samedi 30 juin 2012

Comme à la télé : Municipal Waste version cartoon et en mode grand-guignol


Décidemment rien de semble pouvoir arrêter les quatre Municipal Waste qui viennent de nous pondre une petite vidéo promotionnelle de derrière les fagots et mettant le groupe en scène en dessin animé façon saturday killing fever.  

C’est un peu gore, totalement stupide et surtout définitivement régressif – à l’image de l’album The Fatal Feast paru en avril dernier.





Signalons enfin la parution chez Tank Crimes de Toxic Waste, un split 12’ réunissant Municipal Waste et leurs frères de sang de Toxic Holocaust. Un disque que le comité rédactionnel de 666rpm se fera une joie de chroniquer dès qu’il aura fini de digérer ce disque surchargé en hémoglobine et en houblon fermenté. Une sieste s’impose.

vendredi 29 juin 2012

Sex Church / Growing Over




On était un peu passés à côté du cas de Sex Church, sans doute parce que les précédents disques de ce groupe canadien, bien que remarqués – de mémoire : deux single et un mini album en 2010 –, n’avaient pas non plus emballé les foules. Mais comme il est bon parfois de se tromper complètement. Sex Church a publié fin 2011 Growing Over, son premier véritable album, un album finalement écouté un peu par hasard et juste histoire de vérifier que l’on ne ratait pas grand-chose alors qu’au contraire voilà un disque qui remet les pendules à l’heure et offre à Sex Church une place de choix sur la cartographie mondiale des groupes de rock déviant.
A notre décharge signalons tout de même qu’entre le mini LP Six Songs et Growing Over la musique de Sex Church a subi un sérieux tour de vis. On apprendrait que le groupe est plutôt originaire d’Australie et non pas du canada qu’on n’en serait pas autrement surpris. Et celles et ceux qui regrettent les égarements pour ne pas dire la déliquescence de The Drone ne pourront être que ravis. Car Sex Church se débat dans ces zones enfumées et brumeuses que certains aiment à qualifier de swamp rock. Le groupe doit aussi énormément au Gun Club de Jeffrey Lee Pierce (l’album Miami) et ça, c’est l’assurance d’une plus-value hautement affective garantie.
Or Sex Church arrive à distancer tout le monde dans le brouillard en insufflant un fort côté psyché à nombre de ses compositions. Pas seulement parce qu’il y a un orgue ou des bruitages de l’espace qui surnagent ça et là, non, mais parce que l’on entend des nappes de guitares à la limite du cotonneux noisy, des guitares narcoleptiques que cette fois on imaginerait plus volontiers en provenance de l’Angleterre de la fin des 80’s/début des 90’s. Paralyze ou Growing Over sont de bons exemples de comment Sex Church arrive à pervertir une simple balade bluesy en marécage psyché ou en ritournelle goth sudiste.
Il est indéniable que Growing Over est un excellent disque mais surtout voilà un disque de très grande classe. Parfois Sex Church s’amuse à faire un peu de bruit (Colour Out Of Space et son saxophone sont-ils un hommage au L.A. Blues des Stooges ?), parfois aussi le groupe accélère dangereusement le rythme (Treading Water) mais cette musique garde toujours sa stature irréprochable et majestueuse bien que foncièrement trouble et troublante – s’il y a de la boue au fond de ce marécage là il recèle également de multiples trésors cachés.

Growing Over est publié par Load records, célèbre label de Providence s’il en est. Pour écouter la musique de Sex Church, autant se rendre sur la page soundcloud du groupe.

jeudi 28 juin 2012

Father Murphy / Anyway Your Children Will Deny It





Avec un tel nom de groupe – Father Murphy – et avec un chanteur/guitariste qui se fait quand même appeler Reverend Freddie Murphy plus un batteur qui a lui choisi l’appellation de Vicar Vittorio De Marin, on est tentés de freiner à pieds joints et de reculer toujours plus devant l’écoute de ce Anyway Your Children Will Deny It. On nous précise également que les italiens de Father Murphy ont développé un rapport assez singulier avec la religion et dieu et que les habituelles thématiques abordées (en très très gros : la vie, la mort, l’amour et tout ce genre de trucs) le sont de manière singulière pour ne pas dire « biaisée ». Soit. On en connait d’autres qui ont régulièrement évoqué les mêmes thèmes et qui ne s’en portent pas plus mal bien qu’à la longue ils aient fini par tourner au ridicule – Nick Cave par exemple.
Alors intéressons-nous donc à la musique de Father Murphy. Protégé de Greg Saunier de Deerhoof qui au passage en a profité pour mixer Anyway Your Children Will Deny It, le trio joue une musique qui effectivement tient beaucoup de la liturgie : vocaux trainants mais illuminés, lyrisme ampoulé, clochettes tibétaines pour faire joli, orgue majestueux, harmonium austère, samples de cordes grandiloquentes et une ambiance générale qui ne respire pas vraiment la joie de vivre. Ça transpire surtout l’arty et la volonté d'insister toujours pour que le doute ne soit pas permis, une insistance qui énerve rapidement.
Globalement Anyway Your Children Will Deny It est séduisant mais très inégal. In Praise Of Our Doubt, absolument parfait pour une fin de soirée consacrée à la méditation et le très folkeux/niaiseux Don’t Let Yourself Be Hurt This Time sont du genre insupportable ; le fracassant titre d’ouverture How We Ended Up With Feeling Of Guilt ou It Is Funny, It Is Restfull, Both Came Quickly et ses relents black metal sauvent la mise d’un album qui s’empêtre dans une religiosité de pacotille. Si c’est fait exprès, s’il y a du second degré dans Anyway Your Children Will Deny It et bien c’est presque raté. J’admets que dans ce cas là je n’ai aucun humour ni aucun désir de faire preuve de finesse d’esprit car dans le doute je préfère dégainer mon 666 magnum pour dézinguer cette bande de dévots pseudo tourmentés et à la petite semaine. Un bon curé est un curé mort.

Anyway Your Children Will Deny It est publié en LP et en CD par Aaggo records.

mercredi 27 juin 2012

Report : Witxes, Agathe Max et Duane Pitre au Sonic - 23/06/2012





C’est la dernière de la saison. Le Sonic va bientôt fermer ses portes et – si tout ce passe bien – va procéder à un grand nettoyage, va effectuer les travaux que les commissions de sécurité lui imposent désormais pour continuer à accueillir du public et va se refaire une beauté à défaut d’une nouvelle jeunesse. « Si tout ce passe bien » cela signifie que pour l’équipe du Sonic il s’agit de jongler avec le propriétaire des lieux, les élus locaux et les bAAAnques, un exercice ardu et un équilibre difficile à obtenir.
Plus que jamais ici on pense à eux car tant que le Sonic programmera des affiches comme celle de ce samedi 23 juin et bien on soutiendra le lieu qui reste une alternative raisonnable et absolument pas honteuse entre la culture marchande des grandes salles commerciales et la programmation des organisations DIY (activité bien mise à mal depuis la disparition – momentanée ? – de Grrrnd Zero). Moins rock’n’roll que le Clacon à Oullins et moins événementiel que l’Epicerie Moderne de Feyzin (en ce sens que la jauge de l’Epicerie permet elle d’accueillir des groupes tels que les Swans, Shellac, Unsane, Low ou A Place To Bury Strangers), le créneau du Sonic c’est plus que jamais la musique dite expérimentale et notamment tout ce courant américain néo minimaliste. La programmation de Duane Pitre, musicien et compositeur publiant sur Important records mais jouissant encore d’une faible réputation, s’inscrit parfaitement dans cette logique.




