vendredi 31 août 2012

Birds In Row / Collected




Alors que BIRDS IN ROW s’apprête à publier son tout premier album You, Me And The Violence (chez Deathwish Inc) il serait peut être temps de parler de ce Collected disponible lui via Throatruiner et Vitriol records. Comme son nom l’indique Collected est une compilation des premiers enregistrements de Birds In Row – le 7’ Rise Of The Phoenix, le 12’ Cottbus ainsi qu’un titre inédit. Le mode d’emploi parfait pour découvrir et faire connaissance si ce n’est pas déjà le cas avec ce groupe du Mans (Laval ?) qui depuis 2008/2009 a enchainé les concerts et pléthore de tournées européennes plus un trip de deux mois aux U.S. – des bosseurs, quoi. Dans ces conditions sortir son premier album sur le label de Jacob Bannon de Converge pourrait ressembler à une sorte de consécration mais quelque chose me dit aussi que ces trois petits gars, au-delà d’une fierté bien placée et toute naturelle, n’en ont peut-être pas grand-chose à faire – consécration oui peut-être, lauriers et repos du guerrier non merci – ou plus exactement qu’il ne s’agit que d’une étape pour un groupe qui regarde un peu plus loin que la moyenne.
Si je ne m’abuse la face A de Collected reprend d’abord les titres de Cottbus. Soit un hardcore assez basique (ici on oppose « basique » à « chaotique » ou « mathématique ») et franc du collier. La presque vieille école mais une bonne épaisseur du son qui séduit d’emblée. Birds In Row ne s’embarrasse guère d’hésitations mais renifle la grosse passion – par exemple le chant est souvent très bien vu. Même si l’originalité n’est en aucun cas le souci principal du groupe on note ça et là quelques coquetteries : l’intro de Among The Ashes à laquelle fait écho un Outro crépusculaire, le rythme général pas forcément systématiquement dans les hautes stratosphères et un certain souci de la mélodie qui relève largement le niveau. Birds In Row sait parfaitement mâtiner son hardcore de passages plus lents et vraiment accrocheurs et si le groupe rejette toute complexité outrancière cela ne signifie pas que cette musique file toujours tout droit ni ne s’alambique jamais un peu. Le bon équilibre.
La face B est donc consacrée à Rise Of The Phoenix et ces quatre titres, antérieurs à ceux de Cottbus, sont peut être moins travaillés, plus frontaux mais pas moins inintéressants. Ils confirment surtout que Birds In Row avait dès le départ une sacrée personnalité et une vision déjà assez nette de sa musique, genre un gros feu ardent qui brulait ces trois garçons de l’intérieur et qu’il fallait faire sortir à tout prix. La maîtrise dans l’urgence et l’échange dans l'exaltation ont vraiment l’air d’être les deux crédos principaux de Birds In Row. Alors vivement l’album.

Collected est publié en LP uniquement par Throatruiner records et Vitriol records. Le recto de la pochette est découpé et laisse entrevoir un bout de la pochette intérieure (un cheval, ça nous change des cervidés).

jeudi 30 août 2012

Black Face / I Want To Kill You b/w Monster




Ce disque est exactement ce qu’il convient d’appeler un coup d’épée dans l’eau. BLACK FACE n’aura pas existé pendant bien longtemps, en fait juste le temps d’enregistrer une poignée de titres* dont deux ont été édités pour ce qui restera à jamais le seul et unique single du groupe. Alors pourquoi faire tout ce foin ? Peut être parce que Black Face était le nouveau projet de Chuck Dukowski, un homme qui – je ne vous l’apprends pas – a tenu le rôle de bassiste au sein de Black Flack entre 1978 et 1983 (environ). Peut être aussi parce que le type derrière le micro dans Black Face s’appelait Eugene Robinson, chanteur d’Oxbow**. Peut être enfin parce que la face A du single est marquée d’un « Death Side » alors que la face B écope elle d’un « Trip Side » – personnellement Death Trip ça m’a toujours fait pensé au Stooges (oui, le dernier titre de la deuxième face de Raw Power).
Les plus observateurs d’entre vous auront également sûrement remarqué le lettrage si particulier de la pochette. Manquerait plus que les dents blanches de ce sourire carnassier s’alignent rigoureusement pour former un célèbre drapeau à quatre bandes, mais blanches cette fois-ci. Il y a donc des signes évidents et indiscutables qui tendront à nous faire affirmer que Black Face n’était presque qu’une simple resucée de Black Flag… Et on admet que le premier doit énormément au second lorsque on écoute la musique gravée sur ce bout de plastique à 10 dollars.
Sur la Death Side, I Want To Kill You est un titre moyennement rapide avec un riff tournoyant qui fait pensez (par exemple) à Drinking And Driving*** de qui vous savez. Il y a un fort côté 70’s là dedans et on n’est pas si loin non plus du Death Trip évoqué un peu plus haut. L’avantage c’est qu’on a rarement – voire même jamais – entendu Eugene Robinson chanter de cette façon là, aussi franche et directe****. Sur la Trip Side Monster est un vieux blues tout lent, bourré de wah-wah jusqu’à l’écœurement et presque honteusement psychédélique. Robinson y reprend son chant de psychopathe geignard et colérique qui fait la marque Oxbow depuis plus de vingt ans maintenant. En fait Monster est un vieux titre de SWA, un autre groupe de Chuck Dukowski.
En somme il n’y a rien de réellement formidable ou de définitivement inoubliable sur ces deux titres et seul I Want To Kill You présente un quelconque intérêt mais un intérêt qui doit tout à l’ancêtre Black Flag. Les raisons de l’arrêt en marche de Black Face restent pour l’instant assez floues mais on ne regrettera pas trop ce groupe en forme de simple curiosité pour mélomanes et autres acharnés complétistes de monsieur Eugene Robinson/Oxbow et qui collectionnent à peu près tout du bonhomme (oui, j’en fais partie).

