jeudi 9 décembre 2010

Alaska Pipeline / Master Of Puppets


La tentation d’être paresseux à l’égard d’Alaska Pipeline et du premier LP du trio, Master Of Puppets, était bien grande. Heureusement le groupe n’est pas dénué d’un certain humour et présente lui même sa musique en citant les commentaires les plus courants et qu’il entend un peu trop souvent à son sujet après des concerts parait-il brillamment échevelés – bref florilège : « vous aimez bien Faraquet, non ? », « ça m'a rappelé Millencolin », « il y a un petit côté Yes », « tu chantes comme le mec de Glassjaw » ou « power-pop assaisonnée de math-rock » et même « un côté US Maple pour des passages au groove fondu ». Un tel déballage en place publique c’est ce qui s’appelle se faire couper l’herbe sous les pieds et tout de suite ça vous calme un chroniqueur, même pétri de bonnes intention, rendant complètement obsolète une introduction de chronique du type je devrais détester ce disque mais en fait, non, j'adore vraiment.

















Alaska Pipeline : je devrais détester la musique de ce trio mais en fait, non, j'adore vraiment. Les ingrédients sont plutôt inhabituels – disons qu’Alaska Pipeline mélange la power pop et le math rock (merde… déjà dit) avec la préoccupation évidente d’insuffler toujours plus d’immédiateté, de fraîcheur, de dynamisme, de mélodies, d’accroches tout en parsemant le tout de plans aussi bancals et tordus qu’une figure hasardeuse de skate sur la bordure d’une terrasse au troisième étage d’un centre commercial aussi clinquant qu’un noël en plastique et peuplé de zombis consuméristes en manque de cervelle humaine encore toute irriguée et toute chaude.
De la cervelle il y en a revendre sur Master Of Puppets qui déborde d’idées, des idées simples je ne sais pas, mais de bonnes idées – la preuve c’est qu’elles vous passent toutes entre les oreilles sans heurter en vous ce sentiment assez génial de facilité et de liberté que procure le disque. Dans le genre « je suis le maitre du monde, je fais ce que je veux et alors ? » Master Of Puppets est donc un cas d’école. Ces trois mecs pratiquent le bon côté de la nerditude, mélange d’inconscience et de classe, qui aide à pousser les choses toujours plus loin.
Signalons également que ces trois jeunes gens ne sont pas des manches – ah tiens, à ce propos : il me semble avoir compris que le batteur d’Alaska Pipeline est également guitariste dans Grand Predateur – et qu’ils possèdent question qualité des compositions un niveau d’exigence et de réalisation très largement au dessus de la moyenne. Master Of Puppets regroupe ainsi une collection de pépites pop-punk et de météorites math-emo – des chiffres et des lettres comme me le disait ma grand-mère qui pourtant n’y entendait rien à la musique – et dont vous me direz des nouvelles (mais pas la moindre reprise de Metallica à l’horizon).
Ce disque est disponible en format LP + CD auprès de We Are The Robots, la pochette a été sérigraphiée par les petites mains d’Alaska Pipeline en personne et le groupe envisage d’envahir le monde moderne au gré d’une tournée triomphale au mois de mars 2011, à vos agendas !