lundi 11 juin 2012

Report : Cheverny, Baton Rouge et Silent Front au Sonic - 06/06/2012





Les concerts de noise – pardon : de « noise rock », sinon les hippies amateurs de bordel bruitiste vont encore me tomber dessus et m’accuser de contre-sens complet – donc les concerts de noise rock se suivent et se ressemblent. La dream team de Bigoût records organisait ce mercredi 6 juin le concert semestriel de Silent Front à Lyon.  Encore Silent Front ? Oui, encore. La dernière fois ne remonte qu’au 30 novembre 2011. La fois d’avant encore au 19 mai 2011 (et c’était au regretté Grrrnd Zero). Etc. Etc.
Je pense que pour ma part c’est la cinquième sixième fois que je voyais le trio londonien sur une scène et encore, ces dernières années j’ai du rater au moins trois ou quatre fois le groupe de Phil Mann et Russel Whitehorn. Bon les gars, je vous aime bien quand-même et vous avez de la chance que votre dernier disque en date, un 10’ split avec Happy Kitchen, soit enfin à la hauteur de vos prestations scéniques enflammées et qu’il m’ait à nouveau donné envie de voir vos petites gueules transpirer en concert sinon je serais gentiment resté à la maison comme un honnête homme qui s’emmerde un peu dans la vraie vie.




Premier groupe de la soirée : Cheverny dont ce n’est que le deuxième concert. Pour mémoire dans Cheverny il y a deux anciens Kiruna (les deux intellos de la bande) et un Carne. La première fois j’avais pu regretter le trop plein de reverb sur le chant, une reverb dégueulasse pour ainsi dire, qui n’avait fait qu’écorcher mes petites oreilles délicates et sensibles (précisons tout de même que le système son du Tostaki était tout sauf performant). Cette fois-ci le sondier du Sonic a au contraire bien fait son boulot, remettant effectivement de la reverb sur la voix mais bien dosée et surtout d’une qualité appréciable – l’adjonction de cet effet vieux comme le monde fait semble-t-il partie de la marque de fabrique de Cheverny, c’est leur côté Young Widows me dira-t-on après.
Young Widows ? Ah oui, pourquoi pas… mais le Young Widows des débuts alors, plutôt celui de l’album Settle Down City parce que Cheverny envoie surtout du très gros grain, notamment grâce à ces lignes de basse bien épaisses et bien  grasses qui me fond trembler le gras-double non sans une certaine délectation. Donc, pour les désireux d’en savoir plus, disons qu’il y a aussi du Unsane chez Cheverny et que le groupe a encore gagné en efficacité et en rudesse. A la prochaine les gars.




Place ensuite à Baton Rouge. Je ne suis absolument pas fanatique des disques de ces quatre jeunes gens (ni de leur ancien groupe, Daïtro, ni de l’autre groupe de l’un des deux guitaristes et du bassiste, 12XU). Par contre, si je n’aime donc pas la musique de Baton Rouge – écoutez-la donc tous seuls comme des grands et faites-vous votre propre opinion par vous-mêmes –, je ne peux que reconnaitre que ce groupe a une certaine classe sur scène. Et en plus ils sont extrêmement photogéniques (beaucoup plus que Cheverny en tous les cas). OK, chacun ses goûts et je passe mon tour.




Tête d’affiche de la soirée, Silent Front n’aura pas déçu mais n’aura non plus créé la surprise. Et on constate avec plaisir que Gareth Thomas – il est également guitariste/chanteur au sein de Mayors Of Miyazaki – est toujours derrière la batterie : le groupe a définitivement trouvé son batteur après en avoir usé quelques-uns. Mais on peut affirmer également qu’un concert de Silent Front c’est toujours pareil, de bonnes déflagrations noise, une pointe d’emo made in D.C. et un groupe visuellement déséquilibré : d’un côté un chanteur/guitariste qui fait tout le spectacle, assure comme une bête mais aussi grimace comme un gros monstre et postillonne comme un patron de PMU (et inversement) ; de l’autre un bassiste pratiquement dos au public et qui regarde constamment le batteur avec un sourire souvent radieux et des yeux chargés d’amour.
Aucune nouveauté donc et sur l’échelle des concerts de Silent Front celui-ci a été légèrement en deçà des deux précédents. Un tout petit début de lassitude ? Oui, sûrement. Il y a finalement de bonnes chances pour que je fasse l’impasse lors du prochain passage du groupe ici (normalement, si tout ce passe comme il faut, ce sera à peu de choses près entre le 25 octobre et le 18 novembre 2012). Mais, malgré ces quelques réserves bien légères et non rédhibitoires, je dois également reconnaitre que lorsqu’on est en manque de concerts avec des groupes à guitares plus ou moins bruyantes, Silent Front reste un excellent remède contre la morosité et la fadeur.