I Want To Kill You b/w Monster a été pressé en quatre versions par Hydra Head, le label qui voit toujours les choses en grand : vinyle noir, gris marbré, blanc ou bleu, toutes ces versions atteignant un total de 2000 copies. 

* le temps également de monter un profil facebook
** le reste du line-up est complété par Milo Gonzalez à la guitare et Tom Dobrov à la batterie
*** sur l’album In My Head de Black Flag (1985)
**** même avec Whipping Boy, son groupe pre-Oxbow

mercredi 29 août 2012

Converge - Napalm Death / split




CONVERGE est l’instigateur de ce split qui réunit le célèbre groupe de Salem/Boston avec les anglais de NAPALM DEATH. Car c’est presque devenu une habitude avec la bande à Ballou : un nouvel album est annoncé mais n’est pas encore sorti – All We Love We Leave Behind est prévu pour le 11 septembre prochain chez Epitaph –, Converge a déjà pas mal tourné en Europe au printemps/été et s’apprête à tourner davantage encore aux U.S. à l’automne prochain donc il était grand temps pour le groupe de lancer une petite tranche de vinyle à la face du monde en guise d’éclaireur.
Ce joli 7 pouces fait logiquement l’objet de toutes les convoitises puisqu’il réunit l’un des groupes phares du hardcore moderne et l’un des groupes cultes du grindcore. Mais il y en aura certainement pour tout le monde puisqu’il a été pressé à plus de 5000 exemplaires, un chiffre qui semble presque incroyable en ces temps de crise du disque et de crise tout court. Le disque existe en version rose fluo, en jaune fluo mais aussi en doré* et il est accompagné d’un coupon de téléchargement mp3 pour satisfaire les monomaniaques qui pour rien au monde ne voudraient abimer leur copie vinyle (et pour tous les autres qui n’ont pas les moyens de se payer un disque et iront donc le voler sur internet une fois que les premiers auront mis leurs mp3 du split en partage).
Chaque groupe place deux titres par face et il est important de noter que cette sortie est une autoproduction 50/50 entre les deux groupes impliqués et non pas, comme on pouvait le penser à tort au départ, une nouvelle référence Deathwish (le label de Jacob Bannon de Converge qui a comme d’habitude réalisé l’artwork du disque).
Face Converge. No Light Escapes** est une tornade de moins d’une minute doté du non-chant habituel de Jacob Bannon et d’une paire et demie de riffs tordus typiques de Kurt Ballou. Converge ne propose plus rien de neuf depuis nombre d’années déjà*** – ce qui en soi n’est pas un problème, Napalm Death est exactement dans le même cas – et se révèle toujours aussi moyennement excitant malgré un savoir-faire évident. Comme une baudruche qui se dégonfle beaucoup trop vite. Le deuxième titre est une reprise du célébrissime Wolverine Blues d’Entombed****. Malgré la présence d’invités prestigieux c’est à dire Tomas Lindberg (At The Gates et Disfear) qui relève le niveau du chant de façon notable, Aaron Turner (Isis et Old Man Gloom), Kevin Baker (All Pigs Must Die et The Hope Conspiracy) et Brian Izzi (Trap Them), cette version est vraiment à la peine. C’était pourtant plutôt bien essayé.
Face Napalm Death. Will by Mouth et No Impediment to Triumph (Bhopal) semblent tout droit sortis des mêmes sessions qu’Utilitarian, le dernier double LP en date de Napalm Death. C’est dire si ces deux titres sont excellents, le premier dans un registre direct et court et le second plus alambiqué et sombre comme l’imminence de la fin du monde (brrr). Peut-être que Napalm Death ne propose également plus rien de neuf depuis des années*** mais – à la très grande différence de Converge – le groupe continue lui à être toujours aussi excitant. A genoux les américains.

* en fait il semblerait qu’il existe bien plus de couleurs que celles annoncées au départ…
** et non pas « No Lights Escapes » comme imprimé au verso de la pochette
*** ce  jugement de valeur récurant est bien évidemment totalement impartial et objectif
**** chouette vidéo d’époque n’est-il pas ?

mardi 28 août 2012

Seb & The Rhââ Dicks / self titled EP


Il n’y a rien de tel qu’un 45 tours ou un single pour illuminer un été de merde. Celui-ci – qui n’est ni un 45 tours puisqu’il tourne en 33 ni un single puisqu’il comporte cinq titres – a pourtant bien failli rater son rendez-vous avec l’histoire parce que victime d’un nouveau moyen de téléportation quantique pas encore réellement au point : près de quatre mois pour parcourir les six kilomètres séparant l’antre de SEB & THE RHÂÂ DICKS des bureaux décentralisés de 666rpm/Heavy Metal ™, qui dit mieux ? Bon, heureusement que l’attente en valait la peine mais maintenant que le disque est quasiment sold-out j’ai bien conscience qu’une nouvelle chronique, qui s’annonce indécemment dithyrambique, ne servira qu’à faire monter le prix de ce collector choice sur les sites d’enchères en ligne. Alors tant pis.



Ce Debut EP est le premier enregistrement en vrai de Seb & The Rhââ Dicks : le bonhomme n’avait jusqu’ici publié qu’une petite poignée de cassettes faites maison. Ici on retrouve certains des tubes incontournables du rock’n’roller le plus denté et sarcastique de Lyon et agglomération mais dans des versions électriques. Pas de trip guitare sèche/cymbale unijambiste/synthé à chaussette et voix de crooner mais un vrai trio composé donc de Seb Radix (chant, basse, compositions et leadership), Fred Nodoff (guitare) et Pedro De La Hoya (batterie), un all-stars band digne d’une éclipse totale du soleil.
Quoiqu’il en soit l’adage aussi stupide que réactionnaire qui stipule que si une chanson passe le cap de l’acoustique elle ne pourra qu’être bonne en version électrique se vérifie allégrement ici : Do You Wanna Live In Switzerland ?, Johnny Weissmuller, 35, Zob Scene et You’re My Milf convient à un je ne sais quoi de new wave baveuse, de punk alterno, de hard rock FM – l’imitation de Brian Adams sur You’re My Milf  est presque parfaite –, d’humour potache et de blagues régressives.
Un disque qui ne pourra que figurer en bonne place dans le juke-box familial, d’ailleurs le rond central est à l’ancienne et les plus perspicaces auront remarqué que celui de la face B est légèrement décalé comme si l’usine de pressage s’était trompée. Mais non, tout est normal sur cet EP ou plutôt si rien ne l’est c’est parce que c’est fait exprès. Maintenant, il se murmure que Seb & The Rhââ Dicks version power trio donnera enfin des concerts à la rentrée prochaine…