Witxes jouait en première partie. Derrière ce nom se cache un jeune homme moustachu – signe évident de bon goût – que l’on peut croiser à l’occasion si on fréquente les lieux de concerts lyonnais. Un an voire même plus s’est écoulé depuis la dernière fois que j’ai pu voir Witxes en concert et j’avouerai que je n’ai jamais été trop emballé par la musique de ce garçon. Celui-ci utilise le matériel que l’on retrouve chez la plupart des one man band c'est-à-dire un laptop, un synthé, des pédales et une guitare – Witxes ne chante pas.
Tout d’abord la première partie du set m’a laissé perplexe : de l’ambient/drone bien foutu bien que fort peu original si ce n’est un recours à des samples de saxophone sonnant terriblement 80’s – alors que nom d’un bordel, il y a quand-même des choses beaucoup plus intéressantes à pomper de cette décennie maudite qu’un son de sax que l’on dirait tout droit sorti de la BO de Miami Vice ou du Let’s Dance de Bowie – samples auxquels il faut rajouter des sons de synthétiseurs peu agréables à mes oreilles. Je me voyais presque tourner les talons et prendre la direction du bar.
Or la deuxième partie du set de Witxes a été autrement plus intéressante, basée sur les grondements d’une guitare et s’ouvrant sur des territoires ne pouvant que plaire davantage à un vieux ronchon à moitié sourd comme moi. Voilà, dès que ça commence à faire du bruit et à trembler le long de ce qui me reste de moelle épinière et bien cela me convient aussitôt. N’empêche que l’on ne m’enlèvera pas de la tête que Witxes est plus doué pour sculpter de la masse sonore en fusion que pour frisouiller sur des patterns faussement délicats. On reparlera bientôt de Sorcery/Geogarphy, l’album que Witxes a très récemment publié.




S’il y a quelqu’un dont on attend avec de plus en plus d’impatience le prochain album, c’est bien Agathe Max. Cela fait plus d’un an et demi maintenant que la jeune femme joue des nouvelles compositions en concert et il paraitrait qu’elle enregistre en ce moment en studio… Ces nouvelles compositions que j’ai enfin pu réentendre ce soir n’ont fait qu’attiser à nouveau ma curiosité et augmenter mon impatience, reléguant le pourtant excellent This Silver String (publié en 2008) au rang de presque vieux souvenir.
La première chose étonnante c’est de voir Agathe Max jouer devant un écran qui diffuse des photos et quelques vidéos. Un artifice un peu facile mais que l’on oublie totalement : des paysages anonymes et flous se succèdent et on finit par de plus les voir, mis à part ce film montrant un sous-marin (?) navigant à la surface de l’eau.
La deuxième chose étonnante c’est l’aspect résolument plus mélodique des titres interprétés. Des samples de piano ou des couches de cordes supplémentaires viennent se rajouter au violon d’Agathe Max et donnent à sa musique un aspect nettement plus contemporain/néo-classique. Le côté tellurique que l’on connaissait à la musicienne n’apparait que beaucoup plus rarement mais il est utilisé à bon escient. Par contre ce qui ne change pas c’est l’incroyable dextérité de la violoniste, on la regarde jouer comme si on assistait à un prodige or cela n’empêche pas de se laisser également porter par des compositions incroyables de naturel et de densité. L’intensité est bel et bien présente mais elle est désormais au service d’une finesse toujours plus impressionnante alors oui, vivement l’album.




Ensuite Agathe Max a joué en duo avec Duane Pitre non sans expliquer que leur prestation était en hommage à une amie commune disparue et qui leur avaient permis il y a quelques années de faire tous les deux connaissance. Malgré l’émotion suscitée par les quelques mots prononcés par Agathe Max il faut bien reconnaitre que cette prestation – elle comme toujours au violon et lui à la guitare – a été assez anecdotique mais heureusement très courte. Bon, il n’y a aucun mal à vouloir se faire plaisir et les intentions étaient on ne peut plus bonnes…




Duane Pitre s’est ensuite installé derrière son laptop et autres bidouilles à son. On reparlera sûrement une autre fois de son très intrigant album Feel Free publié cette année chez Important records. Il est clair qu’un concert de Duane Pitre est un concert de diffusion et rien d’autre – d’ailleurs pourquoi prendre un air aussi pénétré lorsqu’on ne fait qu’appuyer sur des boutons ? – et que la seule façon de l’apprécier est de fermer les yeux et de se laisser aller.
OK, le volume sonore était là, OK les subtilités éclataient avec plus de force, OK les allez-et-retours en pingpong entre les sonorités étaient envoutants, OK l’émotion était palpable, OK j’avais sûrement l’air d’un hippie électrique ainsi assis par terre. Mais j’assume.

mardi 26 juin 2012

Les Pelvis Enragés / Artaud A Tort





J’ai bien réfléchi avant d’écouter ce disque des Pelvis Enragés. Voyons, voyons : Un titre Artaud A Tort en forme de contrepèterie, un artwork d’un goût délicieusement douteux, une référence à ce grand malade d’Antonin Artaud (donc), un groupe qui comprend un synthétiseur très envahissant dans son line-up, du chant (parlé) omniprésent et en français, un invité à l’accordéon sur deux titres, de vagues relents expé/prog dans les coins, une bio inutile qui énumère les autres groupes avec lesquels les Pelvis Enragés ont partagé la scène – c’est pas bien brillant dans l’ensemble – plus les éventuels passages (web)radio de seconde zone ainsi que quelques citations de vieilles chroniques publiées dans d’obscurs webzines et toutes plus mal écrites les unes que les autres… ça fait quand même beaucoup de handicaps à surmonter tout ça. Sans compter que le chroniqueur (moyen) de 666rpm est lui du genre ronchon et moustachu, qu’en matière de musique il lui faut du sang, de la sueur, des poils et de la violence gratuite pour assouvir ses quelques besoins élémentaires.
Alors ? Alors et de toute évidence Les Pelvis Enragés ne sont absolument pas un banal groupe de punk rock mais cela ne les empêche pas d’être largement plus barrés (malades ?) et détraqués que la moyenne. Allez, on reprend l’inventaire.




C’est vrai qu’il y a beaucoup de synthétiseur ici bas, que cet instrument est à toutes les sauces – comprenez utilisé aussi bien en base rythmique puisqu’il n’y a pas de basse dans les Pelvis Enragés mais également en première ligne – et qu’il se marie très bien avec la guitare certes beaucoup moins bavarde, plus sèche et éventuellement noisy. On peut parler de musique progressive à propos des Pelvis Enragés en ce sens que les idées virevoltent, s’accumulent, tirant parfois sur le free jazz mais également du côté d’un pseudo math rock énervé mais ce terme de progressif ne convient pas non plus tout à fait car Les Pelvis Enragés ne jouent à aucun moment la carte de la surcharge, de la boursouflure (et donc de l’écœurement) ou du scintillement et s’il y a outrance elle n’est jamais synonyme d’excès gratuit. En fait, tout ici semble avoir une place pensée et réfléchie, un sens bien précis mais tout coule de source, comme le chant qui tient plus du flow/slam que de la performance vocale.
Ce chant on ne peut vraiment pas passer à côté. Tout d’abord il occupe les deux tiers (les trois quarts ?) de la surface enregistrée d’Artaud A Tort et il est toujours distinct et compréhensible. Même sans avoir les « paroles » sous les yeux on comprend parfaitement ce que raconte ce garçon, on saisit tout l’univers d’Antonin Artaud (qui d’autre ?) et on se rappelle comment on a transpiré en classe de Première en étudiant ce putain de Suicidé De Société. Là aussi tout semble couler de source : tout ceci est logiquement – et fort heureusement – très écrit mais évite toute pédanterie tout comme les pièges de la littérature savante mise en musique. Ce chant qui n’en est pas vraiment un, on pourrait pour faire simple le situer entre un Pete Simonelli mariné à l’absinthe et un Arnaud Michniak sous acide mais question virulence il y a aussi du Léo Ferré là dedans, quand il se prenait pour un prédicateur engagé.
Pour finir, n’ayez pas peur de l’accordéon que l’on entend sur les deux premiers titres d’Artaud A Tort. Vous, vous ne savez peut-être pas ce que cela signifie de partager son toit avec quelqu’un qui joue de l’accordéon au minimum une demi-heure par jour mais moi je sais et je peux vous dire que celui qui intervient dans Artaud A Tort est à prendre comme un complément très réussi des lignes de synthétiseur et de la guitare décrites un peu plus haut.

