Les concerts de noise – pardon : de
« noise rock », sinon les hippies amateurs de bordel bruitiste vont
encore me tomber dessus et m’accuser de contre-sens complet – donc les concerts
de noise rock se suivent et se ressemblent. La dream team de Bigoût records organisait ce mercredi
6 juin le concert semestriel de Silent Front à Lyon. Encore Silent Front ? Oui, encore. La
dernière fois ne remonte qu’au 30
novembre 2011. La fois d’avant encore au 19
mai 2011 (et c’était au regretté Grrrnd Zero). Etc. Etc.
Je pense que pour ma part c’est la cinquième
sixième fois que je voyais le trio londonien sur une scène et encore, ces
dernières années j’ai du rater au moins trois ou quatre fois le groupe de Phil
Mann et Russel Whitehorn. Bon les gars, je vous aime bien quand-même et vous
avez de la chance que votre dernier disque en date, un
10’ split avec Happy Kitchen, soit enfin à la hauteur de vos prestations
scéniques enflammées et qu’il m’ait à nouveau donné envie de voir vos petites
gueules transpirer en concert sinon je serais gentiment resté à la maison comme
un honnête homme qui s’emmerde un peu dans la vraie vie.
Premier groupe de la soirée : Cheverny dont ce n’est que
le deuxième concert. Pour mémoire dans Cheverny il y a deux anciens Kiruna (les
deux intellos de la bande) et un Carne. La première
fois j’avais pu regretter le trop plein de reverb sur le chant, une reverb
dégueulasse pour ainsi dire, qui n’avait fait qu’écorcher mes petites oreilles
délicates et sensibles (précisons tout de même que le système son du Tostaki était tout sauf performant). Cette fois-ci le sondier du Sonic a au contraire bien
fait son boulot, remettant effectivement de la reverb sur la voix mais bien
dosée et surtout d’une qualité appréciable – l’adjonction de cet effet vieux
comme le monde fait semble-t-il partie de la marque de fabrique de Cheverny,
c’est leur côté Young Widows me dira-t-on après.
Young Widows ? Ah oui, pourquoi pas… mais le
Young Widows des débuts alors, plutôt celui de l’album Settle Down City parce que Cheverny envoie surtout du très gros
grain, notamment grâce à ces lignes de basse bien épaisses et bien grasses qui me fond trembler le gras-double
non sans une certaine délectation. Donc, pour les désireux d’en savoir plus,
disons qu’il y a aussi du Unsane chez Cheverny et que le groupe a encore gagné
en efficacité et en rudesse. A la prochaine les gars.
Place ensuite à Baton Rouge. Je ne suis
absolument pas fanatique des disques de ces quatre jeunes gens (ni de leur
ancien groupe, Daïtro, ni de l’autre groupe de l’un des deux guitaristes et du
bassiste, 12XU). Par contre, si je n’aime donc pas la musique de Baton Rouge – écoutez-la donc tous seuls comme
des grands et faites-vous votre propre opinion par vous-mêmes –, je ne peux que
reconnaitre que ce groupe a une certaine classe sur scène. Et en plus ils sont
extrêmement photogéniques
(beaucoup plus que Cheverny en tous les cas). OK, chacun ses goûts et je passe
mon tour.
Tête d’affiche de la soirée, Silent Front n’aura pas déçu mais
n’aura non plus créé la surprise. Et on constate avec plaisir que Gareth Thomas
– il est également guitariste/chanteur au sein de Mayors Of Miyazaki – est
toujours derrière la batterie : le groupe a définitivement trouvé son
batteur après en avoir usé quelques-uns. Mais on peut affirmer également qu’un
concert de Silent Front c’est toujours pareil, de bonnes déflagrations noise,
une pointe d’emo made in D.C. et un groupe visuellement déséquilibré :
d’un côté un chanteur/guitariste qui fait tout le spectacle, assure comme une
bête mais aussi grimace comme un gros monstre et postillonne comme un patron de
PMU (et inversement) ; de l’autre un bassiste pratiquement dos au public
et qui regarde constamment le batteur avec un sourire souvent radieux et des
yeux chargés d’amour.
Aucune nouveauté donc et sur l’échelle des
concerts de Silent Front celui-ci a été légèrement en deçà des deux précédents.
Un tout petit début de lassitude ? Oui, sûrement. Il y a finalement de
bonnes chances pour que je fasse l’impasse lors du prochain passage du groupe
ici (normalement, si tout ce passe comme il faut, ce sera à peu de choses près entre
le 25 octobre et le 18 novembre 2012). Mais, malgré ces quelques réserves bien
légères et non rédhibitoires, je dois également reconnaitre que lorsqu’on est
en manque de concerts avec des groupes à guitares plus ou moins bruyantes,
Silent Front reste un excellent remède contre la morosité et la fadeur.