On était un peu passés à côté du cas de Sex Church, sans doute parce que les
précédents disques de ce groupe canadien, bien que remarqués – de
mémoire : deux single et un mini album en 2010 –, n’avaient pas non plus
emballé les foules. Mais comme il est bon parfois de se tromper complètement.
Sex Church a publié fin 2011 Growing Over,
son premier véritable album, un album finalement écouté un peu par hasard et
juste histoire de vérifier que l’on ne ratait pas grand-chose alors qu’au
contraire voilà un disque qui remet les pendules à l’heure et offre à Sex
Church une place de choix sur la cartographie mondiale des groupes de rock
déviant.
A notre décharge signalons tout de même qu’entre
le mini LP Six Songs et Growing Over la musique de Sex Church a
subi un sérieux tour de vis. On apprendrait que le groupe est plutôt originaire
d’Australie et non pas du canada qu’on n’en serait pas autrement surpris. Et celles
et ceux qui regrettent les égarements pour ne pas dire la déliquescence de The
Drone ne pourront être que ravis. Car Sex Church se débat dans ces zones
enfumées et brumeuses que certains aiment à qualifier de swamp rock. Le groupe
doit aussi énormément au Gun Club de Jeffrey Lee Pierce (l’album Miami) et ça, c’est l’assurance d’une
plus-value hautement affective garantie.
Or Sex Church arrive à distancer tout le monde
dans le brouillard en insufflant un fort côté psyché à nombre de ses
compositions. Pas seulement parce qu’il y a un orgue ou des bruitages de l’espace
qui surnagent ça et là, non, mais parce que l’on entend des nappes de
guitares à la limite du cotonneux noisy, des guitares narcoleptiques que cette
fois on imaginerait plus volontiers en provenance de l’Angleterre de la fin des
80’s/début des 90’s. Paralyze ou Growing Over sont de bons exemples de
comment Sex Church arrive à pervertir une simple balade bluesy en marécage
psyché ou en ritournelle goth sudiste.
Il est indéniable que Growing Over est un excellent disque mais surtout voilà un disque
de très grande classe. Parfois Sex Church s’amuse à faire un peu de bruit (Colour Out Of Space et son saxophone
sont-ils un hommage au L.A. Blues des
Stooges ?), parfois aussi le groupe accélère dangereusement le rythme (Treading Water) mais cette musique garde
toujours sa stature irréprochable et majestueuse bien que foncièrement trouble
et troublante – s’il y a de la boue au fond de ce marécage là il recèle
également de multiples trésors cachés.
Growing Over
est publié par Load records, célèbre
label de Providence s’il en est. Pour écouter la musique de Sex Church, autant
se rendre sur la page soundcloud
du groupe.