lundi 25 juin 2012

Elizabeth / Where Vultures Land





Elle s’appelle ELIZABETH et je l’ai tout de suite kiffée avec ses vrais faux airs de Thelma & Louise remontées à bloc, franchement décidées à sulfater du blaireau bien qu’hésitant encore un peu sur la marche à suivre – alors, ce sera plutôt femen ukrainienne ou plutôt rebelle tchétchène ? Les deux mon capitaine. Elizabeth joue du hardcore rapide et violent, non ça rigole vraiment pas tous les jours et comme le disent parfois les amateurs il faut reconnaitre qu’Elizabeth c’est du brutal. Dans le genre le premier titre Darkness est plein de promesses avec sa rythmique ultra linéaire façon d-beat (pour celles et ceux qui veulent tout savoir : le « d » est pour Discharge, ce qui veut tout dire).
Mais Elizabeth est aussi un petit peu vicieuse car ses promesses elle ne les tient pas tout à fait. Elle fait même bien plus que ça. Et Where Vultures Land ne se contente pas d’être une simple collection de titres de fastcore métallisés qui cassent la baraque et mettent le feu aux poudres. Donc en deuxième position The Fall démontre qu’Elizabeth ne se satisfera pas de jouer en roue libre et le plus vite possible : une intro un rien malsaine et le tour est joué, une bonne atmosphère glauque et tendue s’installe… oui, bon, la suite de The Fall reprend partiellement les mêmes chemins que Darkness mais il n’empêche que le ver est dans le fruit et qu’Elizabeth n’est pas qu’un énième groupe adepte de la bourrinade et que derrière la fureur/l’action directe on trouve sans peine un côté torturé – notamment grâce à certains plans de guitare – qui donne tout son intérêt à Where Vultures Land. On n’est alors pas du tout étonnés de la tournure beaucoup plus mélodique mais très sombre de Sailor’s Grave qui clôture la première face avec un chant peu scrupuleux des canons du genre mais particulièrement agrippant (ce chanteur officiait avant dans Nostromo mais on s’en fout un peu, non ?).
La seconde face démarre elle aussi sur les chapeaux de roue grâce à un Candles mâtiné de blasts. Tout de suite après Black Eyed, le meilleur moment du disque, refait le coup de l’intro en trompe l’œil (ha ha) mais surtout la suite du titre permet à nouveau d’admirer les idées de ce guitariste si brillant et ce final presque sludge est vraiment du meilleur effet. Rising Kingdom est une autre déflagration punk as fuck avec toujours ce côté alambiqué qui surnage et donne au hardcore d’Elizabeth toute sa qualité. Enfin, Heartbeats confirme haut la main que l’on peut être versatile sans se perdre en route et que l’on peut être terriblement agité sans être dissipé. On peut alors aisément parier sur l’avenir d’Elizabeth tellement on trouve ce disque enthousiasmant bien que fondamentalement réservé aux fanatiques de sulfateuses et de hachoirs électriques.

Where Vultures Land est un joli vinyle transparent qui tourne à la vitesse de 45rpm et publié conjointement par Throatruiner records et I For Us records. Et comme le groupe n’a pas peur de perdre de l’argent il a également mis l’intégralité de son disque en téléchargement libre et gratuit.

Pour finir, les lyonnaises et les lyonnais apprendront qu’Elizabeth sera en concert au Warm Audio de Décines (c’est accessible en Tramway) le 29 juin prochain ; un concert en très bonne compagnie puisque il y aura également Moms On Meth à l’affiche.

dimanche 24 juin 2012

Comme à la télé / Soft Machine





C’est dimanche et on s’emmerde. Alors on regarde cette vidéo de Soft Machine qui interprète l’un de ses titres emblématiques, Moon In June.




Des fois on peut regretter de ne pas être né quelques années plus tôt. Mais comme il fait beau et que c’est dimanche on éteint son ordinateur et on sort dehors pour se réchauffer les arpions : il n’y a pas que la musique dans la vie.

samedi 23 juin 2012

MSL JAX / Let's Get Lost





On avait déjà abordé le cas de MSL JAX/Miss Shapenfingers & The Lumberjacks à propos d’un premier album sans titre vraiment pas mal du tout et surtout sentant bon le sable chaud et les arpions à l’air. Notre ami aux doigts tordus et ses deux petits camarades bucherons ont donc remis ça avec un Let’s Get Lost toujours sans aucun rapport avec Chet Baker mais bourré d’innocence conquérante et de plaisirs simples.
Sur Let’s Get Lost il n’y a cependant rien de réellement changé par rapport au premier disque si ce n’est cette fois-ci l’absence totale de folksongs lénifiantes enregistrées le soir au coin du feu. Et c’est tant mieux. Presque un soulagement. Tout juste distingue-t-on une tentative d’allégement sur Come On mais ce titre, excellent au demeurant, penche plutôt du côté des enregistrements bourrés de reverb artisanale de Sam Phillips aux studios Sun. Et une fois éradiquée toute tentation hippysante, MSL JAX s’en donne à cœur joie dans le domaine qu’il maitrise le mieux : la composition de chansons poppy punk avec couplets accrocheurs, refrains fédérateurs, solos de guitare limite branlette, une certaine gouille un rien hautaine dans la façon de chanter et de l’énergie à en revendre.
Bon, voilà clairement un disque qui renifle l’insouciance sans lendemain, le soleil brulant, les filles en maillot de bain, les garçons en marcel, le triptyque pastis-pétanque-saucisse, l’été qui n’en finit pas, les surfers peroxydés, les pom-pom girls consentantes et – oui – il s’agit à nouveau d’un disque de saison ou – bien mieux – d’un disque que l’on prend réellement plaisir à écouter en voiture, à rouler au hasard juste pour le bonheur de griller de super sans plomb 98 à 1.70€ le litre. Tout cela est joyeusement immoral mais bien meilleur qu’un plaisir coupable.
Une fois de plus on ne pourra que louer le talent de compositeur de Jérôme Bossuyt (Miss Shapenfingers c’est lui), un garçon qui sait trousser du riff percutant et tailler de la mélodie saisissante au kilomètre. Qu’il soit également artilleur au sein de Café Flesh est un détail à ne pas négliger non plus bien qu’il n’y ait aucun rapport entre MSL JAX et les terroristes de Jarnac – disons que voilà une remarque qui souligne encore plus les mérites de ce garçon.

