Jeudi soir, Grrrnd Zero. Rendez-vous pour le concert noise de la semaine – voire du mois ? – avec une sacrée belle affiche réunissant Ntwin, Poino et Don Vito. En résumé ce concert c’est un peu comme si on était déjà à la fête du slip, mais pile-poil un mois avant le Fuckfest et le début d’un printemps qui s’annonce chaud comme la braise. On vous aura prévenus. Par contre, si vous ne vous sentez que très moyennement concernés par tout ça, on peut très bien le comprendre également mais dans ce cas là, ce n’est pas la peine de lire tout ce qui va suivre.
Ne dérogeant aucunement à ma discipline de fer ni à mon impeccable hygiène de vie, c’est non sans un certain plaisir mêlé à une impatience grandissante que nous débarquons moi et mon vélo exactement à l’heure indiquée sur le flyer mais dans un Grrrnd Zero encore quasiment désert : comme d’habitude me dépêcher n’aura servi à rien, mis à part me permettre de me désaltérer la glotte et me houblonner l’esprit au bar pour passer le temps, puisque le concert ne commencera que bien plus tard. L’organisation du jour a en effet attendu qu’un peu de monde arrive, bien consciente que l’atmosphère respire déjà l’été, les phéromones, le soleil, l’apéro en terrasse, la culture domestique du chanvre, la salade de riz, les barbecues entre amis et la branlitude des beaux jours – tout le monde est désormais comme qui dirait passé à l’heure estivale. Finalement, la soirée atteindra une audience très honorable.
En tête de peloton, les marseillais de Ntwin sont les premiers à jouer. Après tout, qu’ils soient marseillais on s’en fout un peu, tout comme le fait que ce soit une fille qui joue de la batterie (et même que des fois, elle chante). Je vais vous faire grâce également des jeux de mots vélocipédiques qu’un camarade toujours un brin moqueur et mal attentionné m’a soufflés sur le nom du groupe juste avant qu'il ne démarre son set – les blagues foireuses ce n’est de toute façon vraiment pas le genre de la maison.
J’étais donc bien content de découvrir Ntwin sur scène, l’album sans titre du trio ayant été l’une des meilleures découvertes de l’année 2010. Passés tous les fantasmes et autres idées préconçues que l’on peut se faire à propos d’un groupe dont on a déjà beaucoup écouté le disque, je découvre trois jeunes gens installés en ligne tels des natifs de Chicago et semblant bien maîtriser leur sujet. J’admire la fluidité de la basse jouée aux doigts lors de nombreux passages et d’une manière générale j’apprécie cette rythmique charpentée et efficace.
Efficace, la musique de Ntwin l’est tout autant, elle perd un peu de l’étrangeté et des dérèglements que l’on avait pu découvrir sur le disque mais elle gagne en angularité/tranchant sans rien perdre de son aisance. Ntwin sait surtout changer de braquet, capable d’alterner un titre plutôt dans une lignée Chokebore avec un gros défouraillage bien charnel. Voilà un groupe vraiment original et en même temps particulièrement posé. Et que le chant soit plus monocorde et moins diversifié que sur les enregistrements n’est pas si gênant. Détail que ne gâche rien, je découvrirai en fin de soirée, après que tous les groupes aient tous fini de jouer, qu’en plus ce sont des gens charmants. A la prochaine.
Découverte de ce début d’année, Poino et son noise rock de malades qui réussit l’exploit à la fois d’aller droit au but et d’en foutre de partout. De vous assener des riffs carnassiers sur des rythmiques imparables puis de prendre sans hésiter des chemins de traverse – qui a dit US Maple ? Aucune déception ce soir puisque les anglais vont livrer un set intense à la hauteur de Moan Loose, leur tout premier album et déjà l’un des disques de ce début d’année (de cette année tout court ?). On espérait passer un bon moment mais Poino a nous permis bien plus que ça : emmené par un chanteur/guitariste capable de virer complètement foutraque en quelques secondes, le groupe va provoquer un véritable carnage.
Mais comme – encore une fois – un bon groupe ne serait rien sans une bonne rythmique, on ne peut que remarquer ce batteur incroyable et à lunettes, lunettes qu’il n’enlèvera pas une seule fois pas plus qu’elles ne lui glisseront du nez. Nous sommes plusieurs à nous demander comme ce type fait pour survivre à des cadences aussi inhumaines sans broncher : il a pourtant l’air tout ce qu’il y a de plus normalement constitué, avec un taux de sudation dans la moyenne autorisée, tout en bénéficiant d’une santé mentale apparemment équilibrée.
