Untitled III est comme son nom l’indique le troisième enregistrement officiel de Gods And Queens, un groupe qui ne déroge pas à la règle qu’il s’est fixée dès le début : aucun de leurs disques ne comporte de titre, leurs compositions non plus et les reprises qu’ils jouent éventuellement encore moins. A la place des « untitled » suivi d’un numéro respectant l’ordre d’apparition du titre concerné sur le disque. Ainsi sur Untitled III on trouve quatre titres seulement : Untitled 14, Untitled 15, Untitled 16 et Untitled 17. L’histoire ne dit pas – mais je ne l’ai pas demandé non plus aux Gods And Queens lors d’un récent et mémorable concert à Grrrnd Zero – si les titres sont numérotés selon leur ordre de composition ou si le groupe triche en organisant leurs enregistrements a posteriori puis en les renumérotant selon l’ordre ainsi déterminé.
Pour ma part je pense tout de même que les Gods And Queens trichent un peu. A la fin de Untitled II le titre Untitled 13 n’était autre qu’une reprise d’un célébrissime titre de Quicksand… Et encore à la fin de ce Untitled III on trouve une autre reprise, baptisée Untitled 17, une reprise d’un titre des texans quasi mythologiques de Big Boys (Wich Way To Go). Dans les deux cas la reprise est à la fin, si ça ce n’est pas du structuralisme.
N’allez pas croire pourtant que les Gods And Queens sont des binoclards ultra cérébraux et ardents défenseurs de je ne sais quel concept à la con. Oui, ils portent des chemises à carreaux mais c’est bien la seule trace de nerd que l’on peut sentir chez eux. Ces mecs sont des vrais punks et si en concert le côté noise prend le dessus dans leur hard core survitaminé bien que mélodique, sur disque c’est l’émo rageur qui reprend ses droits. Surtout parce que le chant est mis très en avant et que le guitariste a ces intonations qui en rappelleront de bien belles aux amateurs du genre. En plus d’une capacité énergétique de qualité supérieure (le speedé Untitled 15 et son refrain à frissons puis Untitled 16 dans une veine appuyée, lourde et façon torpille avec ses glissés de guitare planqués au fond du mix), Gods And Queens développe un pouvoir mélodique flirtant avec le haut de panier – Untitled 14 est un tube magnifique et franc du collier.
En écho vient donc se ficher dans nos crânes la mélodie du Wich Way To Go des Big Boys : Gods And Queens a un goût certain pour les reprises, Quicksand on l’a dit, Hüsker Dü lors de leurs concerts et maintenant le groupe de Randy Biscuit Turner et Tim Kerr. Autant de choix qui dénotent d’un extrême bon goût mais là où les Gods And Queens font toute la différence c’est que ces reprises – que ce soit parce qu’ils savent les choisir ou bien parce qu’ils savent les jouer d’une façon toute naturelle, sûrement un peu des deux – leur vont comme un gant. Voilà bien plus qu’un simple hommage et autre chose qu’une façon assez déplacée de se faire remarquer : Gods And Queens c’est un vrai bon groupe de kids attardés qui aiment vraiment la musique.
[Untitled III est un joli petit 7’ de couleur indéfinissable et est disponible chez le label italien Son Of Vesta]