Let’s Get Lost a été publié grâce aux efforts conjoints de trois labels : Furne Records, Smalltones records et Kicking records.

vendredi 22 juin 2012

Melvins Lite / Freak Puke





Promis, craché et mousse de bouche, je m’étais bien juré de ne plus jamais écouter – et encore moins de chroniquer – tout nouvel album des Melvins. Seulement voilà, une sacrée nouvelle, du moins une nouvelle terriblement interpelante, est parvenue jusqu’à mes petites oreilles : les Melvins, ayant peut-être décidé qu’ils se faisaient à nouveau trop chier dans la vie et qu’il était donc grand temps pour eux de reprendre les choses en main et de se remettre à titiller correctement le fan melvinsien moyen, oui les Melvins se sont scindés en deux. D’un côté (The) Melvins c'est-à-dire le groupe de la part duquel on supporte depuis 2006 des albums tous plus mauvais les uns que les autres et de l’autre Melvins Lite. Melvins Lite, qu’est ce que c’est que ça ? Tout simplement les Melvins en version trio c'est-à-dire sans les deux affreux de Big Business et donc débarrassés de la présence et surtout du chant abominable d’un Jarred Warren bien trop envahissant.
Imaginez un peu, voilà un rêve qui tout à coup risquait de devenir réalité, les Melvins redevenant ce qu’ils n’auraient jamais du cesser d’être, un duo guitare/voix et batterie agrémenté d’un bassiste souffre-douleur et forcément jetable. Dans le cas de Freak Puke, « premier » album des Melvins (Lite) publié début juin 2012 par Ipecac, le poste de bassiste est occupé par Trevor Dunn. Et là, tout s’écroule. Sur Freak Puke Trevor Dunn (Mr Bungle, Fantômas, Electric Masada, Tomahawk, etc) ne joue pas de la basse électrique mais uniquement de la contrebasse (« standup bass » est-il précisé)… Souvent il n’y a rien de plus détestable que les Melvins s’adonnant à leurs côtés les plus arty et malheureusement c’est bien ce que confirme Freak Puke, un album composé de dix titres dont on a du mal à n’en sauver ne serait-ce que deux tellement tout ceci se révèle n’être qu’un amoncellement sans queue ni tête, mollasson, sonnant affreusement et révélateur d’un manque d’inspiration certain. Les Melvins n’arrivent même plus à faire rire, ils n’arrivent pas plus à forcer le respect lorsqu’ils s’autoparodient de manière tellement outrancière. Comme un coquillage creux que l’on porte à son oreille ou une boule de neige que l’on met à l’envers et secoue en espérant quelque chose d’extraordinaire ou d’un peu magique. La réponse est non les enfants. C’est donc bien que les Melvins s’emmerdent pour de vrai et qu’ils n’arrivent plus à créer l’illusion. Moins que zéro.

[jamais à court d’idées saugrenues, la bande à King Buzzo a en outre fait le pari stupide de se lancer dans une tournée US de 50 dates effectuées en 51 jours seulement, ce qui parait-il constituerait un record en la matière – pendant qu’on y est vivement les Melvins à la une des journaux télévisés du soir]

jeudi 21 juin 2012

Les Suce-Pendus - Judas Donneger / split



 

Ce 45 tours partagé entre les défunts Suce-Pendus et les sursitaires Judas Donneger a plus d’un mérite. Trois exactement. Le premier est de prouver une fois de plus la supériorité flagrante du format vinyle sur tous les formats numériques : J’Aime Ces Filles Froides figurait déjà sur la démo/CDr de Judas Donneger et question qualité sonore cela ne fait pas un pli, la chaleur d’un bout de plastique tournant à la vitesse de 45rpm rend l’ensemble toujours plus glacial.
Le deuxième mérite de ce disque est donc de pouvoir se remettre entre les oreilles un très bon titre de Judas Donneger : de la cold wave enregistrée dans une cave, de la viande avariée, un bout de lune froide, de la nécrophilie, de la dépression, un synthétiseur bourré d’écho, une boite-à-rythmes cheap, une guitare faussement émoussée et une voix/un chant parlé qui raconte quelques saloperies entre J’aime Quand La Jalousie Me rend Fou et J’aime Ces Elites Aux Crânes Chauves Qui Nous Dirigent. Résultat : J’aime Contempler La Vie Avec Mon Cancer A La Main et la détestation comme seul moyen de survie et de tout supporter ou presque.
Sur l’autre face on peut (re)découvrir les Suce-Pendus, groupe disparu depuis mais non sans avoir publié un premier et ultime album ni avoir donné un dernier concert en novembre 2011. Comme la voix est assez similaire à celle de Judas Donneger on pourrait croire qu’il s’agit du même bonhomme (puisqu’il y a un ancien Suce-Pendus dans Judas Donneger) mais en fait il n’en est rien. C’est vrai que la ressemblance est troublante et que la façon de placer le chant est également comparable. Or les comparaisons possibles s’arrêtent là. Les Suce-pendus c’était plutôt une sorte de cold wave dévoyée et portée par des guitares bruyantes/noisy. Mort A L’Hôpital a d’autant plus d’impact qu’il nous ronge à l’aide d’une basse galopante et d’une batterie bien marquée qui assurent une rythmique au groove mécanique et implacable comme dernier argument et ultime sommation avant le passage à l’acte. Dire que ce titre a été enregistré en 2007.
Voilà donc le troisième mérite de ce split, celui de proposer une séance de rattrapage et de pleurer une bonne fois et pour de vrai sur un groupe que l’on aurait voulu découvrir et écouter bien avant.

Ce 45 tours est publié par Label Brique (le label d’Headwar) qui a également sorti le LP des Suce-Pendus. Alors peut-être qu’il n’est pas encore trop tard.

mercredi 20 juin 2012

Chris Watson / El Tren Fantasma



Chris Watson est un musicien extraordinaire même si d’aucun lui refuserait volontiers ce statut méritant. Notre homme a pourtant fait ses débuts au sein de Cabaret Voltaire et a activement participé à l’enregistrement de disques aussi essentiels que Mix Up (1979), The Voice Of America (1980) et Red Mecca (1981). Au sein du groupe de Sheffield il était essentiellement chargé des machines c'est-à-dire le plus souvent (et en plus des synthétiseurs) de la manipulation de bandes préenregistrées. Avec le départ de Chris Watson Cabaret Voltaire a irrémédiablement perdu son caractère post punk pervers – l’incroyable single Nag Nag Nag – et ses velléités industrielles. Tous ces disques ainsi que l’immanquable et obscurantiste coffret Methodology 74/78 ; Attic Tapes sont toujours trouvables du côté de Mute records. Pour les gens pressés on peut toujours conseiller la compilation The Original Sound Of Sheffield 78/82 avec l’excellent Do The Mussolini (Headkick) en guise de tête de gondole.




