samedi 25 août 2012

Burning Love / Rotten Thing To Say



Rotten Thing To Say, le deuxième album de BURNING LOVE, a tourné sur la platine pendant presque tout l’été. Un bon album mais… mais quoi ? Et bien à chaque fais je n’ai pas pu m’empêcher de penser que son prédécesseur Songs For Burning Lovers (sorti en 2010 chez Deranged Records) était peut être un bien meilleur album. Pourtant les deux disques se ressemblent comme deux gouttes d’eau ou presque. Lassitude ? Non car en réécoutant pour simple vérification Songs For Burning Lovers le verdict tombe, imparable mais pas rédhibitoire : le premier LP de Burning Love est une bombe nerveuse de hardcore mâtiné de rock’n’roll – des solos de guitares en veux-tu en voilà, une note insistante de piano façon I Wanna Be Your Dog sur High Speed Wires ou le chant d’écorché à la bière de Chris Colohan (ex hurleur psychopathe chez Cursed) – alors que Rotten Thing To Say a plus de gras et prend un peu plus son temps. Mais est-il moins bon pour autant ? Pas si sûr…

 

Tout d’abord, Burning Love n’a pas été fondé par Chris Colohan et ses petits camarades de Our Father après le split de Cursed : non, le groupe existait déjà avant et a naturellement pris de l’importance et de l’ampleur alors que les membres de Cursed se séparaient épuisés, ruinés et dégueulant d’amertume après s’être faits dépouiller en Tchéquie lors de ce qui a été l’ultime tournée européenne du groupe. Burning Love n’est pas non plus une copie conforme de Cursed – les organisateurs de concerts font bien sûr le lien entre les deux groupes uniquement pour rameuter un peu de monde, ce qui est une bonne raison, avouons-le.
Pour le reste Burning Love remet au goût du jour le hardcore dans son acceptation la plus rock’n’roll possible. Sans doute parce que le sens du terme hardcore a considérablement évolué depuis trente ans certains refuseront de mettre Burning Love dans cette petite catégorie là – mais quel rapport me direz-vous entre Black Flag, Buzzov’en, Botch, Refused, Cursed et Veuve SS ? Absolument aucun… voilà pourquoi on aime inventer des sous-catégories, pour ne pas mélanger les torchons et les serviettes. Pourtant je reste affirmatif : Burning Love est bien un groupe de hardcore, assez proche du Black Flag période intermédiaire pour être un peu plus précis (c'est-à-dire après les speederies punk mais avant que cela ralentisse vraiment).
Seulement là où Songs For Burning Lovers jouait la carte de l’éjaculation communicative mais appliquée (les titres composés par Burning Love sont toujours bien calibrés, genre trois minutes), Rotten Thing To Say est un album bien plus maitrisé, bien mieux enregistré et dont les compositions sont d’un niveau bien supérieur question mélodie et construction interne. Avec Rotten Thing To Say on pense parfois à Electric Frankenstein (Scott Wilkins de Verbal Abuse a chanté dans ce groupe du New Jersey) pour ce même mélange explosif tiré à la fois du heavy metal et du punk – Damage Case n’est absolument pas une reprise de Motörhead mais par contre son riff d’intro est une variation évidente de celui du Jump In The Fire de Metallica.
Rotten Thing To Say tire finalement son épingle du jeu grâce à ce sursaut qualitatif. Et Burning Love est un groupe qui bourrine mais qui sera sans doute toujours incapable de faire vraiment autre chose. Par contre, puisque la nouvelle bande à Chris Colohan a l’air bien partie pour améliorer une formule qui fonctionnait déjà très bien au départ, on ne va pas bouder un groupe qui après tout ne cherche qu’à exploser les compteurs. Bon et puis un groupe qui a repris le Love's My Only Crime des Laughing Hyenas sur la face B de son single Karla ne peut pas être mauvais. 

[Rotten Thing To Say  est publié en CD et vinyle par Southern Lord]