lundi 28 mars 2011

x25x / Distortion Of Life


Je ne comprendrai sans doute jamais pourquoi les x25x ne font pas un peu plus parler d’eux. Pourtant le groupe tourne beaucoup – il excelle sur une scène, allez donc voir ces trois garçons s’ils viennent à passer près de chez vous – et publie des disques qui vont sans cesse en s’améliorant. Distortion Of Life est le troisième et le dernier album en date de x25x, sorti fin 2010 dans la plus totale discrétion mais surtout en totale autoproduction sur Lofi records, le propre label du groupe (et en format LP + CD s’il vous plait, le vinyle est tout blanc). Un vrai disque de punk rock, brut et sale mais avec une superbe et une gouaille qui font définitivement plaisir à entendre.





















On admet que la (belle) pochette de Distortion Of Life peut être légèrement trompeuse, presque trop arty, mais elle va pourtant dans le sens d’une petite évolution dans le son et la musique de x25x : le groupe pratique toujours ce mélange de punk basique et de garage lourd or pour la première fois les influences noisy prennent davantage de place, ce qui n’est évidemment pas pour nous déplaire. Les fans historiques du groupe peuvent tout de suite arrêter de râler et se remettre à décapsuler leur prochaine bière car El Vice, manutentionnaire de Rickenbacker, n’a fort heureusement rien changé à sa façon de jouer, de lancer des lignes de basse écrasantes et sans pitié, à vous donner envie de remuer du popotin – ou tout ce que vous voudrez. Joss, son petit camarade à la batterie, forme avec lui et comme au premier jour ce jeune couple heureux et tapageur, bruyant et prédateur – une bonne rythmique, condition nécessaire (mais toutefois pas suffisante) à tout groupe de punk qui veut respecter les tables de la loi de la foutraquerie musicale.
Le plus gros changement se situe donc au niveau de l’orientation plus fine de l’écriture, à une exception près sur Distortion Of Life les chansons de x25x ne dépassent pas les trois minutes mais le groupe a le temps et donc le talent d’y mettre sans jamais s’attarder tous les ingrédients qui font les bonnes compositions : riffs bagarreurs qui accrochent, lignes de chant de Lee Zeirjick qui ne répondent jamais aux abonnés absents, mélodies superbement catchy, structures simples et efficaces (couplet/refrain) et, parfois même, un solo de guitare se dresse fièrement sur l’autel puis vous crache trois notes et deux arpèges à la gueule. Niveau son, tout est plus lisible et franc sans pour autant renoncer au côté grésillant et espiègle du garage – Nicolas Dick était à l’enregistrement, il joue aussi de la guitare sur deux titres – et on apprécie d’autant plus la fureur d’un groupe qui n’oublie jamais d’être fantasque même si sa musique dégage également une certaine noirceur (Ganesh & Kaly, Woogie ou You Know What I Mean). Au delà du rentre dedans et de l’attaque frontale en formation serrée typique de tout power trio qui se respecte, passé l’encaissement à sec de ce surprenant alliage d’épaisseur et d’efficacité virevoltante et tranchante, on se surprend à découvrir beaucoup plus de finesse et de profondeur que ce que l’on pouvait imaginer. Les préjugés c’est mal.