Mais depuis Chris Watson a dévié de sa trajectoire initiale. Toujours passionné de sons il s’est spécialisé dans la captation de ceux-ci. Les pochettes de ses disques décrivent avec moult détails quels microphones, câbles et enregistreurs Watson a utilisés pour capter tel ou tel son. Car les disques plus récents de Chris Watson – la plupart chez Touch records – c’est précisément cela : de la prise de son et des paysages sonores. Un disque tel que Outside The Circle Of Fire (1998) documente uniquement des bruits d’animaux captés dans le monde entier. Et lorsqu’on parle de bruits d’animaux on ne parle pas seulement de leurs cris, entre autres choses on s’émerveille à chaque fois de cet enregistrement qui donne à entendre les remous de l’eau provoqués par un squale replongeant soudainement dans les profondeurs de l’océan. L’abstraction sonore est à son comble et si on ne savait pas que c’est un squale qui a provoqué ces bruits cela n’y changerait rien. Malgré les détails techniques et parfois géographiques – latitude, longitude, altitude, etc. – fournis on n’écoute qu’un son et on comprend que l’acte de prise de son est un acte créatif comme un autre, avec ses mystères et ses explications.
Chris Watson a ainsi élevé la prise de son et sa restitution/diffusion au rang de création ce qui bien sûr défrise les mélomanes et les tenants de l’instrumentation au sens strict et classique du terme. Ce qui a amené notre homme à une certaine notoriété : par exemple son disque Weather Report (2003) est adulé par tous les curateurs de musées d’art contemporain du monde mais moi je lui préférerai toujours Outside The Circle Of Fire qui est de très loin le plus beau de toute sa discographie.
Chaque nouveau disque de Chris Watson tourne autour d’une thématique plus ou moins extensible (donc, on a déjà énuméré : les animaux, la localisation géographique et la météorologie) et El Tren Fantasma – publié à la fin de l’année 2011 par Touch – n’échappe pas à la règle. El Tren Fantasma a effectivement été enregistré dans de multiples situations lors d’un voyage au Mexique et tourne autour des trains. Un « thème » universel tant les bruits de trains nous sont familiers. Mais ceux de Chris Watson sont une nouvelle fois étrangement poétiques. Historiquement El Tren Fantasma a également un intérêt puisqu’il collecte des sons captés sur une ligne ferroviaire (exploitée par les Ferrocarriles Nacionales de México) qui reliait l’océan Pacifique à l’océan Atlantique, Los Mochis à Vera Cruz et qui n’existe plus. Un train fantôme, donc (« fantasma » en espagnol) et un voyage figé dans l’immobilité de ce qui a disparu à jamais.
Or El Tren Fantasma reste d’une totale vitalité. Chris Watson a même pour la première fois depuis très longtemps manipulé ses sons, les a mixés et a rajouté des effets voire des sons autres qui donnent à El Tren Fantasma un caractère musical auquel l’anglais n’avait guère touché sur ses enregistrements solo précédents. Il est assez troublant de se laisser porter par les fausses rythmiques induites par la mécanique ferroviaire comme sur El Divisadero (quatrième titre) qui n’aurait pas à rougir de la comparaison avec une composition d’abstract techno. Mais c’est plutôt du coté des pionniers de la musique sur bande qu’il faudrait aller chercher une filiation, pour ce mélange entre finesse des compositions et expressivité rude des matériaux collectés. Avec El Tren Fantasma Chris Watson touche au plus près et surtout au plus juste, s’offrant peut-être l’opportunité de faire évoluer son art de la prise de son vers quelque chose de plus conventionnel mais de toujours aussi universel.

mardi 19 juin 2012

Report : Anne-James Chaton & Andy Moor et Hama Yôko au Sonic - 16/06/2012





Alors que le petit monde du football pleure à chaudes larmes la disparition tardive d’un commentateur sportif particulièrement beaufisant, franchouillard et limité intellectuellement, le Sonic s’apprête à accueillir Anne-James Chaton, un poète sonore dont le travail est l’un des plus intéressants du moment (et cela fait plus de dix ans que cela dure).
Quel rapport me direz-vous ? Mais absolument aucun. Disons simplement que les monuments nationaux sont tous bons à être démolis et que plus précisément la médiocrité érigée en monument national me donne particulièrement envie de vomir. Le sport rend con, c’est un fait humainement prouvé et s’enorgueillir de sa propre connerie étant également un sport de haute volée et très couramment pratiqué, on peut dire que l’on tourne en rond.




Anne-James chaton joue donc à Lyon en ce samedi soir dans le cadre d’une mini tournée de quatre dates entamée deux jours plus tôt. Les occasions de voir le bonhomme sont plutôt rares, surtout qu’il est cette fois-ci accompagné d’Andy Moor (survivant de The Ex, ancien Dog Faced Hermans). Les deux hommes se connaissent depuis 2001 – lors de la rencontre de The Ex et d’Anne-James Chaton – mais n’ont réellement commencé à collaborer ensemble qu’à partir de 2003. Depuis cette date ils ont publié nombre d’enregistrements, en particulier sur Unsounds (le label qu’a monté Andy Moor en compagnie du compositeur Yannis Kyriakides et de la photographe/plasticienne Isabelle Vigier) et parmi lesquels on a remarqué le très bon Le Journaliste (2009) ou la plus récente série de 45 tours intitulée Transfer. C’est précisément autour de ces deux œuvres que les deux hommes ont décidé de centrer leurs prestations. Joie.
Ce concert ne fera que confirmer qu’Anne-James Chaton est finalement un cas à part. S’il est souvent taxé de poète sonore, force est de constater qu’il est le plus « musical » d’entre tous. Il ne se contente pas de mots et son débit volontairement mécanique et monotone est finalement le terrain propice à toutes sortes d’expérimentations sonores. Anne-James Chaton manipule lui-même des dispositifs électroniques ou il collabore avec d’autres artistes, musiciens à proprement parlé : Andy Moor (donc) mais aussi Alva Noto.




L’installation d’Anne-James Chaton et d’Andy Moor sur la scène du Sonic est des plus simples. Le premier se trouve sur la gauche avec à ses côtés une table supportant laptop et autres bidouilles ; le second est sur la droite, juste avec sa guitare, un ampli et deux pédales d’effets – ridiculisant une fois de plus les guitaristes bardés de racks improbables et à la recherche perpétuelle d’un son parfait qu’évidemment ils ne trouveront jamais.
Celui de la guitare d’Andy Moor est brut, abrasif et noise à souhait. Il contraste violemment avec l’aspect froid de la diction d’Anne-James Chaton et ses manipulations sonores. Il prend même souvent le dessus, la litanie des mots du second se transformant en un flot d’où émergent de temps à autre un mot, comme une mise en exergue. Derrière les deux hommes un écran diffuse parfois des images mais l’artifice vidéo n’est pas une constante chez le duo tout comme il ne palie à aucun vide.




Ce qui est le plus étonnant chez Anne-James Chaton c’est l’aspect presque politique dans sa façon de procéder. L’énumération de faits d’une voix presque atone et robotique, l’accumulation, la juxtaposition et le choc créent de nouvelles formes de compréhension qui se dessinent petit à petit, s’imposent en biais mais qui n’assènent aucune vérité de façon péremptoire et/ou dogmatique. C’est particulièrement flagrant avec une pièce telle que Vous Êtes Riche pour laquelle Anne-James Chaton énumère des sociétés cotées en bourse, énumération assortie de commentaires précisant « vous êtres beaucoup plus riche » ou « vous êtes moins riche » – renvoyant ainsi à une critique certaine de l’économie financière et spéculative en contradiction avec le monde réel.
Mais le monde « réel » (des réalités ?) en prend également pour son grade : pour Le Journaliste, il sample quelques titres ou phrases lus en direct dans un journal qu’il feuillette, ces samples s’accumulent, s’amplifient et finissent par former une immense cacophonie illustrant la surproduction de l’information immédiate au détriment de l’information commentée et ouverte aux débats d’idées ; sur Portait Anne-James Chaton énumère des noms de villes, des personnes et des actions toutes simples (genre « il fait ses courses au supermarché ») mais également des noms de marques et d’enseignes – par effet de contrechamp on est à la fois dans la critique de l’hyper consumérisme comme règle de vie mais aussi à mille lieues de l’idéologie privilégiant la société du spectacle et le quart d’heure de gloire warholien. Et tiens, juste pour voir, j’aimerais bien qu’un jour Anne-James Chaton s’intéresse à la trivialité sportive et à l’absurdité de l’esprit de compétition – finalement je l’ai trouvé mon rapport avec l’autre matamore télévisuel trépassé.