Mais plus le concert avance et plus il joue comme un fou tout comme Poino frôle au plus près le dérèglement psychopathe. De son côté le guitariste nous fait une démonstration de guitare sans les mains : son instrument repose en équilibre sur sa tête or en fait il n’en joue pas mais se sert des micros de son instrument pour hurler dedans. Après réécoute de l’album il me semble avoir reconnu le titre Code Brown mais la version qu’en a donné le groupe en concert était tellement hallucinante et intense qu’on a frisé le traumatisme et l’apoplexie. Poino : un excellent groupe sur disque mais également et surtout un excellent groupe de scène – j’ai déjà envie de les revoir et ne peux m’empêcher d’envier les parisiens qui eux en auront l’occasion ce samedi 26 mars au Rigoletto. Surtout ne les ratez pas.
Don Vito a la lourde tâche de succéder à Poino. J’ai suffisamment le cœur enflammé et les yeux embués d’étoiles pour avoir ma dose de bruit et de bonheur. Alors quelque chose me dit que les allemands vont avoir du mal à remonter la pente de mon cœur d’artichaut. C’est exactement ce qui va se produire : le groupe fut en tous points excellent et batailleur mais rien n’y a fait. L’effet de surprise n’étant également plus de mise – ce qui n’empêche pas qu’il faut au moins une fois dans sa vie avoir vu Don Vito en concert – c’est avec un certain recul que j’observe le trio balancer sa noise joyeuse et festive à un public toujours plus chaud et agité. Or, le recul avec ce genre de musique, c’est sûrement ce qu’il y a de pire et c’est surtout ce qui m’empêchera de gouter à la folie pourtant d’ordinaire communicative d’un groupe qui s’y connait pour faire danser et transpirer les foules.
Tout comme les disques de Don Vito dépassent rarement les dix minutes – une minute par titre – le set des allemands est aussi court qu’intense mais je décroche, préférant regarder de loin notre belle jeunesse insouciante et probablement sacrifiée se trémousser entre les passages irradiés au disco-groove pailleté et les nombreuses torpilles explosives du groupe. C’était un sacré spectacle, croyez moi, et malgré tout je me réjouis de pouvoir bientôt revoir Don Vito en concert, ce sera dans le cadre du festival Avatarium de Saint Etienne.
[quelques photos du concert à voir ici]
Ne dérogeant aucunement à ma discipline de fer ni à mon impeccable hygiène de vie, c’est non sans un certain plaisir mêlé à une impatience grandissante que nous débarquons moi et mon vélo exactement à l’heure indiquée sur le flyer mais dans un Grrrnd Zero encore quasiment désert : comme d’habitude me dépêcher n’aura servi à rien, mis à part me permettre de me désaltérer la glotte et me houblonner l’esprit au bar pour passer le temps, puisque le concert ne commencera que bien plus tard. L’organisation du jour a en effet attendu qu’un peu de monde arrive, bien consciente que l’atmosphère respire déjà l’été, les phéromones, le soleil, l’apéro en terrasse, la culture domestique du chanvre, la salade de riz, les barbecues entre amis et la branlitude des beaux jours – tout le monde est désormais comme qui dirait passé à l’heure estivale. Finalement, la soirée atteindra une audience très honorable.
En tête de peloton, les marseillais de Ntwin sont les premiers à jouer. Après tout, qu’ils soient marseillais on s’en fout un peu, tout comme le fait que ce soit une fille qui joue de la batterie (et même que des fois, elle chante). Je vais vous faire grâce également des jeux de mots vélocipédiques qu’un camarade toujours un brin moqueur et mal attentionné m’a soufflés sur le nom du groupe juste avant qu'il ne démarre son set – les blagues foireuses ce n’est de toute façon vraiment pas le genre de la maison.
J’étais donc bien content de découvrir Ntwin sur scène, l’album sans titre du trio ayant été l’une des meilleures découvertes de l’année 2010. Passés tous les fantasmes et autres idées préconçues que l’on peut se faire à propos d’un groupe dont on a déjà beaucoup écouté le disque, je découvre trois jeunes gens installés en ligne tels des natifs de Chicago et semblant bien maîtriser leur sujet. J’admire la fluidité de la basse jouée aux doigts lors de nombreux passages et d’une manière générale j’apprécie cette rythmique charpentée et efficace.