Ce disque délicieux a été publié – sans coupon de téléchargement mp3 – par trois labels lyonnais : Echo Canyon, Pure Pain Sugar et Rock’n’roll Masturbation. Trois titres sont par ailleurs en écoute sur la page bandcamp de Seb & The Rhââ Dicks.

lundi 27 août 2012

Report : Carne et Warsawwasraw au Moko - 23/08/2012




Retour dans les caves surchauffées et suintantes des bars de Lyon pour ce qui va être le tout premier concert de la saison 2012/2013 : une bonne petite affiche réunissant CARNE et WARSAWWASRAW dans la violence. Les deux groupes sont en fait en partance pour la deuxième édition du Yell Fest qui débute le lendemain, vendredi 24 août. Un superbe festival qui cette année encore me tendait tendrement les bras avec sa programmation aussi riche que variée – plein de groupes que j’aurais aimés enfin  découvrir sur scène et d’autres que j’aurais tant aimés revoir – mais un festival qui m’a encore échappé pour des raisons aussi triviales qu’énervantes. Alors ce sera peut être pour l’année prochaine, espérons-le (d’un autre côté j’ai déjà dit ça l’année dernière).
Ce concert au Moko est donc comme un tour de chauffe pour les deux groupes. L’organisateur du jour (monsieur Jo, également batteur de Burne et de Neige Morte qui jouera précisément au Yell Fest le lendemain) doit composer avec le patron du Moko, un poil rigide et anxieux… ce n’est que la deuxième fois que je mets les pieds dans ce bar (la première c’était pour Royal McBee Corporation) et si le lieu est bien il y a quand même quelques détails qui m’avait échappés au départ : le prix prohibitif de la bière (en bouteille…) et la propension du tenancier à psychoter et à radiner. Mais la soirée s’annonce bonne, le public s’est déplacé et la cave sera remplie comme il le faut.




Premier groupe de la soirée : Carne, enfin de retour aux affaires après quelques mois d’une retraite spirituelle du guitariste/chanteur dans les paradis d’Amérique du Sud. C’est toujours un plaisir de voir et revoir ces deux garçons en concert et les choses démarrent plutôt bien, le sludge/metal/noise de Carne s’avérant toujours très efficace. Gros son, rythmes plombés et riffs mammouths sont au programme.
La seule chose qui mérite vraiment un peu de boulot c’est le chant. Brailler c’est très bien mais on sent que le préposé à la voix n’est pas toujours très à l’aise avec cet exercice. Parfois il s’étrangle un peu ou se perd en chemin. On ira même jusqu’à penser que chanter le gêne un peu : Carne joue également des titres complètement instrumentaux – sans doute à raison – et, sur ces titres là, la dynamique du groupe est au contraire bien plus marquée, cela fonctionne beaucoup mieux, guitariste et batteur s’entendent davantage, bref Carne y est bien meilleur.
Cela ne signifie absolument pas que ce guitariste à dreads chante comme une patate : c’est juste qu’il ne maitrise pas encore totalement le tamdem guitare/chant et qu’il perd alors de cette assurance dont la musique de Carne, un gros morceau de distorsion et de larsens poilus, a pourtant besoin pour être encore supérieure à ce qu’elle est déjà. Mais ça viendra sûrement.




Les parisiens de Warsawwasraw prennent la suite. Ils sont deux dans le groupe alors que la première fois que je les avais vu en concert – en tournée avec The Locust en 2008 – il y avait encore une chanteuse avec eux. Le guitariste arbore un t-shirt Retox ce qui est un assez bon résumé des principales influences/amours de ce duo parisien.
Devant effectuer un rapide line check pour vérifier leur son, les deux Warsawwasraw envoient la sauce pendant quelques secondes ce qui a pour principale conséquence de faire descendre le patron du Moko presto dans la cave, lequel hurle qu’il va falloir se calmer et que « ça sert à rien de jouer aussi fort » – limite s’il n’était pas en train de dire hey les gars vous ne faites pas de la musique et votre truc c’est de la merde. Le batteur rétorque dans un sifflement que si, ça sert à quelque chose de jouer fort alors que le guitariste promet lui qu’ils vont baisser le volume. Le bonhomme repart derrière son comptoir et il flotte alors dans la cave cet air amusé né du mensonge assumé (aka je me fous de ta gueule) parce qu’évidemment personne ne va baisser les amplis, c’est même hors de question.
Warsawwasraw joue donc très fort. Et si le dernier disque en date du groupe était vraiment du genre réjouissant bien que frustrant, Warsawwasraw en concert c’est carrément la tornade assurée et de la dévastation à tous les étages. Je ne me rappelais plus vraiment de ce batteur très impressionnant et parfois pas loin de la rupture physique mais qui repart toujours à l’attaque, que je te blaste par ici, que je te double-pédale par là et que je te mitraille de toutes parts, motherfucker. Ce qu’il reste d’humanité est alors consciencieusement détruit par le chant hystérique et la guitare monstrueuse de son petit camarade. Alors crève bien comme il faut et plutôt deux fois qu’une.
Les oreilles bourdonnent, les tympans saignent et les têtes tournent : le grind/hardcore noise de Warsawwasraw c’est vraiment un grand moment en live et ce fut aussi une excellente façon de recommencer les concerts. Et je ne doute pas un seul instant que celui que le duo a donné le lendemain au Yell Fest fut tout aussi bon. Je ne doute pas non plus que je retournerai voir le groupe en concert dès que l’occasion se représentera (et au fait : c’est pour quand  un nouvel enregistrement ?).

dimanche 26 août 2012

Le Gagnant du jour




C’est Jacques  Rouxel qui disait : « s’il n’y a pas de solution c’est qu’il n’y a pas de problème ». Un grand bravo donc à Yann (de Montreuil) qui a gagné l’exemplaire de Saddle Up de FNU Ronnies mis en jeu lors du premier grand concours d’été de 666rpm. Ci-dessus la réponse un brin maladroite de notre gagnant émérite et ci-dessous la solution en rouge.



