vendredi 7 septembre 2012

Dead Like Me - Gerda / Me And Gerda Are Both Dead Like You




GERDA + DEAD LIKE ME = Me And Gerda Are Both Dead Like You.

Cela fait un bon petit moment maintenant que GERDA racle au plus profond de la noirceur et du mal-être pour en extraire un précieux hybride de noise et de hardcore sombre et torturé. Mais sans toutefois en retirer la moindre petite miette de reconnaissance, si ce n’est de la part de quelques trop rares initiés et autres monomaniaques. Gerda est pourtant l’un des groupes les plus doués de sa génération mais reste bien trop discret : on était malheureusement sans nouvelles depuis 2009 et le troisième et formidable album du groupe (chez Wallace records). Alors, pensez donc, ce split qui nous offre enfin la possibilité d’écouter du nouveau et du neuf, un peu que l’on s’est jeté dessus. Et même plutôt deux fois qu’une.
Pour son troisième album Gerda avait décidé de ne pas donner de titres à ses compositions mais celle que le groupe propose sur Me And Gerda Are Both Dead Like You est pourtant affublée d’un XXXX que l’on imagine alors par défaut. Qu’importe : ces neuf minutes et quelques de lave en fusion et au débit rampant – cette basse qui terrasse tout sur son passage – mais non dépourvues d’un certain effort mélodique (des mélodies tordues, évidemment) sont ce que le groupe a enregistré de plus terrifiant et de plus fort à ce jour. Ce qui frappe c’est que Gerda est aussi pertinent et efficace lorsqu’il s’agit de tout envoyer valser, ce que le groupe fait avec une précision démoniaque sur tout le début du titre, que lorsque le subterfuge du faux-semblant pointe le bout de son nez. Par « faux-semblant » on pense à ce passage débutant à peu près au bout de trois minutes et demie après une suite d’explosions sans pareilles, un passage qui en fait tient tout du faux-plat semé d’embuches ou de la montée insidieuse et irréversible d’une tension qui ne se démentira donc pas. Gerda nous emmène très loin, bien plus loin que ce l’on accepterait d’ordinaire et cette montée terrifiante de presque six minutes se transforme en un pur moment de jubilation abyssale et primale.
De l’autre côté on découvre DEAD LIKE ME qui œuvre dans un registre nettement moins original mais – et c’est très important – Dead Like Me ne passe absolument pas inaperçu après la tornade Gerda. C’est déjà beaucoup mais on se plait également à trépigner d’un plaisir intense sur les trois titres* très chaotiques de ce groupe de Pau (me semble-t-il). Les descendants de Botch ou Deadguy sont légions mais bien peu arrivent pourtant à convaincre, peut-être tout simplement parce qu’on est quand même en 2012. Or Dead Like Me fait partie de ceux qui justement tirent leur épingle du jeu dangereux de la redite en apposant le sacro-saint double label qualité/savoir-faire/tradition et conviction/sincérité à des compositions toujours sans pitié et qui envoient sévère. J’admets que c’est mon côté réactionnaire et conservateur qui parle ainsi mais j’assume.

Me And Gerda Are Both Dead Like You est en outre un objet absolument superbe. Cet artwork avec la gueule irremplaçable de ce cher Buster Keaton est tout simplement une idée de génie. Le disque a été pressé à 500 exemplaires par un nombre déraisonnable de labels chez qui il est toujours disponible à ce jour : Celestine records, Left Hand records, Not A Pub, Prototype records, Shove records**, Swarm Of Nails records et Wallace records.

* avec des textes en français que même un traducteur auprès des Nations Unis ne pourrait pas comprendre
** label dont je n’ai pas retrouvé le contact, désolé…