En première partie on a pu revoir non sans plaisir Hama Yôko. Et à chaque concert Yoko fait quelque chose d’un peu différent de la fois précédente bien que l’on reconnaisse immédiatement sa musique à base de syndrome electro dark, de pop décalée, de castafiorades hallucinées (mais un peu moins que d’habitude pour le présent concert), d’intimisme perturbé et d’envolées lyriques.
Le mélange pourrait être détonnant voire indigeste or Hama Yôko reste toujours en deçà de toute surcharge et de toute saturation des moyens employés et distille avec pertinence des sensations contradictoires entre beauté vénéneuse, aliénation vocale – nombre de ses sons sont tirés de traitements infligés à sa propre voix – et fascination pour un chaos tourbillonnant d’embruns synthétiques. J’avais c’est vrai un peu moins apprécié le concert donné par Hama Yôko en première partie de Cut Hands alors que cette fois ci la magie trouble et électrique de la musicienne a parfaitement fonctionné.

lundi 18 juin 2012

Veuve SS / Viscères EP





On avait déjà bien apprécié Veuve SS et sa cassette Schlass chroniquée ici même il y a un an. On était depuis sans beaucoup de nouvelles de ce groupe lyonnais et on aurait voulu mettre un soin tout particulier à rater chacun de ses concerts que l’on ne s’y serait pas pris autrement. Pourtant il y a du beau monde dans Veuve SS : un batteur de 12XU au chant, un guitariste de Moms On Meth à la guitare, un ancien batteur d’Overmars à la basse et un batteur qui joue dans beaucoup trop de groupes pour les énumérer ici – d’ailleurs le pedigree des musiciens ce n’est pas ce qu’il y a de plus passionnant non plus.
Non, ce qu’il y a de vraiment intéressant, c’est la façon dont VEUVE SS – au passage l’un des plus chouettes noms de groupe qu’il m’ait été donné de croiser ces derniers temps – apporte un soin tout particulier pour présenter une musique frustre et rude au possible. Viscères est ainsi un EP sous la forme d’un 12’ gravé uniquement sur sa première face, la seconde étant sérigraphiée noir sur noir du logo du groupe – une façon de faire qui rappelle la présentation de la cassette mentionnée un peu plus haut. La pochette n’en est pas vraiment une, elle indique juste les quelques détails techniques qui intéressent d’ordinaire personne et surtout elle permet aux plus faignants d’entre nous de ne pas passer à côté des paroles, des paroles en français. Et malgré un certain simplisme ces paroles frappent juste : C’est toujours plus facile de croire en rien/Pas prendre de risque, jamais/Tout est permis, tout se vaut/Rien à prouver, rien à foutre/Rien à choisir, rien à branler/C’est bien plus facile d’avancer comme ça/Crevard !
Veuve SS a l’air d’un groupe bien austère et bien sérieux comme ça mais en fait je crois que ce sont aussi des petits rigolos : Viscères EP débute par une bonne blague c'est-à-dire un sillon fermé rempli d’un larsen. Une fois que l’on a compris le truc il n’y a plus qu’à relever son gros cul parce que la musique ça se mérite et il faut faire sauter le bras de la platine au début de la plage suivante pour se prendre au travers de la tronche un Au Fond ultrarapide et ultrabeuglard – le ton est donné. Juste après, le début très fast core de Cathédrales frise le black metal le plus roots. Or là où Veuve SS surprend et interpelle le plus c’est avec des titres tels que Comme Les Vers et surtout Viscères, des titres plus lents, longs, bruyants, torturés et glauques. Une certaine façon de remuer le couteau (les doigts ?) dans la plaie pour faire le plus mal possible mais surtout pour que cela serve à quelque chose.
Veuve SS s’éloigne ainsi de plus en plus de la violence du hard core/crust et gagne toujours plus en cradeur et en noirceur. Crevard – au cas où personne ne l’aurait compris c’est mon titre préféré du disque – s’achève dans une nouvelle agonie au ralenti. Le son de la guitare et de la basse vous égorge lentement mais sûrement, Veuve SS joue bien une musique à en crever.




Viscères EP est une sortie commune entre Flower Of Carnage, un label basé au Japon mais semble-t-il tenu par un frenchy et Echo Canyon records, le label lyonnais d’un des guitaristes de Daïtro/Baton Rouge/12XU, ce qui techniquement est beaucoup plus facile pour se procurer ce disque alors n’hésitez surtout pas.
Et sinon pour les lyonnais Veuve SS fêtera officiellement la sortie de Viscères le vendredi 22 juin en compagnie des excellents Moms On Meth, de Pizza OD et de Gorilla Gripping (qui eux aussi ont des nouveaux disques) – en cliquant sur le flyer ci-dessus on peut récupérer l’adresse mail à contacter pour obtenir tous les renseignements qui vont bien concernant ce concert.

dimanche 17 juin 2012

Comme à la télé : Xaddax en concert





C’est plus qu’officiel, la première tournée européenne de XADDAX, nouveau projet de Nick Sakes – on peut (re)lire la chronique du premier album Counterclockwork – évitera certaines régions inhospitalières et en premier lieu tout ce qui ressemble de près ou de loin à une ville française.

Pour se consoler voici l’enregistrement vidéo intégral d’un concert de Xaddax mis en boite le 26 mai dernier dans une salle de Manhattan portant le doux nom de Poisson Rouge.  



Pour les grands voyageurs et les malades obsédés par Xaddax précisons que cette tournée se déroulera du 7 au 22 juillet et visitera principalement la Pologne, l’Allemagne et la Slovaquie – dernière date à Prague le 22, dans l’une des plus belles villes que je connaisse…

Mais Nick Sakes et Chrissy Rossettie ont promis de revenir bientôt, question de moyens financiers et surtout de temps : ce ne doit pas être très facile de faire plaisir à tout le monde et d’accepter de prendre sur son temps de vacances pour partir en tournée très loin de chez soi.

