mardi 18 septembre 2012

Zebras / self titled




ZEBRAS est un drôle de groupe qui débarque de nulle part – d’un coin paumé du Milwaukee pour être vaguement plus précis – et qui a publié en juillet 2012 son tout premier album, enregistré avec les moyens du bord* et publié en complète autoproduction sous tous les formats physiques existants encore dans notre joli monde en déroute** : une version vinyle (la version en couleur est sold-out depuis belle lurette), une version CD numérotée à la main et une version cassette tiers-mondiste.
Mais le plus beau c’est que Zebras est un groupe inclassable. Ces jeunes gens prennent un malin plaisir à l’affirmer par eux-mêmes mais ils ont en fait complètement raison : ils aiment beaucoup trop de musiques différentes, ils ont mis beaucoup trop de choses variées dans leur disque et ils ont si bien su digérer tout ça que l’on serait bien en peine de caser Zebras dans une petite catégorie trop spécifique et donc normative. Bien que parfois difficile sinon exigeante, la musique du groupe est donc extrêmement rafraichissante car complètement inattendue et elle assouvit un besoin bien légitime d’écouter quelque chose d’autre et surtout d’un peu différent tout en se servant de codes préexistants.
En insistant un peu on pourra penser à propos de Zebras à un Steel Pole Bath Tube sous speed, à un Racebannon en moins métallique ou encore à un jeune Barkmarket dopé aux radiations intergalactiques*** mais on laissera à chacun le plaisir de comparer ou pas cet excellent groupe à quelques grands anciens ou simples prédécesseurs. Personnellement, plus j’écoute ce disque et plus je bloque sur le chant. Un chant insistant, outré voire se vautrant dans l’exagération et qui là aussi me rappelle plein de bonnes choses tout en s’en éloignant constamment.
Et plus ça va plus Zebras me fait penser à un groupe qui aurait totalement sa place sur un label aussi tordu et défenseur des différences qu’Alternative Tentacles... originalité du propos, line-up inhabituel (chant/logorrhée mongoloïde, bidouille électronique sidérale, guitare cosmique et acide, batterie martiale et stakhanoviste et basse vrombissante – basse uniquement présente sur la seconde face), compositions entre fureur électrique et déraison progressive et, au final, un disque qui s’impose tout simplement pour ce qu’il est : un moment de bravoure déraisonnée, une déflagration incontrôlable mais salvatrice et un grand trou noir vers la quatrième dimension. Psycho.

Ce disque sans titre**** est disponible uniquement auprès de Zebras via l’inévitable page bandcamp du groupe.

* l’insert donne la liste de toutes les personnes qui ont précommandé ce disque avant même son enregistrement
** l’insert précise qu’il s’agit de papier et cartonnage recyclé
*** les paroles n’ont pas l’air spécialement gai mais on note une référence explicite à Sun Ra sur Diablo Blanco
**** un disque peut-être sans titre mais les ronds centraux de chacune de ses faces en affiche pourtant un – face A : Impending Doom ; face B : The Fate Of A World Plagued By Soulless Shits