Ceci dit l’équipe rédactionnelle de 666rpm/Heavy Mental ne félicite pas toutes celles et tous ceux qui ont cru que ce jeu était une mauvaise farce et  qui n’ont pas même pas daigné répondre. Il est vrai que le niveau de difficulté de la question posée était hors de portée du breton lambda.

Merci par contre à toutes les nombreuses autres personnes de bonne volonté qui ont tenté leur chance et ont répondu, certes un peu tard.

samedi 25 août 2012

Burning Love / Rotten Thing To Say



Rotten Thing To Say, le deuxième album de BURNING LOVE, a tourné sur la platine pendant presque tout l’été. Un bon album mais… mais quoi ? Et bien à chaque fais je n’ai pas pu m’empêcher de penser que son prédécesseur Songs For Burning Lovers (sorti en 2010 chez Deranged Records) était peut être un bien meilleur album. Pourtant les deux disques se ressemblent comme deux gouttes d’eau ou presque. Lassitude ? Non car en réécoutant pour simple vérification Songs For Burning Lovers le verdict tombe, imparable mais pas rédhibitoire : le premier LP de Burning Love est une bombe nerveuse de hardcore mâtiné de rock’n’roll – des solos de guitares en veux-tu en voilà, une note insistante de piano façon I Wanna Be Your Dog sur High Speed Wires ou le chant d’écorché à la bière de Chris Colohan (ex hurleur psychopathe chez Cursed) – alors que Rotten Thing To Say a plus de gras et prend un peu plus son temps. Mais est-il moins bon pour autant ? Pas si sûr…

 

Tout d’abord, Burning Love n’a pas été fondé par Chris Colohan et ses petits camarades de Our Father après le split de Cursed : non, le groupe existait déjà avant et a naturellement pris de l’importance et de l’ampleur alors que les membres de Cursed se séparaient épuisés, ruinés et dégueulant d’amertume après s’être faits dépouiller en Tchéquie lors de ce qui a été l’ultime tournée européenne du groupe. Burning Love n’est pas non plus une copie conforme de Cursed – les organisateurs de concerts font bien sûr le lien entre les deux groupes uniquement pour rameuter un peu de monde, ce qui est une bonne raison, avouons-le.
Pour le reste Burning Love remet au goût du jour le hardcore dans son acceptation la plus rock’n’roll possible. Sans doute parce que le sens du terme hardcore a considérablement évolué depuis trente ans certains refuseront de mettre Burning Love dans cette petite catégorie là – mais quel rapport me direz-vous entre Black Flag, Buzzov’en, Botch, Refused, Cursed et Veuve SS ? Absolument aucun… voilà pourquoi on aime inventer des sous-catégories, pour ne pas mélanger les torchons et les serviettes. Pourtant je reste affirmatif : Burning Love est bien un groupe de hardcore, assez proche du Black Flag période intermédiaire pour être un peu plus précis (c'est-à-dire après les speederies punk mais avant que cela ralentisse vraiment).
Seulement là où Songs For Burning Lovers jouait la carte de l’éjaculation communicative mais appliquée (les titres composés par Burning Love sont toujours bien calibrés, genre trois minutes), Rotten Thing To Say est un album bien plus maitrisé, bien mieux enregistré et dont les compositions sont d’un niveau bien supérieur question mélodie et construction interne. Avec Rotten Thing To Say on pense parfois à Electric Frankenstein (Scott Wilkins de Verbal Abuse a chanté dans ce groupe du New Jersey) pour ce même mélange explosif tiré à la fois du heavy metal et du punk – Damage Case n’est absolument pas une reprise de Motörhead mais par contre son riff d’intro est une variation évidente de celui du Jump In The Fire de Metallica.
Rotten Thing To Say tire finalement son épingle du jeu grâce à ce sursaut qualitatif. Et Burning Love est un groupe qui bourrine mais qui sera sans doute toujours incapable de faire vraiment autre chose. Par contre, puisque la nouvelle bande à Chris Colohan a l’air bien partie pour améliorer une formule qui fonctionnait déjà très bien au départ, on ne va pas bouder un groupe qui après tout ne cherche qu’à exploser les compteurs. Bon et puis un groupe qui a repris le Love's My Only Crime des Laughing Hyenas sur la face B de son single Karla ne peut pas être mauvais. 

[Rotten Thing To Say  est publié en CD et vinyle par Southern Lord]

