vendredi 29 juin 2012

Sex Church / Growing Over




On était un peu passés à côté du cas de Sex Church, sans doute parce que les précédents disques de ce groupe canadien, bien que remarqués – de mémoire : deux single et un mini album en 2010 –, n’avaient pas non plus emballé les foules. Mais comme il est bon parfois de se tromper complètement. Sex Church a publié fin 2011 Growing Over, son premier véritable album, un album finalement écouté un peu par hasard et juste histoire de vérifier que l’on ne ratait pas grand-chose alors qu’au contraire voilà un disque qui remet les pendules à l’heure et offre à Sex Church une place de choix sur la cartographie mondiale des groupes de rock déviant.
A notre décharge signalons tout de même qu’entre le mini LP Six Songs et Growing Over la musique de Sex Church a subi un sérieux tour de vis. On apprendrait que le groupe est plutôt originaire d’Australie et non pas du canada qu’on n’en serait pas autrement surpris. Et celles et ceux qui regrettent les égarements pour ne pas dire la déliquescence de The Drone ne pourront être que ravis. Car Sex Church se débat dans ces zones enfumées et brumeuses que certains aiment à qualifier de swamp rock. Le groupe doit aussi énormément au Gun Club de Jeffrey Lee Pierce (l’album Miami) et ça, c’est l’assurance d’une plus-value hautement affective garantie.
Or Sex Church arrive à distancer tout le monde dans le brouillard en insufflant un fort côté psyché à nombre de ses compositions. Pas seulement parce qu’il y a un orgue ou des bruitages de l’espace qui surnagent ça et là, non, mais parce que l’on entend des nappes de guitares à la limite du cotonneux noisy, des guitares narcoleptiques que cette fois on imaginerait plus volontiers en provenance de l’Angleterre de la fin des 80’s/début des 90’s. Paralyze ou Growing Over sont de bons exemples de comment Sex Church arrive à pervertir une simple balade bluesy en marécage psyché ou en ritournelle goth sudiste.
Il est indéniable que Growing Over est un excellent disque mais surtout voilà un disque de très grande classe. Parfois Sex Church s’amuse à faire un peu de bruit (Colour Out Of Space et son saxophone sont-ils un hommage au L.A. Blues des Stooges ?), parfois aussi le groupe accélère dangereusement le rythme (Treading Water) mais cette musique garde toujours sa stature irréprochable et majestueuse bien que foncièrement trouble et troublante – s’il y a de la boue au fond de ce marécage là il recèle également de multiples trésors cachés.

Growing Over est publié par Load records, célèbre label de Providence s’il en est. Pour écouter la musique de Sex Church, autant se rendre sur la page soundcloud du groupe.