jeudi 17 février 2011

Gods And Queens et Le Singe Blanc en concert à Grrrnd Zero






















J’aurais du me méfier et lire un peu mieux le flyer ci-dessus : certes il y est écrit en toutes lettres Le Singe Blanc ainsi que Gods And Queens mais on peut également y lire Gigotronc, Le Musée Des Horreurs ou encore Bonne Humeur Provisoire… ouais, hein… L’explication est pourtant très simple : ce soir deux organisations différentes se sont associées pour mettre en place ce concert et l’une des deux a programmé des performances d’artistes gravitant autour de l’Embobineuse, salle marseillaise bien connue.
Quel est le problème me direz-vous ? A priori absolument aucun si je me fie aux renseignements pour le moins rassurants fournis par un membre de l’autre orga et complètement au courant de rien du tout, lequel m’affirme que la soirée va se dérouler sans aucun accroc et de la façon suivante : une performance d’un quart d’heure, un groupe qui joue pour de vrai (Gods And Queens), une deuxième performance d’un quart d’heure, un deuxième groupe encore pour de vrai (Le Singe Blanc) et enfin une troisième performance.
Dans les faits tous les performers vont passer en premier, qui plus est ils vont largement occuper le terrain plus d’un quart d’heure et il faudra attendre très longtemps – au moins jusqu’à 23 heures – avant de pouvoir enfin entendre un peu de musique… attendre que la première performance se passe, puis attendre à nouveau que la seconde s’achève avant qu’elle ne m’achève moi (malgré son côté plus musical). J’ai déjà de violentes poussées d’urticaire et des montées d’intolérance dès qu’il s’agit de simple théâtre, alors des performances c’est tout simplement et humainement impossible. Je n’en parlerai donc pas d’avantage, risquant d’être complètement hors sujet et ne trouvant de toute façon rien à en dire.















Il est donc très tard lorsque les Gods And Queens s’installent enfin sur la scène. Gods And Queens c’est le groupe de hard core américain typique, trois petits mecs qui ressemblent à rien, portent des chemises à carreaux ou des t-shirts, ont des beaux tatouages (y compris sur les doigts en ce qui concerne le guitariste), n’ont pas fait réellement de balance avant le concert, ont annoncé qu’ils n’allaient pas jouer plus d’une demi-heure et vont bientôt envoyer tout ce dont ils sont capables en un minimum de temps. Et ce dont ces trois là sont capables ça fait vraiment beaucoup, même sur un set aussi court – de toute façon les Gods And Queens n’ont pour l’instant jamais enregistré un disque qui dure plus d’un quart d’heure.
Mis à part la voix que l’on entendait vraiment pas assez, tout était assez parfait chez ce bon petit groupe qui allie fureur hard core (quel batteur !), noise et un chouïa d’emo – ça c’est uniquement pour le chant et certaines lignes mélodiques et on se rappellera au passage que sur leur premier EP (Untitled II) les Gods And Queens avaient repris Quicksand.
Nouvelle preuve irréfutable de bon goût, le chanteur demande dans la salle s’il y a des amateurs ou connaisseurs d’Hüsker Dü et il annonce en guise de dernier titre une reprise de la bande à Bob Mould et Grant Hart, ce sera Girl Who Lives On Heaven Hill envoyé la rage au ventre. Un petit cadeau qui fait définitivement toute la différence. Dommage que le groupe ne tourne pas davantage en Europe (à peine plus d’une douzaine de dates) parce que voilà exactement le genre de concert qui vous rappelle ce que guitare et énergie signifient. On en connait beaucoup trop de ces groupes pseudos punks qui n’arrivent même pas à être aussi sincères et vrais que Gods And Queens (et on reparle très bientôt du nouvel EP que le groupe vient tout juste de publier).
















C’est enfin le tour du Singe Blanc, improbable trio de Metz avec deux basses et batterie et surtout ce chant onomatopéique à faire passer le kobaïen pour un langage des signes à l’usage des déficients mentaux. La musique de ces trois là est vraiment barrée, doit autant à Magma (donc) qu’aux Ruins, aux Molecules et à Franck Zappa et dégage une énergie exponentielle qui ira même jusqu’à retenir le groupe en otage – quatre rappels quand même, soit six titres joués en plus, avant épuisement.
Mais au delà du côté décalé, traviolé, désaxé et taré de la musique, ce que l’on remarque surtout c’est le sens du groove du Singe Blanc, cette impertinence répétitive qui force même les plus psychorigides d’entre nous à remuer les fesses. Les titres de Babylon, l’album le plus récent du Singe Blanc, ressortent encore mieux sur scène et il est impossible de résister bien longtemps aux ♫♫♪♪ lalala lala ♫♪♪♫ simiesques d’un Tapadi, assurément l’un des meilleurs moments d’un concert qui pourtant n’en a pas manqué.
Le Singe Blanc est un vrai groupe de funk, il aurait pu être aussi lancinant et débridé qu’un Parliament s’il n’avait fait en même temps le choix du défouraillage punk et de l’hystérie radicale. « Le LSB, la meilleure des drogues » avait déclaré en début de soirée l’un des performers marseillais déguisé pour l’occasion en monsieur Loyal et pour cette fois je veux bien être d’accord avec lui.