C’est l’hiver, il fait froid, il neige, c’est les fêtes de fin d’année. Au lieu d’aller jouer au sans domicile fixe dans les aéroports européens bloqués par les intempéries de saison certains ont préféré rester bien sagement à la maison pour s’emmerder en famille et donc ont tenté de s’occuper comme ils le pouvaient. C’est en réécoutant au hasard plein d’enregistrements de Weasel Walter que Apocalyptik Paranoïa a refait surface et n’a depuis cessé de squatter le sommet de la pile des disques en écoute permanente dans le bureau ovale du nouveau building pénien de 666rpm Inc. Apocalyptik Paranoïa a été publié en 2009 par Gaffer records et est à ce jour toujours disponible auprès du label. Comme ce disque n’avait jamais été chroniqué ici et comme il reste l’un des meilleurs enregistrements de Weasel Walter sous son nom, il n’est donc pas encore trop tard pour en parler.
Mais pour l’heure c’est sous la forme d’un dialogue surprenament délicat et nuancé que commence le disque. Henry Kaiser et Weasel Walter se picotent entre eux par petites touches, ping-pong zen et acuponcturé contrastant avec la déferlante du bien nommé Raging War (en compagnie de Forbes Graham, de Lonberg-Holm et à nouveau de Henri Kaiser) qui suit directement après et se révèle assez proche de la furie d’antan des Luttenbachers. Un peu plus loin Mass Erection ira dans la même direction que Raging War, celle d’un chaos imminent et incontrôlable. Le plus marquant reste les titres en compagnie du trompettiste Greg Kelley – il faut absolument écouter Nmperign, son incomparable duo avec le saxophoniste Bhob Rainey –, titres particulièrement influencés par le jeu tout en bruits de bouche et de tuyauterie de Kelley : ainsi Still Life ou même Creaking Bones Break jouent à nouveau la carte du pointillisme et des lignes de fuite. Threnody et A Synthesis Of Patterns font eux appel aux manipulations sonores tandis que le magnifique Slowest Death permet de (re)découvrir ou de se familiariser avec le jeu et le son de trompette de Peter Evans, magnifique musicien qui gagnerait à être davantage connu et apprécié.
Pas encore convaincu ? Les grattements, frottements et autres plaintes de tuyauteries vous ennuient ? Vous trouvez que tout ça manque singulièrement de guitare et de sueur ? Et bien dans ce cas là on ne saurait trop vous conseiller l’écoute répétée et sans condition du trio que Weasel Walter a monté en compagnie du saxophoniste Mario Rechtern et de Franck Gaffer/Sheik Anorak à la guitare : ils viennent de publier un nouveau LP, Bass Bass Bass Bass, dont nous reparlerons très bientôt.