Il y a des jours où on sent vraiment bien les choses, ce n’est pas une question de pronostic ou d’espérance mais uniquement une façon d’affirmer que oui, je vais y aller à ce putain de concert et oui je sais que ça va être du tout bon. Vous me suivez ? Non ? Et bien déjà relisez cette chronique de The Brawl, le deuxième album de Lucertulas. Et vous aurez une toute petite idée du genre de soirée dont je vais vous parler.
Les italiens de Lucertulas jouaient dimanche soir à Grrrnd Zero – à l’étage moquette, celui où des choses totalement inavouables se produisent parfois – et le groupe, précédé d’une réputation grandissante, était attendu avec une impatience de plus en plus déraisonnable. Dans l’après midi, une connaissance me confirmait justement avoir pris une bonne déculottée après avoir vu Lucertulas jouer la veille du côté de Marseille en compagnie des excellents x25x.
Pas question donc d’être en retard mais comme d’habitude lorsque j’arrive il n’y a encore personne. J’ai largement le temps de payer le prix (libre) de la soirée, de boire des bières au nom imprononçable et au goût indéfinissable et de papoter avec une ou deux connaissances ainsi qu’avec nos italiens du jour. L’un d’entre eux, le guitariste pour être plus précis, remarque l’affiche du Festival Africantape scotchée sur le mur d’entrée et remarque surtout le nom d’Aucan. Au début personne ne comprend ce qu’il dit, il prononce le nom du groupe [aouchane] et nous autres pauvres petits français n’avons pas l’habitude, mais tout le monde comprend par contre qu’il se moque avec assurance et humour mais gentiment tout de même du « virage electro grand public » opéré par Aucan sur son nouvel album, Black Rainbow. Au moins, entre adeptes de la sanctification hâtive et partisans de la mise aux ordures immédiate, ce disque ne laissera personne indifférent…
Le premier groupe qui joue ce dimanche s’appelle Do Nothing Store – les gars je vous le dis tout de suite : il faut absolument changer de nom – et ce soir c’est précisément le premier concert de ce trio guitare/basse et voix/batterie qui joue un noise rock hyper classique, genre « tu connais Shellac ? ». Je crois reconnaitre la trombinette du guitariste barbu mais le crâne rasé (une preuve absolue de bon goût selon moi) mais n’arrive pas à retenir tout de suite le nom du groupe dans lequel il aurait joué précédemment et que l’on me souffle à l’oreille. Les inconvénients d’une mauvaise mémoire alliée à une mauvaise audition.
Do Nothing Store s’en sort plutôt bien malgré la fébrilité apparente, le stress, les approximations, le fait que le guitariste soit malade et malgré donc un manque d’originalité certain. Ce n’est pas la grande découverte, plein de choses seraient sûrement à revoir, en particulier les parties de guitare souffreteuses dès qu’il s’agit de grimper en mode solo – un solo de guitare ça sert souvent à rien les gars. Le dernier titre joué par Do Nothing Store le fait vraiment et je ne pense pas que ce soit uniquement l’aspect libérateur d’une fin de concert imminente qui a ainsi permis à ces trois garçons de lâcher les fauves et de se lâcher tout court, ce titre était vraiment bon.
Suit Panchrome – bon ben vous devriez également changer de nom – soit un duo composé de deux guitaristes dont un chantant plus que l’autre et accompagnés de machines et de programmations. Là aussi on reconnait un ancien, il y a très longtemps dans Overmars et croisé également après dans Stagger Lee… Panchrome ne ressemble ni au premier ni au second mais joue un rock plutôt noisy et shoegaze. C’est même tout le contraire de Do Nothing Store : l’originalité est bien là, palpable, mais Panchrome joue trop avec les contours floutés de sa musique et manque d’efficacité.
OK, je reconnais également que je ne suis pas très friand du genre non plus, que le côté introspectif me pèse même si on sent toujours par derrière cette bonne vieille tension punk rock qui vous tire par le haut. J’abandonnerai le concert mais n’arrêterai pas de tendre l’oreille et ce à plusieurs reprises, attiré par la richesse d’une musique qui m’échappe malgré tout complètement. Après le concert, j’ai trouvé sur l’une de tables de merchandising un papier qui indiquait « Démo Panchrome – Free » mais malheureusement il n’y en avait plus, tout le monde s’était déjà servi. Tant pis pour moi, j’aurais bien réécouté Panchrome à tête reposée.
Ce qui est complètement dingue c’est qu’il y a maintenant pas loin de 70 personnes qui se pressent sur la moquette de Grrrnd Saloon. Il y a bien sûr les potes des deux premières parties locales et c’est bien normal mais rien ne saurait expliquer non plus une telle affluence, surtout un dimanche soir d’hiver. Tant mieux pour les organisateurs et surtout pour les groupes. Lorsque j’entends dire autour de moi qu’il y a un vrai renouveau à propos des groupes à guitares débridées, je finis presque par y croire.
Lucertulas est un trio de forme classique (guitare, basse et batterie) qui joue un noise rock très tendu voire violent, avec de grosses poussées hard core et des développements hallucinants – il y a même des plans plutôt métalliques mais toujours bienvenus. Cela vous fait penser aux Dazzling Killmen ? Et bien oui, Lucertulas s’inscrit totalement dans cette veine là, celle d’une noise chaotique avec des plans jazzeux jamais chiatiques et des accélérations punk as fuck pour dégommer les traine-savates.
