vendredi 7 juin 2013

Mudhoney / Vanishing Point




MUDHONEY : vingt cinq années de Touch Me I’m Sick, de Here Comes Sickness, de Let It Slide ou de Into The Drink ? On sait bien que l’on a tort mais c’est quand même ce que l’on espère en découvrant Vanishing Point, au moins le dixième album des vétérans de Seattle. Et on ne peut pas s’empêcher de penser qu’ici Mudhoney se contente – si on peut dire – de faire le job. Du rock’n’roll stoogien gavé de fuzz et de solos de guitares déglingués. Honnête mais gentiment routinier.
Va-t-on trouver quelque chose à y redire ? Non, oui, enfin, bref…pas tout à fait. Pourtant Vanishing Point pose dès le départ un important problème de mix : Mark Arm a toujours chanté comme une casserole trouée – patatator es-tu là ? – mais comme avec le temps il braille de moins en moins fort, ses déficiences vocales se remarquent de plus en plus. Le mix de Vanishing Point aurait du au contraire mettre en retrait sa petite voix nasillarde qui bizarrement semble s’étrangler dans un bain à remous de trémolos malheureux. Ça passe malgré tout très bien sur Slipping Away, excellente introduction du disque mais par contre la catastrophe est presque totale avec What To Do With The Neutral, morceau fatigué et fatiguant sur lequel Mark Arm prend des faux airs de crooner désossé, tiens on dirait même Iggy Pop dans les années 90, lorsqu’il essayait en vain de se rappeler qu’il avait joué plus de vingt ans auparavant dans l’un des groupes les plus géniaux que la Terre ait jamais porté.
Ce qui en définitive différencie un Slipping Away – cette intro basse/batterie est pas loin d’être parfaite – d’un What To Do With The Neutral ou d’un In This Rubber Tomb c’est que le premier est une excellente composition alors que le second est à la limite d’être une merde sauce variétoche et que le troisième évite de trop peu les effets nocifs d’une mollesse consternante. Et ce qui différencie également Chardonnay c’est son côté über punk et (dé)braillé – au moins pas de problème avec le chant car de ce côté-là Mark Arm s’en donne à cœur joie. Vanishing Point est donc un album très inégal, souvent maladroit mais traversé de suffisamment de moments de bravoure – The Final Course, The Only Son of the Widow from Nain, l’hilarant Douchebags On Parade – pour qu’on l’écoute en entier. Et puis il y a quelques entre-deux, tel ce I Like It Small, son piano, ses handclaps et ses chœurs de pom-pom girls houblonnées au milkshake frelaté. Ouais, à moi aussi ça me donne envie de me bourrer la gueule.

[Vanishing Point est publié en vinyle et CD par Sub Pop]