lundi 6 décembre 2010

STNNNG / The Smoke Of My Will























Le petit retour de STNNNG. Et pourquoi « petit » retour ? Parce que personne n’en a rien à foutre de ce groupe de Minneapolis auteur en 2005 d’un premier album fabuleux (Dignified Sissy) et en 2007 d’un Fake Fake meilleur encore. Personne n’en a rien à foutre alors que STNNNG reste l’un des meilleurs représentants américains actuels de la mouvance noise rock post Jesus Lizard. Mais les STNNNG sont moins médiatisés que les excellents Pissed Jeans, moins déments que les suicidaires Drunkdriver (RIP ?), moins crâneurs que Clockcleaner (RIP) et pour ne pas arranger les choses quatre années ont séparé Fake Fake du nouvel album, The Smoke Of My Will, qui comme tous ses prédécesseurs a été publié par l’excellent label Modern Radio records de Minneapolis. Le seul moyen d’écouter ce disque c’est de le commander là-bas et de grimacer sur les frais de port. Où alors de trouver un mec super sympa qui vous refilera ses mp3 parce que le label les envoie à tout acheteur du LP. Mais qu’importe. Pour certains The Smoke Of My Will vaut carrément le coup de se ruiner un peu plus et de bouffer des pâtes jusqu’à la fin du mois. Pour les autres, ils bouffent déjà des pâtes.
N’ayons pas peur d’affirmer que The Smoke Of My Will est à ce jour le meilleur album de STNNNG bien que ce soit un album moins facile d’accès, comprenant moins de hits instantanés (et encore…), un album moins homogène donc, avec des titres pouvant réellement surprendre. Peut être aussi parce que The Smoke Of My Will a été enregistré au long court entre 2008 et 2009, un peu à droite et un peu à gauche, que le groupe a légèrement changé de line-up entretemps – le batteur initial a été remplacé par celui de Signal To Trust, autre excellent groupe du label Modern Radio records et qui avait d’ailleurs publié un split single avec STNNNG en 2007.
The Smoke Of My Will est donc un sacré grand disque. Pas besoin de tortiller. Les apparences sont pourtant trompeuses : Cluster Drome est un court instrumental qui se marie parfaitement avec la pochette nuageuse du disque. OK, on veut bien patienter et on ne patiente pas très longtemps puisque suivent directement The Ugly Show et surtout Howling Man, soit deux titres noise as fuck avec cette basse qui fait valser les têtes contre les murs, ces guitares tranchantes – excellent riff d’intro sur Howling Man – et Chris Besinger au chant qui invective, postillonne et s’écartèle les cordes vocales. Howling Man est un titre réellement irrésistible et il précède Two Sick Friends, première entorse de The Smoke Of My Will à l’orthodoxie noise réglementaire. En fait, pas vraiment une entorse, plutôt une échappée belle sur laquelle STNNNG se paie le luxe de calmer radicalement le jeu, du moins en surface. Il n’y a aucune facilité sur ce titre en trompe l’œil l’oreille et ses guitares faussement cristallines mais véritables aiguilles qui vous transpercent doucement le cortex alors que la rythmique accélère et plafonne en mode hélicoptère. Juste derrière In The Hate Field paraitrait presque banal or ce titre est un autre représentant de la folie noise de STNNNG avec ce qu’il faut de raffinement (l’atterrissage de la fin).
Seconde face. Avec sa grosse basse bourdonnante New Black Hole est le deuxième hit absolu de The Smoke Of My Will, exactement le genre de titre qui fait penser qu’il devient vraiment urgent de voir un jour STNNNG sur une scène européenne/française. Tout simplement fantastique. Ladies & Gentlemen… We’ve Been Infected est plus insidieux et vicelard mais tout aussi impressionnant tandis que Some Raw Girls et Slow Water continuent dans une veine très énervée mais swinguante (malgré une fin à nouveau très dans les nuages pour Slow Water. Arrive le dernier titre, Tremblin’ Blues. Mine de rien ce titre est le plus aventureux de l’album car passé une intro qui semble avoir été placée là uniquement pour berner l’auditeur, les guitares de Tremblin’ Blues ravivent la flamme d’une musique bancale et claudiquante, parfois même à la poursuite du US Maple de Long Hair In Three Stages et c’est tout simplement le grand moment du disque. Sur l’insert les STNNNG ont fait imprimer un « thank you very much » s’adressant à personne en particulier et donc à tout le monde en même temps mais franchement les gars, c’est nous qui ne pouvons que vous remercier pour un tel disque.