Les italiens de Lucertulas jouaient dimanche soir à Grrrnd Zero – à l’étage moquette, celui où des choses totalement inavouables se produisent parfois – et le groupe, précédé d’une réputation grandissante, était attendu avec une impatience de plus en plus déraisonnable. Dans l’après midi, une connaissance me confirmait justement avoir pris une bonne déculottée après avoir vu Lucertulas jouer la veille du côté de Marseille en compagnie des excellents x25x.
Pas question donc d’être en retard mais comme d’habitude lorsque j’arrive il n’y a encore personne. J’ai largement le temps de payer le prix (libre) de la soirée, de boire des bières au nom imprononçable et au goût indéfinissable et de papoter avec une ou deux connaissances ainsi qu’avec nos italiens du jour. L’un d’entre eux, le guitariste pour être plus précis, remarque l’affiche du Festival Africantape scotchée sur le mur d’entrée et remarque surtout le nom d’Aucan. Au début personne ne comprend ce qu’il dit, il prononce le nom du groupe [aouchane] et nous autres pauvres petits français n’avons pas l’habitude, mais tout le monde comprend par contre qu’il se moque avec assurance et humour mais gentiment tout de même du « virage electro grand public » opéré par Aucan sur son nouvel album, Black Rainbow. Au moins, entre adeptes de la sanctification hâtive et partisans de la mise aux ordures immédiate, ce disque ne laissera personne indifférent…
Le premier groupe qui joue ce dimanche s’appelle Do Nothing Store – les gars je vous le dis tout de suite : il faut absolument changer de nom – et ce soir c’est précisément le premier concert de ce trio guitare/basse et voix/batterie qui joue un noise rock hyper classique, genre « tu connais Shellac ? ». Je crois reconnaitre la trombinette du guitariste barbu mais le crâne rasé (une preuve absolue de bon goût selon moi) mais n’arrive pas à retenir tout de suite le nom du groupe dans lequel il aurait joué précédemment et que l’on me souffle à l’oreille. Les inconvénients d’une mauvaise mémoire alliée à une mauvaise audition.
Do Nothing Store s’en sort plutôt bien malgré la fébrilité apparente, le stress, les approximations, le fait que le guitariste soit malade et malgré donc un manque d’originalité certain. Ce n’est pas la grande découverte, plein de choses seraient sûrement à revoir, en particulier les parties de guitare souffreteuses dès qu’il s’agit de grimper en mode solo – un solo de guitare ça sert souvent à rien les gars. Le dernier titre joué par Do Nothing Store le fait vraiment et je ne pense pas que ce soit uniquement l’aspect libérateur d’une fin de concert imminente qui a ainsi permis à ces trois garçons de lâcher les fauves et de se lâcher tout court, ce titre était vraiment bon.
Suit Panchrome – bon ben vous devriez également changer de nom – soit un duo composé de deux guitaristes dont un chantant plus que l’autre et accompagnés de machines et de programmations. Là aussi on reconnait un ancien, il y a très longtemps dans Overmars et croisé également après dans Stagger Lee… Panchrome ne ressemble ni au premier ni au second mais joue un rock plutôt noisy et shoegaze. C’est même tout le contraire de Do Nothing Store : l’originalité est bien là, palpable, mais Panchrome joue trop avec les contours floutés de sa musique et manque d’efficacité.
OK, je reconnais également que je ne suis pas très friand du genre non plus, que le côté introspectif me pèse même si on sent toujours par derrière cette bonne vieille tension punk rock qui vous tire par le haut. J’abandonnerai le concert mais n’arrêterai pas de tendre l’oreille et ce à plusieurs reprises, attiré par la richesse d’une musique qui m’échappe malgré tout complètement. Après le concert, j’ai trouvé sur l’une de tables de merchandising un papier qui indiquait « Démo Panchrome – Free » mais malheureusement il n’y en avait plus, tout le monde s’était déjà servi. Tant pis pour moi, j’aurais bien réécouté Panchrome à tête reposée.
Ce qui est complètement dingue c’est qu’il y a maintenant pas loin de 70 personnes qui se pressent sur la moquette de Grrrnd Saloon. Il y a bien sûr les potes des deux premières parties locales et c’est bien normal mais rien ne saurait expliquer non plus une telle affluence, surtout un dimanche soir d’hiver. Tant mieux pour les organisateurs et surtout pour les groupes. Lorsque j’entends dire autour de moi qu’il y a un vrai renouveau à propos des groupes à guitares débridées, je finis presque par y croire.
Lucertulas est un trio de forme classique (guitare, basse et batterie) qui joue un noise rock très tendu voire violent, avec de grosses poussées hard core et des développements hallucinants – il y a même des plans plutôt métalliques mais toujours bienvenus. Cela vous fait penser aux Dazzling Killmen ? Et bien oui, Lucertulas s’inscrit totalement dans cette veine là, celle d’une noise chaotique avec des plans jazzeux jamais chiatiques et des accélérations punk as fuck pour dégommer les traine-savates.
Démarrant gonflés à bloc mais attendant les deux ou trois titres règlementaires habituels pour passer confortablement à la vitesse supérieure, les trois Lucertulas enchaînent plans sur plans, accélérations grisantes et passages ralentis et oppressants. La rythmique est énorme, la guitare assassine et le monde alentour devient cet espace-temps où plus rien d’autre n’a d’importance. « Cathartique » disait-on à propos de la musique de Lucertulas dans la chronique de The Brawl et c’est encore plus vrai en concert : le trio fait penser à Pord, même genre d’énergie, même genre de maîtrise, même ultimatum apocalyptique, même fracas instantané et même au-delà sans confusion ni hésitation – la musique est éternelle.
[les photos du concert sont ici]
[les photos du concert sont ici]