MUDHONEY :
vingt cinq années de Touch Me I’m Sick,
de Here Comes Sickness, de Let It Slide ou de Into The Drink ? On sait bien que l’on a tort mais c’est quand
même ce que l’on espère en découvrant Vanishing
Point, au moins le dixième album des vétérans de Seattle. Et on ne peut pas
s’empêcher de penser qu’ici Mudhoney se contente – si on peut dire – de faire
le job. Du rock’n’roll stoogien gavé de fuzz et de solos de guitares déglingués.
Honnête mais gentiment routinier.
Va-t-on trouver quelque chose à y redire ?
Non, oui, enfin, bref…pas tout à fait. Pourtant Vanishing Point pose dès le départ un important problème de
mix : Mark Arm a toujours chanté comme une casserole trouée – patatator
es-tu là ? – mais comme avec le temps il braille de moins en moins fort,
ses déficiences vocales se remarquent de plus en plus. Le mix de Vanishing Point aurait du au contraire
mettre en retrait sa petite voix nasillarde qui bizarrement semble s’étrangler
dans un bain à remous de trémolos malheureux. Ça passe malgré tout très bien
sur Slipping Away, excellente
introduction du disque mais par contre la catastrophe est presque totale avec What To Do With The Neutral, morceau
fatigué et fatiguant sur lequel Mark Arm prend des faux airs de crooner désossé,
tiens on dirait même Iggy Pop dans les années 90, lorsqu’il essayait en vain de
se rappeler qu’il avait joué plus de vingt ans auparavant dans l’un des groupes
les plus géniaux que la Terre ait jamais porté.
Ce qui en définitive différencie un Slipping Away – cette intro
basse/batterie est pas loin d’être parfaite – d’un What To Do With The Neutral ou d’un In This Rubber Tomb c’est que le premier est une excellente
composition alors que le second est à la limite d’être une merde sauce
variétoche et que le troisième évite de trop peu les effets nocifs d’une mollesse
consternante. Et ce qui différencie également Chardonnay c’est son côté über punk et (dé)braillé – au moins pas
de problème avec le chant car de ce côté-là Mark Arm s’en donne à cœur joie. Vanishing Point est donc un album très
inégal, souvent maladroit mais traversé de suffisamment de moments de bravoure –
The Final Course, The Only Son of the Widow from Nain, l’hilarant
Douchebags On Parade – pour qu’on
l’écoute en entier. Et puis il y a quelques entre-deux, tel ce I Like It Small, son piano, ses
handclaps et ses chœurs de pom-pom girls houblonnées au milkshake frelaté.
Ouais, à moi aussi ça me donne envie de me bourrer la gueule.
[Vanishing Point
est publié en vinyle et CD par Sub Pop]