vendredi 28 septembre 2012

Tonnerre Mécanique / self titled




Quand j’étais gamin voire un peu plus je suis allé voir Tonnerre de Feu au cinéma, un film particulièrement mauvais mais grand public jouant sur la paranoïa américaine au sujet du terrorisme international et du communisme rampant (on était alors en plein dans l’aire Ronald Reagan et l’année précédant les jeux olympiques de Los Angeles : 1983) tout en profitant de l’engouement supposé du public pour les technologies guerrières (le Tonnerre De Feu en question était un hélicoptère truffé de gadgets électroniques à la Pacman et d’armes de précision pour éliminer tous les vilains méchants tordus du monde). Tonnerre De Feu est en quelque sorte l’ancêtre de Supercopter.
Puis il y a eu Tonnerre Mécanique, une série tv du nom d’une moto suréquipée elle-aussi et servant à lutter efficacement contre le crime organisé ce qui, par rapport à un hélicoptère high-tech, constituait un recul technologique considérable mais légitime en période de crise économique et de restrictions budgétaires (et qui aujourd’hui permet un glissement sémantique assez lamentable de cette chronique de disque vers le sujet qui nous occupe réellement). Les fans de séries tv se rappellent en tous les cas que Tonnerre Mécanique était d’un niveau à rendre jaloux les producteurs de K2000  mais malheureusement mes parents, encore légèrement trotskistes sur les bords, avaient évité de réitérer l’erreur de Tonnerre De Feu et m’avaient donc formellement interdit de regarder ce programme à la gloire de l’ordre capitaliste établi.
Aujourd’hui je peux enfin évacuer toute cette frustration préadolescente et idéologique et prendre une belle revanche sur la vie avec ce 12’ sans titre de TONNERRE MECANIQUE, un groupe de Marseille qui s’auto-définit lui-même comme un trio noise rock. Si on ajoute à cela que Tonnerre Mécanique est un groupe purement instrumental je crois que tout est dit. Pas la peine de leur coller des étiquettes supplémentaires ou de leur lécher les dessous de bras pour en tirer des conclusions fumeuses et des définitions/classifications définitives : Tonnerre Mécanique c’est effectivement du rock, c’est précisément de la noise et le groupe semble bien n’avoir que faire de tout le reste.
L’énergie et la spontanéité développée ici sont tellement folles que l’on pardonnera presque au groupe ne n’avoir pas pu (ou pas su) inclure un peu de chant ou à défaut un peu de voix/braillements/etc. dans ce joyeux bordel anti arithmétique et éjaculatoire. De la sincérité et de l’aisance poilue c’est tout ce que propose en fait Tonnerre Mécanique mais c’est largement suffisant à mon bonheur de vieux qui se croit toujours jeune – mais ça devrait également convenir aux petits jeunes prétentieux qui persistent à penser qu’écouter du noise rock en 2012 cela fait plus vieux que leur âge – d’autant plus que la guitare dissone et se tord comme je l’aime tandis que la rythmique serpente autant qu’elle martèle. Les petits plaisirs simples font les bonheurs durables.

Ce premier jet de Tonnerre Mécanique a été pressé uniquement en vinyle et à 200 exemplaires numérotés par deux labels : le marseillais Katatak et le stéphanois  Boom Boom Rikordz – comme j’ai le #000, sans aucune doute ultra collector, j’en déduis qu’il y en a un peu plus que ça. La pochette est une sérigraphie du Dernier Cri.


Tonnerre Mécanique sera également au programme du prochain festival Riddim Collision dans le cadre de la soirée Barbars le 8 novembre prochain : le groupe jouera au Trokson en compagnie de Joy As A Toy et de Jack and the Bearded Fishermen.