Ce 45 tours partagé entre les défunts Suce-Pendus
et les sursitaires Judas Donneger a plus d’un mérite. Trois exactement. Le
premier est de prouver une fois de plus la supériorité flagrante du format
vinyle sur tous les formats numériques : J’Aime Ces Filles Froides figurait déjà sur la démo/CDr
de Judas Donneger et question qualité sonore cela ne fait pas un pli, la
chaleur d’un bout de plastique tournant à la vitesse de 45rpm rend l’ensemble
toujours plus glacial.
Le deuxième mérite de ce disque est donc de
pouvoir se remettre entre les oreilles un très bon titre de Judas Donneger : de la cold
wave enregistrée dans une cave, de la viande avariée, un bout de lune froide, de
la nécrophilie, de la dépression, un synthétiseur bourré d’écho, une boite-à-rythmes
cheap, une guitare faussement émoussée et une voix/un chant parlé qui raconte
quelques saloperies entre J’aime Quand La
Jalousie Me rend Fou et J’aime Ces
Elites Aux Crânes Chauves Qui Nous Dirigent. Résultat : J’aime Contempler La Vie Avec Mon Cancer A
La Main et la détestation comme seul moyen de survie et de tout supporter
ou presque.
Sur l’autre face on peut (re)découvrir les
Suce-Pendus, groupe disparu depuis mais non sans avoir publié un premier
et ultime album ni avoir donné un dernier concert en novembre 2011. Comme la voix est assez similaire à celle de Judas Donneger on pourrait croire qu’il s’agit du même bonhomme (puisqu’il y a un ancien Suce-Pendus dans Judas Donneger) mais en fait il n’en est rien. C’est vrai que la ressemblance est troublante et que la façon de placer le chant est également comparable. Or les comparaisons possibles s’arrêtent là.
Les Suce-pendus c’était plutôt une sorte de cold wave dévoyée et portée par des
guitares bruyantes/noisy. Mort A
L’Hôpital a d’autant plus d’impact qu’il nous ronge à l’aide d’une basse
galopante et d’une batterie bien marquée qui assurent une rythmique au groove
mécanique et implacable comme dernier argument et ultime sommation avant le
passage à l’acte. Dire que ce titre a été enregistré en 2007.
Voilà donc le troisième mérite de ce split, celui
de proposer une séance de rattrapage et de pleurer une bonne fois et pour de
vrai sur un groupe que l’on aurait voulu découvrir et écouter bien avant.
Ce 45 tours est publié par Label Brique (le label d’Headwar)
qui a également sorti le LP des Suce-Pendus. Alors peut-être qu’il n’est pas
encore trop tard.