Efficace, la musique de Ntwin l’est tout autant, elle perd un peu de l’étrangeté et des dérèglements que l’on avait pu découvrir sur le disque mais elle gagne en angularité/tranchant sans rien perdre de son aisance. Ntwin sait surtout changer de braquet, capable d’alterner un titre plutôt dans une lignée Chokebore avec un gros défouraillage bien charnel. Voilà un groupe vraiment original et en même temps particulièrement posé. Et que le chant soit plus monocorde et moins diversifié que sur les enregistrements n’est pas si gênant. Détail que ne gâche rien, je découvrirai en fin de soirée, après que tous les groupes aient tous fini de jouer, qu’en plus ce sont des gens charmants. A la prochaine.
Découverte de ce début d’année, Poino et son noise rock de malades qui réussit l’exploit à la fois d’aller droit au but et d’en foutre de partout. De vous assener des riffs carnassiers sur des rythmiques imparables puis de prendre sans hésiter des chemins de traverse – qui a dit US Maple ? Aucune déception ce soir puisque les anglais vont livrer un set intense à la hauteur de Moan Loose, leur tout premier album et déjà l’un des disques de ce début d’année (de cette année tout court ?). On espérait passer un bon moment mais Poino a nous permis bien plus que ça : emmené par un chanteur/guitariste capable de virer complètement foutraque en quelques secondes, le groupe va provoquer un véritable carnage.
Mais comme – encore une fois – un bon groupe ne serait rien sans une bonne rythmique, on ne peut que remarquer ce batteur incroyable et à lunettes, lunettes qu’il n’enlèvera pas une seule fois pas plus qu’elles ne lui glisseront du nez. Nous sommes plusieurs à nous demander comme ce type fait pour survivre à des cadences aussi inhumaines sans broncher : il a pourtant l’air tout ce qu’il y a de plus normalement constitué, avec un taux de sudation dans la moyenne autorisée, tout en bénéficiant d’une santé mentale apparemment équilibrée.
Mais plus le concert avance et plus il joue comme un fou tout comme Poino frôle au plus près le dérèglement psychopathe. De son côté le guitariste nous fait une démonstration de guitare sans les mains : son instrument repose en équilibre sur sa tête or en fait il n’en joue pas mais se sert des micros de son instrument pour hurler dedans. Après réécoute de l’album il me semble avoir reconnu le titre Code Brown mais la version qu’en a donné le groupe en concert était tellement hallucinante et intense qu’on a frisé le traumatisme et l’apoplexie. Poino : un excellent groupe sur disque mais également et surtout un excellent groupe de scène – j’ai déjà envie de les revoir et ne peux m’empêcher d’envier les parisiens qui eux en auront l’occasion ce samedi 26 mars au Rigoletto. Surtout ne les ratez pas.
Don Vito a la lourde tâche de succéder à Poino. J’ai suffisamment le cœur enflammé et les yeux embués d’étoiles pour avoir ma dose de bruit et de bonheur. Alors quelque chose me dit que les allemands vont avoir du mal à remonter la pente de mon cœur d’artichaut. C’est exactement ce qui va se produire : le groupe fut en tous points excellent et batailleur mais rien n’y a fait. L’effet de surprise n’étant également plus de mise – ce qui n’empêche pas qu’il faut au moins une fois dans sa vie avoir vu Don Vito en concert – c’est avec un certain recul que j’observe le trio balancer sa noise joyeuse et festive à un public toujours plus chaud et agité. Or, le recul avec ce genre de musique, c’est sûrement ce qu’il y a de pire et c’est surtout ce qui m’empêchera de gouter à la folie pourtant d’ordinaire communicative d’un groupe qui s’y connait pour faire danser et transpirer les foules.
Tout comme les disques de Don Vito dépassent rarement les dix minutes – une minute par titre – le set des allemands est aussi court qu’intense mais je décroche, préférant regarder de loin notre belle jeunesse insouciante et probablement sacrifiée se trémousser entre les passages irradiés au disco-groove pailleté et les nombreuses torpilles explosives du groupe. C’était un sacré spectacle, croyez moi, et malgré tout je me réjouis de pouvoir bientôt revoir Don Vito en concert, ce sera dans le cadre du festival Avatarium de Saint Etienne.
[quelques photos du concert à voir ici]