vendredi 15 juin 2012

Woland Athletic Club / Marguerite






Les sept compositions de Marguerite, tout premier album de WOLAND ATHLETIC CLUB, ont été enregistrées il y a plus de quatre ans, en 2008… Entre temps la sortie du disque a été maintes fois repoussée, les titres ont été travaillés et retravaillés puis mixés par des mains expertes (Clément Edouard de Lunatic Toys, IRèNE et Loup s’est personnellement occupé du cas de quatre d’entre eux) et, enfin, Marguerite a vu le jour au mois de mai 2012, sur Carton records, le label de Seb Brun, egalement batteur de W.A.C.
De là à penser que la création du label est en partie due à ce genre de galères imposant in fine la sacro-sainte règle de conduite du fais-le toi-même en vigueur dans les milieux punk/DIY, il n’y a qu’un pas que je franchis allégrement. Il m’a en effet semblé que la parution même tardive de Marguerite était vécue comme un soulagement.
Se soulager ne signifie pas se débarrasser et Marguerite n’est pas un disque bâclé, au rabais ou même dépassé. Il est même d’une fraicheur et d’un bienfait étonnants. Marguerite est surtout bourré de surprises, de fantaisies et d’un bel esprit de liberté. Peut être que quatre ans après les trois membres du Woland Athletic Club n’en peuvent plus d’entendre ces bandes mais le fait est qu’une oreille neuve n’ayant jamais rien entendu du groupe et ne l’ayant jamais vu non plus en concert ne pourra qu’apprécier l’à-propos d’un disque la plupart du temps vigoureux et drôle, insolite et impertinent, dynamique et exigeant, absurde et enjoué.
W.A.C. est composé de Nicolas Stephan (saxophone alto, voix, glockenspiel, etc), d’Antonin Rayon à l’orgue Hammond et au piano électrique et (donc) de Sébastien Brun à la batterie et deux ou trois autres trucs dont il a aussi le secret. Dans le livret de Marguerite il y a également un quatrième membre de mentionné, Anne-Sophie Arnaud, créditée aux « excentricités corporelles et acte théâtral » (sic) mais évidemment on ne l’entend pas sur le disque (à moins que ce ne soit elle sur Lip 1 ?).
Ce que l’on entend c’est tout d’abord une voix et un inventaire à la Prévert (Le Coup Du Bocal) énumérant toutes les espèces de chevaux pouvant batifoler sur terre et surtout ce que l’on peut faire avec (ou pas). Une introduction qui ne laisse rien voir de l’enjouement à tiroirs de Revolution, sorte de chanson disco dada sauce Sparks traversée par des poussées d’étrangeté que n’aurait pas reniées un Robert Wyatt un peu déridé. Avec Question Mark W.A.C. change à nouveau d’optique, désormais nettement plus jazz et constellée de cassures et autres changements de direction… enfin ça c’est ce que l’on croit jusqu’à ce passage chanté lui-même perturbé par un immense trou d’air fait de pointillés, de bruissements et de chuchotements d’instruments, etc (car Question Mark est loin d’être terminé).
Sur Marguerite on ne sait jamais à l’avance où les trois musiciens de Woland Athletic Club vont nous emmener – et ça c’est vraiment très bien – mais surtout ils ne nous emmènent jamais n’importe où – ce qui est encore mieux : la fantaisie sans cesse jubilatoire et décalée de cette musique semble sans limite. On pense une nouvelle fois un peu à Robert Wyatt pour Lip 1 et on trouve en définitive que W.A.C. n’est pas si éloigné de l’esprit d’un Volcano The Bear, dans une version certes plus (jazz et) progressive : même façon de détourner des idiomes musicaux préexistants sans manifester la volonté de les ridiculiser, même inventivité permanente, même sens théâtral de l’absurde… les points communs sont nombreux mais les résultats restent différents, Woland Athletic Club conservant un sens de la fraicheur que les années ont eu tendance à affecter chez leur homologues anglais.
Seul Du Rafting Dans Les Ruelles se révèle un peu trop longuet alors que Nÿu semble lui uniquement sous la seule influence d’Ellery Eskelin/Andrea Parkins/Jim Black mais là c’est vraiment un moindre mal. Au passage on apprécie également que W.A.C. réhabilite ce bon vieil orgue Hammond B3 qui d’habitude sonne toujours un peu trop daté à nos oreilles – et comme c’est bon parfois d’avoir tort, merci Laurens. Ich Liebe Dich, Ich Liebe Dich

jeudi 14 juin 2012

Marduk / Serpent Sermon





MARDUK est l’archétype du groupe qui fait trop bien les choses. Serpent Sermon est le douzième album du groupe suédois emmené par le guitariste Morgan Hakanssonn, seul survivant du line-up originel et dictateur plénipotentiaire de Marduk. Un groupe terriblement efficace dont la musique – du black metal m’a-t-on dit – est du genre guerrier avec parfois une pointe d’emphase.
Lorsqu’on affirme que Marduk fait trop bien les choses, un euphémisme pour ne pas dire que la bande à Hakansson en fait beaucoup trop, on veut dire par là que Serpent Sermon est un album bien trop surproduit. On parlerait de hardcore, le nom de Converge viendrait immédiatement à l’esprit ; on parlerait de death metal c’est à Dying Fetus que l’on penserait aussitôt. C'est-à-dire des groupes qui chacun dans leur genre ont pu être excellents voire presque géniaux dans le passé – dans le cas de Marduk : les albums Heaven Shall Burn… When We Are Gathered en 1996 et Panzer Division Marduk en 1999 – mais qui depuis peinent à renouveler l’intérêt qu’ils ont un temps suscité. On admet que les albums Plague Angel (2004) et Room 5:12 (2007), tous deux marqués par l’arrivée de l’incroyable Mortuus au chant, ont temporairement remis les pendules à l’heure.
Mais on constate que sur la longueur nombre d’enregistrements de Marduk ne tiennent par leurs promesses. Et c’est bien le cas de ce Serpent Sermon qui démarre très mal avec le morceau titre, bien trop lyrique et se terminant en queue de poisson. Des débuts qui n’augurent rien de bon pour la suite c'est-à-dire dix titres d’un black metal ripoliné et astiqué sous tous les angles, extrêmement rapide et brutal mais assez efficace y compris lorsque Marduk passe à un registre plus lent.
On voudrait bien apprécier ce Serpent Sermon, sa violence prémâchée, son nihilisme vendeur et sa haine esthétisée tupperware. Cela aurait un côté presque reposant, comme de glandouiller devant un écran d’ordi pour jouer à tuer le plus de monde imaginable en le moins de temps possible. Mais on n’y arrive pas parce qu’il n’y a pas une once d’humain là dedans. On ne regrette pas la misanthropie et le nihilisme (supposés ?) de Marduk, non, on regrette simplement l’impression que ce ne sont pas des êtres humains qui jouent sur le disque mais des machines parfaitement programmées. La plupart des riffs de Morgan Hakanssonn sont assemblés au protool (ou un truc de ce genre), la basse est elle la plupart du temps quasiment inexistante et le batteur, tellement efficace et prévisible, est imbitable – il réussit l’exploit d’être encore plus lassant qu’une boite-à-rythmes, à tel point qu’on finit par se persuader que s’en est bien une que l’on entend sur l’ensemble de Serpent Sermon (et donc merci les batteries triggées). Seul Mortuus s’en sort avec quelques honneurs, mais de justesse.
Sans non plus regretter le son true et crade type Darkthrone on aurait préféré un enregistrement et des prises de risques davantage portés sur quelques aspects plus « vivants ». Ce n’est pas parce qu’on parle de mort, de destruction, de haine et de détestation à longueur de compositions que l’on doit obligatoirement enregistrer sa musique dans un laboratoire high-tech avec une mentalité de Terminator nazi comme seule manière de voir les choses.
Tout de même meilleur que son prédécesseur direct (Wormwood en 2009) Serpent Sermon est un album tellement ajusté et formaté qu’il peut en devenir affreusement banal. Il y a des jours où il semble même particulièrement détestable, à mille lieues de toute créativité ou seulement de tout plaisir de jouer – ah oui, j’avais encore oublié : la notion de plaisir est absolument étrangère à tout bon groupe de black metal qui se respecte…