vendredi 24 août 2012

Deathspell Omega / Drought




Cela fait longtemps maintenant que DEATHSPELL OMEGA fait bonne figure dans le paysage mondial du black metal : depuis 1998 le groupe a accumulé une discographie aussi mystérieuse que pléthorique*, dessinant plusieurs périodes distinctes et recourant même à la notion de « cycles ». Chaque amateur de Deathspell Omega aime à désigner son album préféré et sa période favorite du trio français – français à cette exception près que le chanteur est finlandais, il s’agit de Mikko Aspa, également batteur dans Fleshpress, membre unique de Clandestine Blaze et qui a intégré le groupe en 2003 après la défection du chanteur originel.
En gros il y a les débuts de Deathspell Omega (entre 1998 et 2002) marqués par un son très old school et hargneux, on n’est pas très loin du true black ; puis est venue une période intermédiaire dominée par le génial album Si Monumentum Requires, Circumspice (2004), une période sur laquelle la musique du groupe est devenue de plus en plus complexe tout en restant très directe ; enfin Deathspell Omega s’est fait une spécialité de titres longs et particulièrement tordus voire même progressifs, publiés la plupart du temps sous la forme de EPs monotitre mais pas seulement (tel l’album Fas – Ite, Maledicti, in Ignem Aeternum en 2007, un summum de schizophrénie arithmétique). L’album Paracletus en 2010 a lui marqué un certain désir d’accessibilité – tout est bien sûr relatif – avec à la fois la continuité des parties tordues, le recours à davantage de mélodies et un certain retour à plus d’énergie et d’action directe**.
Accessible, Drought l’est également. Deathspell Omega y convie de moins en moins son black metal d’antan, polissant ses sonorités et son langage vers quelque chose d’indéniablement plus hardcore tendance chaotique et matheux mais de finalement très propre et mélodique. Seule la voix rappelle encore d’où vient réellement Deathspell Omega. Pour le reste, il semble que non seulement le groupe ait momentanément abandonné sa noirceur d’avant mais qu’en plus il s’ingénie à séduire à tout prix.
Drought n’est pas un mauvais disque pour autant mais il laisse un peu perplexe. En introduction Salowe Vision frise l’horreur post hardcore/happy doom*** et, en compagnie du final et tout aussi instrumental The Crackled Book Of Life, est le titre vraiment dispensable du disque. Les furieux Fiery Serpents et Scorpions And Drought rivalisent question chaos et changements de plans toutes les deux mesures et demi avec en prime des parties de blasts qui frisent l’apocalypse. Sand est un titre lent et très dense mais malheureusement bien trop court puis vient Abrasive Swirling Murk, le grand frère de Fiery Serpents et Scorpions And Drought mais doté d’un surcroît de pestilence et de noirceur qui font enfin vraiment plaisir à entendre – cette partie finale sadiquement reptilienne et lente est un pur joyaux.
Drought est donc surtout un disque bancal et désordonné comprenant d’excellentes choses en son sein. Il donne l’impression que Deatspell Omega en a désormais fini avec un certain stade de son évolution mais que le groupe n’ose pas encore mettre un pied dans le suivant. Pour certains, Paracletus, trop policé, marquait déjà une fin… fin qui a visiblement tendance à s’éterniser. On attend donc la suite avec une certaine impatience, tout simplement parce que l’on n’aime pas rester dans le doute.

[Drought est publié en vinyle 12’ et en CD par Norma Evangelium Diaboli, label sur lequel on retrouve tous les disques de Deathspell Omega depuis Si Monumentum Requires, Circumspice]

* le mystère c’est bien mais fort heureusement Deathspell Omega a réalisé d’incontournables rééditions : les excellentes compilations de splits et raretés Manifestations 2000 - 2001 et Manifestations 2002 ainsi que les deux premiers albums, Infernal Battles (2000) et Inquisitors of Satan (2002) – le tout est dispo chez End All Life Productions, label du guitariste de Deathspell Omega qui s’occupe également en grande partie de Norma Evangelium Diaboli
** les esprits amateurs de raccourcis ont même évoqué un « Converge jouant du black metal » mais il y a réellement du vrai dans ce descriptif concentrationnaire
*** oui, oui : « happy doom », ça vient juste de sortir

jeudi 23 août 2012

The Locust / Molecular Genetics From The Gold Standard Labs




Il n’y a rien de plus pratique que les disques accompagnés d’un mode d’emploi simple et efficace : celui de Molecular Genetics From The Gold Standard Labs est contenu dans le titre même du disque et si on a encore quelques doutes sur la teneur exacte de cette compilation de THE LOCUST un joli autocollant tout rouge et tout rond rajoute « 44 tracks of hard-to-find and out-of print material, remixed and remastered for your listening pleasure ». Dois-je vraiment traduire ? Bon, OK, je traduis.
Molecular Genetics From The Gold Standard Labs compile tous les enregistrements ou presque de The Locust pour le label Gold Standard Laboratories (label monté par Sonny Kay de The VSS et Year Future en compagnie de Omar Rodriguez-Lopez de At The Drive-In et The Mars Volta avant qu’il ne quitte le navire). Quand on dit presque c’est tout simplement qu’il manque le maxi Well I'll Be A Monkey's Uncle avec ses six remix breakcore/casse-bonbons du morceau titre, un « oubli » que l’on ne regrette bien évidemment absolument pas.
Molecular Genetics From The Gold Standard Labs est donc l’occasion de se replonger dans tous les premiers enregistrements du groupe de la bande à Justin Pearson et Gabe Serbian, de 1997 à 2002. Il ne manque encore une fois à l’appel que deux disques initialement non publiés par GSL : le tout premier, un 10' split en compagnie de Man Is The Bastard chez King Of The Monsters en 1995 (ce label existe toujours) ainsi qu’un autre split avec Jenny Piccolo et publié l’année d’après en 1996 sur Three One G, le propre label de Justin Pearson – les esprits pointilleux feront remarquer que les titres de The Locust apparaissant sur ce deuxième split ont été réédités en 2004 sur un joli petit CD de forme carrée de chez carrée – si, c’est possible – et toujours chez Three One G.
Pour le reste c’est du super connu et même parfois du déjà réédité dans le passé : le premier 7’ de 9 titres de 1997 (ressorti en 2004 avec deux titres en plus), le mini album sans titre de 1999 (y compris les quatre titres bonus de la version CD), les cinq titres du split avec Arab On Radar en 2000, le 7’ Fight Of The Wounded Locust en 2001 (dont la version CD comprenait les titres du split avec Arab On Radar ci-devant mentionné), les cinq titres du split avec Melt Banana en 2002, la reprise du Flash Theme de Queen pour la compilation Dynamite With A Laser Beam et je crois que j’ai fait le tour de la question.
En fait, non. Il faut tout de même préciser que Molecular Genetics From The Gold Standard Labs représente la période la plus folle, instable et surtout la plus drôle de The Locust. La quasi-intégralité des titres dépassent à peine la minute, les sons de synthétiseurs sont particulièrement débiles, le chant est horripilant, les plans s’enchainent sans discontinuer, la double pédale règne en maître et The Locust inventait alors ce que certains ont cru bon plus tard d’appeler le spazzcore – OK, mais seulement si tu insistes. Les petits gars de The Locust faisaient encore rire à ce moment là, ils ne se prenaient pas trop au sérieux et leur cynisme n’était pas qu’une recette pour faire genre. Et puis ils avaient ces idées et paroles aussi brillantes que décalées à propos de la consommation de masse, de la politique spectacle et de la frénésie inassouvie et sans issue des sociétés occidentales et américaine en particulier.
The Locust n’a plus donné signe de vie depuis 2007 et l’album New Erections (sur Radio Surgery records). Ses membres sont très occupés ailleurs tel Justin Pearson avec son nouveau groupe Retox qui a beaucoup tourné après la publication en 2011 du demi album Ugly Animals. On peut pourtant se demander si la parution de Molecular Genetics From The Gold Standard Labs ne prépare pas en sous-main le retour aux affaires de The Locust (le groupe n’est pas officiellement dissout). On rappellera juste aux mauvaises langues qu’en 2010 Radio Surgery avait publié un excellent 12’ de Peel Sessions* de The Locust enregistrées en 2001 mais qu'alors le groupe n’en avait pas pour autant profité pour se lancer dans une nouvelle tournée d’adieu au monde moderne.

