dernière d’une tournée de quinze jours – a failli ne pas avoir lieu, on en attraperait presque des sueurs froides et des frissons d’horreur. Alaska Pipeline en concert, après un bon gros tour de chauffe nécessaire au désengourdissement des petits doigts boudinés et surtout condition sine qua non à la décongélation des nuques rigidifiées d’un public lyonnais typiquement atone (ou alors peut être encore trop sous le coup du concert de La Seconda Volta), Alaska Pipeline en concert (donc) c’est un peu comme trois électrons libres lancés à corps perdus dans une danse frénétique sur fond de musique épileptique.
Un mélange de punk à roulettes, d’indie rock attardé, d’emo boutonneux, de jazz core guirlandé et de freeture rigolarde. Que des tubes, que du bonheur, le bonheur surtout de voir un groupe de gamins totalement décomplexés et soudés par le plaisir évident de jouer ensemble des petites pépites corsées aux épices de la passion – ah et puis ce batteur qui ne se départira pas de son petit air espiègle comme si jouer comme il le fait dans un groupe était la pire des conneries imaginables. Un petit coup d’œil sur la set-list permettra au passage d’en rajouter une bonne dose question incrédulité par rapport aux méthodes quantiques d’Alaska Pipeline, non mais regardez-moi ça : on dirait plus un pense-bête/liste de commissions qu’un article sur la mécanique des fluides recopié d’un vieux manuel des Castors Junior. En plus cela en dit long sur les influences supposées de ces trois garçons.
En fin de concert quelques énergumènes sans vergogne iront jusqu’à réclamer un bonus track en guise de rappel. Pour la peine Alaska Pipeline en jouera carrément deux. Merci. D’autres préféreront quant à eux se précipiter à la table de merchandising pour se faire dédicacer un poster de Cheval magazine offert par le groupe. Oui, il faut de tout pour faire un monde.
[et aussi quelques photos du concert ici]
* ce report sera en effet placé sous le signe de références cinématographiques plus ou moins rances
** je ne parle pas de Junior mais de son autre groupe : Boxing Elena – je ne suis pourtant pas très sûr qu’il s’agisse bien là d’une référence à Boxing Helena, film (catastrophe) réalisé en 1993 par mademoiselle Jennifer Lynch (fille de)