[Serpent Sermon est publié en CD par Nuclear Blast – une version limitée propose un titre bonus et un livret de quarante pages]

mercredi 13 juin 2012

Anne-James Chaton / Décade



Qu’est ce qu’un livre de poésie sonore ? Et d’ailleurs, un livre de poésie sonore est ce que cela existe vraiment ? On pourrait croire que non. Celui-ci, signé Anne-James Chaton, est comme d’habitude accompagné d’un CD. Et si on parcourt amusé ou plus simplement intrigué les quelques 128 pages de Décade, on n’en retient que le plaisir éventuel d’avoir tenu entre ses mains un drôle d’objet. Un objet rempli de mots, de phrases, de paragraphes, avec une typographie et une mise en page savamment pensées. Un livre qui ne peut pas se lire de façon classique mais qui semble dessiner des formes au gré de ses pages. Alors on pioche ici ou là, on pioche mais on n’y comprend rien parce qu’il n’y a peut être rien à comprendre.
Car les mots d’Anne-James Chaton sont impétueux. Ils noircissent les pages de Décade, à profusion. Là où cela ne marche donc pas forcément, c’est qu’à la « lecture » seule de Décade on ne sait trop quoi faire soi-même de ces formes. On n’a pas forcément envie de les lire à voix haute ou de les interpréter mais on comprend malgré tout que toutes ces pages imprimées sont faites pour cela. Si on ne sait pas ce qu’est la poésie sonore et si on ne connait pas déjà le travail d’Anne-James Chaton le mystère de ces pages noircies restera entier... jusqu’à ce que l’on écoute enfin le CD. Alors vous me direz : pourquoi ne pas avoir commencé par là, par écouter, tout simplement ? Je ne sais pas, sans doute la suprématie intimidante (à tort ?) de l’écrit, suprématie héritée d’une tradition éducative en passe de devenir, si ce n’est pas déjà le cas, complètement obsolète à notre époque. Et donc aussi pour vérifier qu’un livre de poésie sonore n’est pas un livre. C’est beaucoup mieux.




Un livre de poésie sonore n’est pas vraiment un livre mais ce n’est pas non plus un livret. C’est à peine un accompagnement parce cela semble idiot de suivre mot à mot sur papier tout ce que raconte un poète sonore sur un enregistrement connexe. On va plutôt de l’un à l’autre. On fait des allers-et-retours. Les deux sont indissociables et l’association des deux donne autre chose, quelque chose qui disons-le laisse peu d’opportunité à l’auditeur/lecteur de remplir les trous : ce n’est pas comme lorsque on écoute un disque seul et que des mots ou des images vous viennent à l’esprit ; ce n’est pas non plus comme lorsqu’on lit un livre et que d’autres images et sensations apparaissent.
Je fais partie de celles et de ceux qui sont très sensibles aux enregistrements d’Anne-James Chaton (oui j’ai menti en prétendant que je ne connaissais pas déjà son travail). Cette façon presque robotique et atone de débiter des mots et des sons à une vitesse à peine croyable et sans discontinuer. Certains jugeraient peut-être cela usant mais mois je trouve les créations d’Anne-James Chaton fascinantes. J’attends toujours avec impatience ses nouveaux disques, ses nouveaux livres. Une musique qui n’en est pas vraiment une et que je peux écouter très longtemps. Ce qui n’est pas le cas de nombreux autres poètes sonores dont le travail certes intéressant reste souvent trop ardu et dont l’écoute peut devenir rapidement fastidieuse, malgré tout l’intérêt porté. Des poètes sonores dont le travail s’apprécie infiniment plus de visu, dans le cadre d’une performance/concert.
Si Anne-James Chaton fait figure d’exception, si ses disques/livres passent le cap du home listening, c’est peut être aussi parce qu’il est rarement tout seul. De plus il a réussi à développer l’idée de poésie sonore vers quelque chose qui tient de plus en plus de la création musicale. Et à ce jour Décade est en effet son disque qui contient le plus de musique(s) – tout en préservant l’importance des mots, qu’ils soient compréhensibles ou non (on entend du français, de l’anglais, du japonais et des fois on ne sait pas ce que l’on entend).
Sur Décade Anne-James Chaton est ainsi accompagné d’Andy Moor (de The Ex) et d’Alva Noto. Les huit plages du disque sont donc également constellées de manipulations sonores à base de guitare et d’ondes digitales. Les mots deviennent des sons, les sons deviennent porteurs de sens et les 45 minutes et quelques de Décade sont chargées en sensations nouvelles. L’avantage est qu’Andy Moor comme Alva Noto prennent un peu de place et donc créent de nouveaux espaces, ces espaces laissés à l’auditeur pour qu’il y mette lui ce qu’il ressent et ce dont il a envie. Quand on rajoute de la musique, même minimale, on crée forcément de nouvelles résonnances.


Décade est officiellement un livre puisqu’il a été publié avec un ISBN – 978-3-9812-7602-2 – et il est édité par Raster-Noton, le label de Carsten Nicolai/Alva Noto.
Anne-James Chaton donne en outre des concerts, lectures, performances (appelez cela comme vous le voulez). Il sera au Sonic de Lyon le samedi 16 juin en compagnie d’Andy Moor (et en première partie il y aura la superbe Hama Yôko). Les deux hommes devraient jouer/interpréter Le Journaliste ainsi que Transfer d'où est tiré le désopilant Princess In A Mercedes Class S280... qu’on se le dise !

mardi 12 juin 2012

Quark / Le Chemin De Concombre



Nom du groupe : Quark ; nom de l’album : Le Chemin De Concombre ; format : CD ; label : nope ; pochette du disque : dessiné par un enfant de trois ans et demi maximum – et je me demande bien lequel des trois gamins pris en photo au dos du livret en train de jouer dans un parc pour enfants est de fait le responsable de ce pauvre gribouillis éjaculatoire.
Autant dire qu’avec Le Chemin De Concombre je m’attendais à un truc du genre musique expérimentale tendance physique quantique appliqué à la musique sérielle – pire encore : un disque de musique improvisée à base de vielle à roue, de manipulations sonores, de mixette en circuit fermé et de percussions sur tubes en pvc. Mais quelle erreur ! QUARK est un vrai groupe, avec des vrais musiciens dedans et qui jouent de la vraie musique pour de vrais gens. Si la voix du chanteur/guitariste rappelle quelque chose c’est aussi et surtout parce que ce garçon était le chanteur de Schoolbusdriver (still alive ?), oui on parle bien du même qui il n’y a pas très longtemps a été pris en flagrant délit de miction sur la voie publique. Mais les comparaisons s’arrêtent là, il n’y a aucun rapport entre la musique d’Urine et celle de Quark. Par contre on peut en trouver plus d’un entre Schoolbusdriver (dîtes les gars, quand est-ce que vous vous reformez ?) et Quark.




Quark est donc un vrai groupe à guitares doté d’une section rythmique qui ne fait pas semblant. Rock, punk, post punk ou noise, Quark l’est assurément. Et de manière brillante encore. Qu’à l’image d’Urine Quark soit un vieux groupe de potes plus que légèrement autarciques et ermites sur les bords (au point de n’avoir donné qu’une demi-douzaine de concerts au cours de quinze années d’existence et encore, la moitié de ces concerts étaient privés, dans le garage de tonton ou le salon de mamie) me rendrait presque malade. Comment cela est-il possible ?
On ne crie absolument pas au groupe de l’année ou même du trimestre ; non, on se réjouit plutôt de découvrir un groupe d’éternels teenagers qui jouent une musique plus que convaincante, parfois extrêmement touchante, bien branlée, avec de saines références (par exemple PiL sur So Much Fun) et qui vous hérisse le poil à de maintes occasions (on a toujours du mal à ce remettre de cette reprise des hostilités sur Real Killers Prefer Knives). Et lorsque Quark passe de façon surprenante en mode pop de luxe pour les deux derniers titres du Chemin De ConcombreWe Should Be Ashamed et surtout Become A Man (Become A Fan) et son banjo – on continue à adhérer de tout notre cœur.

Là encore, le meilleur moyen de se procurer Le Chemin De Concombre c’est de contacter directement l’un des coupables : dylanbendall[arobase]me[point]com