samedi 11 décembre 2010

Cruise [CTRL] / How's Annie ?























Cet élégant digipak orné d’un cœur enrobé de sucre (?) et saturé de lumière recèle quelques surprises : How’s Annie ? est le deuxième album – après les quelques tours de chauffe habituels sous forme de maxis et de participations à des compilations – de Cruise [CTRL] et il est sorti sur le label Divine Comedy records. Tout cela ne vous dit rien ? Voire même tout cela ne vous dit rien qui vaille ? Dans le premier cas, je suis bien d’accord avec vous, Cruise [CTRL] n’est pas référencé dans les arcanes sombres et humides de ma petite tête de linotte. Dans le second, je dois bien avouer que How’s Annie ? est un album de musique électronique plutôt réussi et parfois assez bluffant.
Oui, de la musique électronique, de la vraie, avec des bpm qui décollent les oreilles (mais pas trop quand même), comme j’en écoute encore de temps à autre tout en me remémorant l’époque ou les anorexigènes amphétaminiques étaient encore en vente libre dans les officines et qu’en plus je faisais le manard au quotidien dans le secteur de la répartition pharmaceutique. Mais n’allez pas croire que Cruise [CTRL] c’est de la techno bas du front avec slips kangourou à paillettes, concours de t-shirts mouillés et petits fessiers musclés. Cruise [CTRL] pourrait au contraire arriver à glaner quelques fanatiques des regrettés Pan Sonic puisque le duo belge (ah oui, ça je ne l’avais encore jamais dit) aime les sonorités froides voire industrielles, parfois les grésillements. Donc pas d’acidité non plus ici.
A tout bien y réfléchir, les titres les plus enlevés – comprenez ceux dont le bpm finit par excéder le niveau de vitesse requis pour une sortie de route en bonne et due forme – ne sont pas si nombreux que cela, juste deux ou trois (dont l’excellent Labyrinth Girl), et dans un sens ce n’est pas plus mal parce que ce n’est pas ce que je préfère non plus sur How’s Annie ? (sauf pour faire danser les filles dans le salon). Non, ce que je préfère ce sont les titres plus mid-tempo, ceux dont la répétitivité devient à la fois poisseuse et dont la mécanique robotique finit par admettre un certain groove (Henri’s Head et Ugly Expresso In Hollywood par exemple). Dans ces moments là Cruise [CTRL] me fait incroyablement penser à Riou, jeune prodige technoïde japonais qui dans les années 90 avait dynamité le genre en sortant trois albums de techno ultra minimale tout simplement imparables sur le label Kk records. Cruise [CTRL] se mue alors en une espèce de monstre lysergique et hypnotique mais toujours vaguement inquiétant et paranormal (comme lorsque on se regarde en esprit quitter son propre corps, tu vois le genre). Quelques plages ambient so dark (Tears In The Snow ou Bunny Room, très Twin Peaks pour le coup) viennent également rappeler que la méditation c’est bien mais, blague à part, souvent ce genre de titre n’est considéré que pour placer des interludes or ici il y a suffisamment de travail effectué pour que l’on ait le sentiment d’écouter de la vraie musique et non pas quelques minutes de musique d'ambiance pour fast fucking entre deux portes de bureau avec une collègue de travail échauffée par toute une matinée en open space.
Seul regret à propos de How’s Annie ? mais il est de taille : la longueur du disque a été rallongée par l’adjonction de trois remix. J’ai beau savoir que la pratique du remix est monnaie courante en musique électronique et que souvent elle sert aussi de sésame pour les groupes/musiciens qui sont remixés comme pour ceux qui remixent, je préfère lorsque ces expériences sont publiées sur un format à part. Bon, faisons avec… Et bien manque de bol, aucun de ces trois remix ne me plait et – bien pire – ils dénaturent un album en lui faisant perdre de sa personnalité. Il faut donc arrêter d’écouter How’s Annie ? après son neuvième titre et du coup tout va tout de suite beaucoup mieux.