Aujourd’hui c’est dimanche et pour une fois on va s’autoriser
les facilités de la chronique multiple et lapidaire donc vaguement lâche – ça
laissera encore un peu plus de temps pour faire la grasse matinée et/ou la
sieste. Le point commun entre ces trois disques est qu’ils ont tous été publiés
par Cheap Satanism records, maison
de disques aussi respectable qu’insaisissable et basée du côté de Bruxelles.
Commençons par Bee
And Flower et l’album Suspension.
On avait pu écouter sur un split
avec Keiki (et déjà chez Cheap Satanism records) ces américains emmenés par
une chanteuse au classicisme aussi parfait que velouté. Si vous voulez du torride
et de la braise ce n’est pas du côté de Bee And Flower qu’il faudra aller les
chercher tant le groupe privilégie une variété de classe internationale pour
gens biens et complètement étrangers à toutes formes d’extrémisme musical. Un
disque que je mets uniquement quand ma mère ou ma grande sœur s’incrustent à la
maison : Suspension c’est un peu
le consensus mou et balladurien à la Bad Seeds en version ultra digestive. Parfait
pour la sieste et le thé mais il est fort regrettable que les deux titres
inclus sur le split le soient également ici, notamment Jackson qui pourrait parfaitement servir de bande-son à un film d’auteur
du cinéma indépendant américain. Tout l’album est écoutable sur soundcloud.
Poursuivons avec Joy As A Toy. Là aussi on avait découvert le groupe grâce à un autre split sur le même label (partagé avec les épuisants Germanotta Youth). Joy As A Toy pose toujours un peu le même genre de problèmes : les influences très visibles du groupe sont plutôt appréciées mais leur somme, ce qu’arrive à en faire Joy As A Toy ne convainc guère sur la longueur d’un album. Les meilleurs moments sont inévitablement ceux sur lesquels cela s’énerve un peu et ils sont bien trop rares. Dead As A Dodo se veut librement inspiré par les films de Dario Argento – on se rappelle que Joy As A Toy avait repris Profondo Rosso sur le split déjà mentionné – mais, sans tomber dans l’excès inverse (c'est-à-dire la violence gratuite), on regrette que tout ça manque autant de cruauté et de carnation. Dernier sujet de défiance : le chant qui fait trop penser à la chiffe molle que sont devenus les Blond Redhead depuis qu’ils ont découvert l’existence de Serge Gainsbourg.
Enfin abordons le cas de Keiki. Assez inexplicablement le rock ultra minimal du duo (chant, guitare, boite-à-rythmes et un peu de bidouille, essentiellement du thérémine) possède véritablement une richesse intrinsèque et se révèle parfaitement capable d’occuper tout l’espace. Le principal argument de Keiki c’est cette chanteuse assez formidable et qui a besoin de personne pour émouvoir – surtout pas de Pete Simonelli d’Enablers qui apparait sur Full Body Wolf (un titre déjà présent sur le split avec Bee And Flower, décidemment) ni d’Eugene Robinson d’Oxbow qui se contente d’assurer le service minimum sur The Killing Cure. Popcorn From The Grave tire par contre parfaitement son épingle du jeu lorsque Keiki se contente de son minimalisme de base – un peu comme une sorte de Kas Product en mode indie rock et à guitares (donc).