[Molecular Genetics From The Gold Standard Labs est publié en CD digipak et en LP vinyle rouge à 400 exemplaires par Anti-]

* la pochette de ce disque reprend le célèbre visuel des disques estampillés John Peel à ceci près que l’on peut y distinguer en transparence une sauterelle à aile unique

vendredi 10 août 2012

Enculer les mouches [attention : grand jeu gratuit et sans obligation d'achat à l'intérieur]





Voilà, c’est les vacances. Enfin presque. L’équipe rédactionnelle de 666rpm cesse toute activité pendant quelques jours pour se consacrer entièrement à ses loisirs favoris : les réunions stratégiques qui n’en finissent pas, les débats d’idées pour trouver et imposer à la face du monde moderne de nouveaux concepts novateurs et toutes autres sortes de séances de brainstorming. Autant dire que la tâche s’annonce longue et difficile.

Les chroniques de disques en retard attendront. A bientôt.



[la première personne trouvant la solution de ce Sudoku et qui l’enverra à hazam[arobase]orange[point]fr gagnera un exemplaire neuf et encore cellophané du LP Saddle Up de FNU Ronnies (chez Load records) – à bon entendeur… ]

jeudi 9 août 2012

Useless Children / Post Ending // Pre Completion




Originaire de Melbourne/Australie USELESS CHILDREN n’en est pas à son coup d’essai mais le trio le clame haut et fort : « Post Ending // Pre Completion représente notre disque le plus abouti à ce jour » (sic)… après un premier album honorable ainsi qu’une saupoudrée de singles plus brouillons il est vrai que ce deuxième album fait imparablement figure de gros calibre, un résultat plutôt étonnant et inattendu.
Ce qui est tout autant inattendu c’est l’absence totale de couleurs australes/boueuses/swamp/à la Birthday Party dans la musique de Useless Children*. Si on voulait tenter de placer le groupe sur la carte du petit monde de la noise on irait plutôt chercher du côté de Brooklyn. Mais pas vraiment non plus car ces australiens n’ont rien d’arty ou d’apprêté. Ils aiment rajouter de l’épaisseur à leur musique, les couches s’accumulent, oppressantes et impérieuses et le noise rock du trio délaisse tout côté cérébral/synapses en fusion/entomologie du mal pour se concentrer durablement et avec succès sur le côté organique, sale et puant de la chose. Rien n’est tranchant ou chirurgical chez Useless Children qui préfère déchiqueter plutôt qu’inciser, broyer plutôt que découper et écrabouiller plutôt que laminer. Juste une question de vocabulaire ? Non, pas tout à fait parce que la nuance est de taille : Useless Children ne ménage jamais ses forces, un peu comme ses collègues et concitoyens de Scul Hazzards mais dans un registre bien plus torturé et emprunt d’une bonne dose de tribalisme.
Ce tribalisme est surtout le fait de la batterie très en avant (et tenue par une fille), une batterie qui développe des idées simples mais percutantes, à l’encontre totale des mots de finesse et de pitié. On se délecte de ces rythmes qui vous assaillent tout en vous communiquant une irrépressible envie d’exploser sur place pour finir en bouillie humaine. Or cet album a été mixé par le désormais passé de mode et trop souvent délaissé Alex Newport (de feu Fudge Tunnel, remember ?) et ce dernier s’y connait en lourdeurs assassines et en écrabouillures diverses et variées : on soupçonne fortement Alex Newport d’être à l’origine de ce son monumental en ce sens que s’il met la batterie en avant il ne délaisse jamais la guitare, la basse et les quelques samples qui émaillent Post Ending // Pre Completion. Le résultat est imparable et sans appel : cet album est un déluge de bruit aussi massif que visqueux.
Reste à parler du chant chez Useless Children, un chant principalement tenu par la batteuse (mais le guitariste comme le bassiste donnent également de la voix) et noyé sous une tonne d’effets, le rendant tout à la fois incompréhensible** et volcanique, tel un déluge de feu et de boue épaisse. Un argument de poids supplémentaire pour Useless Children et qui ajouté au côté définitivement tourmenté*** de certains plans de guitare font beaucoup pour assoir l’identité personnelle d’un groupe dont il va falloir se souvenir et suivre les prochaines sorties avec la plus grande des attentions.

