Si HAWKS
n’était pas un groupe américain (d’Atlanta) composé de tatoués et de
moustachus mais était un groupe originaire de Charente Maritime ou de Lozère et regroupait
un ramassis de losers ventripotents on en parlerait quand même. Et en bien. Mine
de rien Push Over est déjà le
troisième album de Hawks en moins de quatre années – il y a eu Barnburner en 2009 puis Rub en 2011 – et le moins que l’on puisse dire c’est que les
Hawks dominent très largement et même de très loin la scène noise du moment.
Pourtant chaque album du groupe arrive à être
différent et Push Over n’échappe pas
à la règle, celle d’un groupe officiant dans un registre par définition assez
limité, pensez aux groupes Amrep des années 90 qui vous assommaient avec des
lignes de basse monstrueuses et des riffs qui déchiraient tout, mais –
premièrement – Hawks le fait actuellement mieux que tout le monde et –
deuxièmement – le groupe n’a pas peur de dévier parfois d’une prétendue
orthodoxie. On peut ainsi affirmer que par rapport à Barnburner (le plus noise) et Rub
(le plus gras) Push Over est le
disque le plus « affiné » de Hawks. Celui sur lequel le groupe a de
temps à autre essayé de se détourner des chemins de la frontalité massive et de
l’écrasement direct pour jouer avec une certaine subtilité de la perversion
naturelle de sa musique. Le résultat n’en est que plus époustouflant.
Bien sûr les brûlots sont toujours là et ils sont
légions – Colossus, Blistered, Cottonmouth, Plush, No Exercise et White Crosses, le tout dernier titre de l’album très basiquement
brutal – mais on remarque plusieurs choses : le rythme général de la
musique de Hawks semble encore s’être ralenti, les parties de guitares tentent
beaucoup plus qu’auparavant la carte de la finesse, il y a un peu moins de gras
qui surnage à la surface de ce bouillant chaudron chargé d’incandescence et,
surtout, le chant a définitivement abandonné tout maniérisme défoncé à la Jesus
Lizard/David Yow pour se précipiter tête baissée vers quelque chose de plus
rauque, de plus épais et beaucoup plus rocailleux.
Sur Push
Over c’est donc à nouveau le chant qui montre le chemin, celui d’une
certaine épuration et tout le reste (guitare, basse, batterie et le son de
l’album en général) va dans le sens d’une machine infernale au bord de la
rupture et prête à se déchainer à tout moment. Et c’est extrêmement bien vu car ce
genre de double sens est générateur d’explosivité et de tourment. Choses dont Push Over ne manque définitivement pas
et le meilleur titre de l’album est constitué par les sept minutes et demie de Sunder King : du blues, de la crasse, des
couteaux parfaitement aiguisés, une ligne de basse virevoltante, un orgue
maléfique et un tourbillon noise qui donne le frisson.
Push Over
a été publié aux Etats Unis par l’excellent label Learning Curve records et de ce côté-ci
de l’Atlantique par le non moins excellent Rejuvenation records. Une
tournée européenne est en préparation pour le mois de septembre prochain en
compagnie des Café Flesh avec lesquels les Hawks avaient partagé un excellent double split il y a deux ans : par exemple les deux groupes
joueront à Paris le 1er septembre, le 4 à Montpellier ou le 7 à
Rennes… pour l’instant la date du 2 septembre à Lyon n’est malheureusement
toujours pas confirmée – je sens que je vais faire un malaise