Avec un tel nom de groupe – Father Murphy – et avec un
chanteur/guitariste qui se fait quand même appeler Reverend Freddie Murphy plus
un batteur qui a lui choisi l’appellation de Vicar Vittorio De Marin, on est tentés de freiner à pieds joints et de reculer toujours plus devant l’écoute de ce Anyway Your Children Will Deny It. On
nous précise également que les italiens de Father Murphy ont développé un
rapport assez singulier avec la religion et dieu et que les habituelles thématiques
abordées (en très très gros : la vie, la mort, l’amour et tout ce genre de
trucs) le sont de manière singulière pour ne pas dire « biaisée ». Soit. On en
connait d’autres qui ont régulièrement évoqué les mêmes thèmes et qui ne s’en
portent pas plus mal bien qu’à la longue ils aient fini par tourner au ridicule –
Nick Cave par exemple.
Alors intéressons-nous donc à la musique de Father
Murphy. Protégé de Greg Saunier de Deerhoof qui au passage en a profité pour
mixer Anyway Your Children Will Deny It,
le trio joue une musique qui effectivement tient beaucoup de la liturgie :
vocaux trainants mais illuminés, lyrisme ampoulé, clochettes tibétaines pour
faire joli, orgue majestueux, harmonium austère, samples de cordes
grandiloquentes et une ambiance générale qui ne respire pas vraiment la joie de
vivre. Ça transpire surtout l’arty et la volonté d'insister toujours pour que le doute ne soit pas permis, une insistance qui énerve rapidement.
Globalement
Anyway Your Children Will Deny It est
séduisant mais très inégal. In Praise
Of Our Doubt, absolument parfait pour une fin de soirée consacrée à la
méditation et le très folkeux/niaiseux Don’t
Let Yourself Be Hurt This Time sont du genre insupportable ; le
fracassant titre d’ouverture How We Ended
Up With Feeling Of Guilt ou It Is
Funny, It Is Restfull, Both Came Quickly et ses relents black metal sauvent
la mise d’un album qui s’empêtre dans une religiosité de pacotille. Si c’est
fait exprès, s’il y a du second degré dans Anyway
Your Children Will Deny It et bien c’est presque raté. J’admets que dans ce cas là je n’ai aucun humour ni aucun désir de faire preuve de finesse
d’esprit car dans le doute je préfère dégainer mon 666 magnum pour dézinguer
cette bande de dévots pseudo tourmentés et à la petite semaine. Un bon curé est un curé mort.