Post Ending // Pre Completion est publié en LP (avec coupon de téléchargement) par le label américain Iron Lung. Le label vend ce disque à un prix extrêmement raisonnable (11 $) mais une fois de plus les frais de port explosent littéralement (16 $ pour la France)… Sinon une vidéo avec une star de la scène de Chicago a été tournée pour le titre Walk Away.

* pour cela il faut se rabattre sur Playin’ In Time With The Deadbeat, le troisième et tout nouvel album de Slug Guts
** les esthètes pourront toujours lire les paroles imprimées sur l’insert qui accompagne le disque
*** j’allais écrire « post punk » mais à notre époque tout est dans l’après donc on laisse tomber ce descriptif qui ne définit qu’imparfaitement l’option scie circulaire/bétonneuse à grumeaux de la guitare

mercredi 8 août 2012

Old Man Gloom / No




OLD MAN GLOOM est un super groupe. Mais un super groupe dont on n’attendait pas vraiment qu’il remonte à la surface. Side-project de musiciens/vilains barbus dont on est parfois très loin d’apprécier les (ex) projets principaux – Aaron Turner de Isis à la guitare et au chant, Nate Newton de Converge et Doomriders également à la guitare et au chant, Caleb Scofield de Cave-In et Zozobra à la basse ainsi que Santos Montano de Zozobra à la batterie – One Man Gloom était surtout l’exception qui confirme la règle : avec une poignée de disques publiés entre 1999 et 2003 (Meditations In B, Seminar II, Seminar III et Christmas) nos quatre garçons avaient aligné un carré d’as défrichant une sorte de hardcore/metal hybride, « expérimental », torturé à souhait mais jamais pénible ni indigeste. Aujourd’hui on se demande encore comment ils y sont parvenus d’autant plus que les recettes appliquées par Old Man Gloom sont aussi simples que basiques : des titres d’une lourdeur insoutenable et blindés d’une saturation omniprésente et étouffante, du chant constamment hurlé et au milieu de tout ça de drôles de titres ambient pour bien sentir le côté obscur de la force pénétrer dans ton petit corps de vermine humaine.
2012 marque donc le retour aux affaires d’Old Man Gloom avec un nouvel album sobrement intitulé No. Un retour pas aussi catastrophique et inconsistant que certains veulent bien le penser. Ouais, bon, on admet que le Old Man Gloom version année de la fin du monde est nettement moins passionnant que celui du début du millénaire (et de la précédente fin du monde, est ce que tout le monde suit ?) mais Aaron Turner et ses petits copains ne se moquent pas totalement de nous non plus.
En fait, peut-être est-ce tout simplement nous qui avons changé. Lorsqu’un groupe ne donne plus de ses nouvelles – huit ou neuf années dans le cas d’Old Man Gloom – c’est exactement comme si une page s’était tournée. Tout le monde est passé à autre chose. Donc lorsque une vieille gloire tente de refaire parler de lui on en attend beaucoup trop et surtout on s’y prend mal, prenant nos désirs pour la réalité or ce qui compte pourtant c’est bien ce que les musiciens concernés souhaitaient réellement en reformant leur groupe. Sauf que dans le cas de No on peut se demander ce que les quatre musiciens voulaient donc faire et il est évident qu’Old Man Gloom ne va plus de l’avant. On peut même dire que le groupe regarde tellement en arrière qu’il a inclus dans sa musique des éléments symptomatiques tirés de celles des autres groupes de chaque membre d’Old Man Gloom (écoutez un peu Shadowed Hand ou Rats : ces deux titres sont bourrés de plans typiques d’Isis mais No est constellé de plein d’autres exemples). Or on ne veut tout simplement pas écouter un groupe qui se contente désormais de n’être plus que la somme de ses membres – on préférait lorsque Old Man Gloom était une symbiose malsaine et exponentielle de tous les talents individuels contenus dans le groupe. C’est aussi simple que cela.
Ceci posé, No est presque excellent sur sa première moitié, disons jusqu’à The Forking Path inclus, puis l’album s’essouffle inexorablement (en dernière position Shuddering Earth est même particulièrement pénible et il dure un quart d’heure !). C’est un peu triste. Et on passera sur Crescent, une ballade/folk song pour post hardcoreux romantiques incroyablement nulle et terriblement affligeante (il n’y a pas d’autres mots). Pour le reste No est un disque inutile bien que traversé d’éclairs maléfiques, un album qui donne surtout envie d’écouter tous ses illustres prédécesseurs, sans exception.

[No est publié en double LP et en CD par Hydra Head – la version vinyle est épuisée depuis longtemps]

mardi 7 août 2012

Neptune - msg rcvd




Pour une surprise ce fut une réelle surprise : NEPTUNE a publié ce msg rcvd dans la foulée du très décevant Silent Partner. Deux albums – ou mini album – en à peine trois ou quatre mois de temps, le pari était risqué. Ce qui par contre n’étonnera personne c’est que les bostoniens en ont bien sûr profité pour muter une nouvelle fois. Le line-up de Neptune a ainsi à nouveau changé avec le départ de Farhad Ebrahimi (qui n’est donc pas resté bien longtemps dans le groupe). Restent donc pour msg rcvd le pilier Mark William Pearson, le fidèle Jason Sidney Sanford et le novice Kevin Amil Micka c'est-à-dire Neptune tel qu’on a pu voir et réellement apprécier le groupe lors de sa tournée européenne au printemps 2012.
Un concert qui a posteriori et malheureusement n’a modifié en rien l’avis très mitigé que l’on avait porté sur Silent Partner. C’est donc sciemment que l’on a attendu pour parler un peu plus profondément de son successeur msg rcvd, que l’on a pris notre temps pour le réécouter et pour le goûter avec tout le soin qu’il convient. Là aussi la mutation est palpable bien que toute en finesse. Les bidouilles en morse ont quasiment été éffaceés de la musique de Neptune mais pas ce minimalisme percussif et introspectif qui planait sans discernement sur Silent Partner. Côté vigueur et transpiration rpr propose le côté résolument noisy, dissonant et haletant qui a fait les beaux jours de Neptune sur les premiers enregistrements du groupe. Or si le trio démontre avec rpr qu’il peut toujours s’intéresser au bruit et à la fureur d’antan, le restant de msg rcvd indique par contre que Neptune est bel et bien engagé dans la voie d’une musique expérimentale toute en clair-obscur et en contre-champs, loin de toutes évidences de front.
Bien que déséquilibré – en fait on a parfois du mal à trouver une certaine homogénéité au disque –, msg rcvd est un bon disque car il distille bien plus de passion et de tension que son amorphe et très clinique prédécesseur. Le temps des guitares toutes dehors et des percussions tribales semble bien révolu pour Neptune mais ce que le groupe propose à la place, c'est-à-dire une musique jouant sur l’insidieux et le louvoyant sans pour autant se perdre en chemin, devient passionnant. Les sons bidouillés ont gagné en chair, les passages répétitifs à la guitare se fondent parfaitement dans les paysages électroniques de Neptune, le chant réussit à être à la fois concerné et lointain (le chant n’a pourtant jamais été le point fort de Neptune) et les batterie/percussions jouent plus le pointillé que le pilon. Enfin, mention spéciale à Dark Report, longue litanie de plus de dix minutes et l’occasion pour Neptune de se rendre aussi envoutant que déstabilisant.

[msg rcvd est publié en vinyle et en CD par Northern Spy records]

lundi 6 août 2012

White Suns / Sinews




Avec Waking In The Reservoir,  un premier et excellent album paru sur ugEXPLODE en 2011, les WHITE SUNS de Brooklyn avaient fait une très grosse impression. Impression directement et inévitablement balayée par ce deuxième album, Sinews, encore plus implacable, perturbant et cauchemardesque. Paradoxalement Sinews est peut-être moins excessif et moins fou-foutraque que Waking In The Reservoir mais il n’en est pas moins violent – je parle de violence ressentie – et ce qui frappe avant tout c’est le côté terriblement froid, méthodique et disons-le calculé de ce nouvel enregistrement.
Mais après tout, on n’en sait rien : peut être que la cohésion destructrice qui parcourt Sinews du début jusqu’à la fin n’est pas si préméditée et planifiée que cela, peut être qu’elle n’est que le fait du hasard et de trois musiciens se trouvant juste pour cette fois au même moment, au même endroit, mus par les mêmes obsessions et surtout déterminés à se les extirper du corps en employant les mêmes moyens – amputation ou lavage de cerveau. Car dans le genre Sinews est un disque aussi complet et cohérent que porteur de mal-être et d’anéantissement. Une parfaite définition « musicale » de la folie claustrophobe. Imaginez-vous enfermés et confinés sans pouvoir bouger ne serait-ce qu’un petit doigt dans un aquarium rempli de n’importe quel liquide plus ou moins trouble ; en plus de ne pas pouvoir vous en échapper vous ne pouvez pas respirer et vous êtes condamnés à regarder au plus près un monde extérieur inaccessible et donc déformé. Sinews impose plus qu’il ne propose et vous ne pouvez pas y échapper.
C’est ce qui fait le plus peur ici, ce sentiment d’impuissance lié à celui que la normalité, celle que l’on se doit d’accepter, est précisément celle du cauchemar auditif, dégueulant de saturation incandescente et de rythmes malfaisants, que nous assènent les White Suns sur les six titres de Sinews. Les êtres difformes et déglingués c’est nous et si nous souffrons c’est parce que nous ne pouvons rien faire d’autre. Le cauchemar tourne au labyrinthe, la douleur à l’enfermement, la violence à la méthode appliquée et Sinews, catalyseur/récepteur de rêves bafoués et de vies laminées, est aussi la seule porte de sortie et la seule échappatoire : une sortie sur nulle-part. Sinews, l’album nihiliste de l’année.

On peut écouter la musique de White Suns – il y a des extraits de tous les enregistrements – en visitant les pages Bandcamp et Soundcloud du groupe. Sinews est publié en vinyle et en CD par Load records.

dimanche 5 août 2012

Sickroom et Africantape s'unissent pour le meilleur




C’est dimanche et on s’emmerde. Alors on écoute attentivement le sampler que Sickroom records et Africantape ont eu la bonne idée de monter en commun pour faire parler d’eux et de leurs prochaines sorties.




On remarquera entre autres un excellent inédit de The Cesarians, un titre du prochain album de Three Second Kiss, un titre de l’album à venir également d’Electric Electric (parution en octobre 2012 avec une tournée dans la foulée) ainsi que d’excellents extraits des albums – déjà parus mais qu’il est toujours bon de (re)découvrir – d’Extra Life, Papier Tigre, Papaye ou Ned.

samedi 4 août 2012

Comme à la télé : Halber Mensch




Merci internet : quelqu’un a eu la très bonne idée d’uploader l’intégralité d’Halber Mensch, un film que le japonais Ishii Gakuryū a réalisé en 1986 autour d’Einstürzende Neubauten. Et surtout un film qui permet de voir de nombreux extraits en concert de la bande à Blixa Bargeld et FM Einheit alors captée à sa meilleure époque. 




Signalons toutefois que ce film a été édité en DVD en 2005 par Potomak (le propre label des Neubauten) avec un plus un CD de la bande-son et des versions assez délirantes et jusque là inédites d’Armenia, Sehnsucht, Abfacklen !, Zerstörte Zelle, Die Zeichnungen Des Patienten O.T. et Der Tod Ist Ein Dandy.

Remarquez bien que sur la jaquette du DVD est écrit « authorized by the band ». En 2005 Cherry Red avait également ressorti Halber Mensch en DVD sous licence Some Bizarre : outre le fait que cette autre édition était de piètre qualité – comme souvent avec Cherry Red – elle avait surtout permis à Stevo Pearce/Some Bizarre de s’en foutre encore plein les poches sur le dos d’Einsturzende Neubauten.